Vous l'avez certainement remarqué, dans le village ou dans votre jardin, les marronniers se sont crus en automne alors que nous étions encore en été !
Ces dégâts sont dus à une mineuse : Cameraria ohridella. C'est un petit papillon brun ocre, de 3 à 5 mm de long, dont les ailes antérieures, brunes, ont des stries argentées, et les ailes postérieures, étroites, sombres, sont longuement frangées. Les antennes sont rayées et environ aussi longues que les ailes. Ses chenilles dévorent l'intérieur des feuilles pendant l'été, qui brunissent et se recroquevillent. Ce minuscule papillon a été découvert en 1984 au bord du lac d'Ohrid (d'où il tire son nom spécifique), à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Décrit comme espèce nouvelle en 1986, il s'est rapidement répandu dans toute l'Europe, principalement grâce à une colonisation anthropique. En effet, l'homme reste le moyen préféré pour C. Ohriddella pour se propager. En 20 ans, le ravageur s'est installé sur tout le continent, de l'Angleterre à la Russie.
La mineuse du marronnier a progressé rapidement depuis son signalement dans l'Est de la France. Elle a été observée à Paris et en Île de France en 2001. En 2005, 80 % du territoire français est touché. Seuls les départements du Finistère et du Sud-Ouest sont épargnés. D'après les chercheurs du projet Européen CONTROCAM qui étudient les effets des attaques de la mineuse sur les marronniers d'Inde, il est très fortement recommandé d'éliminer totalement en hiver, par incinération et compostage, les feuilles mortes qui abritent les chrysalides afin de limiter les dégâts l'année suivante. En effet, l'influence sur la croissance des populations de la présence des feuilles au sol durant la période hivernale a été confirmée. Si une lutte complète n'est pas possible, la pression d'infestation sur les arbres se trouve nettement réduite. De plus, des oiseaux se sont rapidement adaptés et se nourrissent des chenilles présentes sur les feuilles du marronnier, limitant ainsi la prolifération. Les mêmes recherches sur la physiologie du marronnier ont montré que les arbres fortement attaqués produisent des graines et des fruits plus petits, ce qui peut affecter la croissance et la survie des jeunes plants, mais les réserves en eau et la photosynthèse sont suffisantes pour ne pas réduire la croissance des arbres adultes.
Vous pouvez être un précieux relais de cette information auprès de vos voisins et de vos proches.
Pour en savoir plus : l'INRA, Institut Fédéral de Recherche sur la Forêt, la Neige et le Paysage (Suisse), l'école d'ingénieurs HES de Lullier (toujours en Suisse), l'ASSA (Association Suisse de Soin des Arbres).
D. R.
Publié dans Le Giron n° 15 (Janvier 2009)