Le 13/12/2016
Environnement Magazine.fr
Le comité parlementaire du suivi du risque Ambroisie et autres espèces invasives alerte une nouvelle fois sur les enjeux sanitaires et économiques d'une invasion que le cadre législatif et réglementaire n'a pas permis de juguler.
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Le constat est unanime. Les invasions biologiques coûtent cher et leur coût va continuer à croître au rythme croissant des invasions qui suit celui de la hausse du commerce international. « Les coûts sont multiples. Ils sont écologiques car les espèces invasives représentent la 2e cause de perte de biodiversité dans le monde après la destruction des habitats. Ils sont économiques car ces espèces sont à l'origine de pertes de rendement agricole et ils sont sanitaires car ces espèces provoquent de fortes allergies et véhiculent des maladies graves par des moustiques notamment », explique Franck Courchamp, directeur du recherche au CNRS. Ces coûts restent très difficiles à évaluer. Une enquête récente a chiffré le coût économique lié aux seuls insectes à 70 milliards d'euros par an dans le monde au bas mot. L'Union européenne de son côté avait chiffré le coût des espèces invasives à 12 milliards d'euros par an. En France, une enquête du ministère de l'Environnement publiée en septembre 2015 estime que plus de 600 espèces sont présentes en France mais que 11 % d'entre elles concentrent près de 60 % des dépenses avec en tête pour les espèces animales, le moustique tigre et pour les végétales, la renouée du Japon.
L'exemple de l'ambroisieLa lutte contre l'ambroisie est assez représentative des moyens mis en œuvre et de leur efficacité toute relative. « La vallée du Rhône, l'Auvergne, le Nivernais, la Dordogne et la Charente sont infestés. Aujourd'hui, on peut dire que 13 à 21 % de la population exposée de la région Auvergne-Rhône-Alpes est allergique », constate Gilles Olivier du réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). L'ambroisie est sous surveillance et sa cartographie est publiée tous les deux ans. Une plateforme de signalement autrefois limité à la région Rhône-Alpes couvre maintenant l'ensemble du territoire et dispose d'une appli très facile d'utilisation. « La loi Santé prévoit un décret qui va imposer des arrêtes préfectoraux quand l'ambroisie est présente avec l'obligation pour les propriétaires de procéder à l'arrachement », présente Caroline Paul de la direction générale de la Santé. C'est simplement une extension nationale du dispositif en vigueur en région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais son bilan est très critiqué par les acteurs de terrain. « Les arrêtés préfectoraux ne sont pas appliqués. Et les référents locaux qui servent d'intermédiaires entre la collectivité et les particuliers ne sont pas actifs dans 80 % des cas », s'exclame Philippe de Goustine de l'association Stop ambroisie. Et son exaspération rejoint celle de Pierre Diamantidis, élu du Grand Lyon. « Il faut étendre les pouvoirs de police des maires en leur donnant le droit d'intervenir sur les terrains privés pour se substituer aux propriétaires qui ne font rien », réclame-t-il. Et de conclure brutalement : « la preuve de l'inefficacité des mesures en place c'est que la Région a toujours plus de surfaces infestées et la population allergique a doublé en douze ans ».DB