Léa, tu nous a quittés ce 20 janvier 2012, ta petite silhouette sous ton foulard, portant le tablier sur la robe, regardant derrière la porte à grille...
Femme active, ayant traversé les années en courbant souvent le dos avec courage...
Fille d'un ouvrier agricole, Léa est née le 2 février 1915 à Viviers, elle s'installera avec toute sa famille en 1922 à la ferme Brunel Viel à Puygiron, troisième d'une fratrie de six enfants, Charles, Émile, Abel, André et Fernande.
Scolarisée jusqu'à l'âge de douze ans elle intègre la fabrique de lacets à la Bâtie Rolland, traversant le Jabron derrière la maison familiale à pied par la petite passerelle, de retour à la ferme les travaux quotidiens l'attendaient, son aide était précieuse pour ses parents, garde du troupeau de brebis et surveillance de sa petite sœur.
Les travaux des champs suivent les saisons, moissonneuse-batteuse en pleine action, parfois sous une chaleur accablante, labour à l'automne, soc de charrue fendant la terre, tirée par des bœufs puissants, ou chevaux de trait puis plus tard ce fut le tracteur.
Les moutons étaient gardés par la chienne qui s'appelait toujours « bergère » même si ce n'était pas le même animal. Le repas des cochons auxquels on jetait des betteraves, il était aussi interdit de laisser égarer les chèvres dans la « luzerne ». La chasse pour les hommes, les champignons (petits gris), étaient nombreux dans les bois de pins derrière la maison, le Jabron où l'on pêchait les anguilles. Le pain était fabriqué dans le pétrin situé à côté de l'entrée de la ferme. Elle adorait voir son père faire cuire les tartes et autres préparations maison au moment des fêtes de Noël.
Elle fera la connaissance de son mari Marius Guérin installé dans la ferme voisine en 1927 et de leur union célébrée le 8 décembre 1934 à Puygiron naîtra une fille Josette.
Une vie de labeur à la ferme St Bonnet, travail difficile dans un confort parfois spartiate, travail des champs, courber le dos pour des récoltes pas toujours abondantes ; l'élevage des animaux, chèvres, vaches, cochons, grandes basse-cour où se côtoyaient poules, lapins (mères reproductrices enlevés par un coquetier), chevreaux élevés sous la mère et fabrication du picodon ; comme le disait notre regretté Frédéric Bintein ; tout le village connaissait la mère Léa pour ses fromages de chèvre. Veuve en 1987, la vie a repris son court et les travaux qu'elle affectionnait continuèrent malgré la perte de son mari. Le travail a l'extérieur qu'elle adorait continua, travail dans son jardin, ou se mêlaient fruits et légumes, les petits enfants et arrières se souviendront de ses confitures, de la recette unique de la pâte de coing, de sa cuisine simple mais raffinée, civets de lièvre et lapins de garenne, les délicieux gratins de pommes de terre cuits dans le four du fourneau, ses brassadeaux de Pâques, les rochers aux amandes, le gâteau de semoule. L'hiver était consacré aux travaux d'aiguille à côté du fourneau, chaussettes, gants pour toute la famille.
Avec l'arrivée de la radio et la télévision les journées ont trouvé un autre rythme, travail et regard sur l'information, la passion des voyages tout en restant devant les documentaires télévisés, la culture à travers les jeux (questions pour un champion) et puis les petits-enfants et arrière-petits-enfants venant lui rendre visite ou allant chez eux pour changer le quotidien.
Toujours partante pour des sorties en famille, baptême, anniversaire, elle se plaisait à dire qu'il fallait profiter des bons moments de la vie. Elle allait fêter son 97ème anniversaire, elle laisse un bel héritage à sa fille, ses trois petites filles et sept arrière-petits-enfants, des beaux souvenirs, maman... mémé... adésias.
Ghislaine Teyssier