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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 16:13
                                                                                                                                                   Photo C.P.

             Nous avons tous été peinés par la disparition de Michel Locatelli, maire de Puygiron, qui était avant tout pour nous un enfant de Puygiron, avec une grande famille que sa disparition met dans l'affliction. Toute l'équipe du Giron compatit à leur chagrin. Il faut toujours essayer d'analyser avec lucidité et sang-froid l'attitude et les actes de ceux qui nous entourent, les proches et les moins proches même si, dans de telles circonstances l'affectif prend le pas sur le rationnel. Cette mort prématurée a entraîné des élections imprévisibles, mais qui ne pouvaient qu'être prises en compte par ceux qui depuis quelques années déjà essaient d'entrer en dialogue avec l'équipe municipale, d'apporter des points de vue différents, d'alimenter la réflexion.

       Les trois candidats qui se sont présentés sont soit des gens engagés dans leurs professions qui les amènent à régler des problèmes humains et techniques, soit mère au foyer avec les responsabilités attachées à ce rôle, mais pas seulement car très concernée par tout ce qui touche à la vie de la commune. Ils sont porteurs d'idées qui sont partagées par l'ensemble de l'équipe du Giron qui souhaite le développement du village, mais dans la concertation. L'urbanisation en fait partie, mais il est essentiel qu'elle soit traitée harmonieusement, dans le respect de l'environnement. On sait aujourd'hui quelles sont les nuisances des villes, circulation, pollution, avec toutes les conséquences sur la santé mentale et physique des habitants. On peut, on doit prendre en compte et la vie d'un village et les restrictions à apporter à une animation incontrôlée. Un café, un petit hôtel, oui bien sûr. Tous en ont envie et pensent que cela peut enrichir la vie du village, mais c'est l'affaire de tous. Un engagement dans une voie ouverte pour des années à venir. Les lotissements intéressent autant les propriétaires de terrains que les candidats à l'achat ou à la location de maisons. Mais là aussi naissent des interrogations légitimes.

       Autrefois chacun vivait isolé sur sa terre, dans sa ferme ou dans la proximité de voisins connus depuis des temps immémoriaux. Se posaient rarement les problèmes liés à un voisinage gênant ou des constructions mal venues. La société a changé rapidement aussi il faut prendre en compte ce changement, non pas le subir mais l'accompagner avec compétence et bonne volonté. Expliquer, débattre, dans la sérénité, c'est notre voeu porté par ces personnes qui ont fait la démarche courageuse de se présenter aux élections. Que les électeurs qui ont compris et les ont suivis dans cette démarche trouvent ici l'expression de nos remerciements. Pourquoi ne pas admettre que c'est bien d'ouvrir, de changer, d'être un peu curieux des autres, de leurs opinions, de ne pas rester « entre soi » frileusement ? Des candidats non pas contre, mais avec. Voilà comment leur action devrait être comprise. Nous ne voulons pas des clivages stériles qui amènent dissensions, haines. Le petit journal continuera à parler de notre monde dont nous ne réussirons jamais à évacuer la violence si, à notre niveau, sur les 668 hectares où nous vivons, nous n'arrivons pas à le faire de manière fraternelle tout en exprimant aussi nos désaccords, nos points de vue pas forcément identiques, sans hostilité dirigée contre quiconque.

                                                                                         N. P.

          Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)


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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 15:41
                                                                                                                           Aquarelle de Claudie Ridet

Depuis le début de l’aventure de notre association Le Giron, nous avons compris, au travers des courriers ou articles reçus, et des discussions engagées çà et là avec les habitants de la commune, que les Puygironnais sont attentifs à leur cadre de vie. Est-ce la beauté naturelle de ce site, choisi par nos ancêtres, souvent menacée par des agressions de la modernité (Top Semences, transformation de carrières en décharge, lotissements, parkings, etc…) qui a développé en chacun de nous une conscience, une sensibilité particulière ?

Quoi qu’il en soit, notre association s’inscrit de plus en plus dans une réflexion qui ne doit pas avoir de limites, aussi bien sur les sujets qu’elle aborde, que sur les personnes qui lui donnent vie… Il n’y a pas obligation d’être membre du Giron pour venir enrichir cette réflexion. Il faut tout simplement avoir le besoin, l’envie de faire partager une opinion sur un sujet qui vous tient à coeur. Il ne s’agit pas d’un parti politique, mais nous demandons à chacun d’apporter ses connaissances, ses expériences de façon à avoir une vue la plus large possible et la plus honnête des sujets traités. Ce journal doit être une tribune ouverte à tous ceux qui demandent la parole, sans oublier les associations qui n’ont pas toujours le support pour s’exprimer. Évidemment, il est aussi un droit de réponse.

Ces dix numéros édités nous ont appris à rester vigilants et nous incitent à plus d’implication dans la vie communale. Nous pensons qu’il est nécessaire que l’équipe municipale en place ait une vraie réflexion sur le devenir global de Puygiron, ce que doit devenir notre village. Devra-t-il évoluer en une commune dortoir de Montélimar et ses lotissements stéréotypés, en un site historique touristique et son commerce artisanal de mauvais goût, ou un lieu industriel d’extraction de matériaux et d’enfouissement de déchets …

Nous sentons bien là, un tournant de la vie et du développement du village, et les avis de tous sont intéressants et constructifs. Il est temps que les élus nous invitent tous à réfléchir à cette évolution inéluctable, et nos associations locales ne sont-elles pas le point d’appui idéal de cette concertation ? La Mairie doit voir en nous, des partenaires et non pas des ennemis, des empêcheurs de tourner en rond.

Les Puygironnais auront alors le sentiment que les choix des élus sont orientés dans l’intérêt public, et que cette transparence démocratique incitera chacun à plus d’implication dans la vie de la cité.

P. R.

                 Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 17:46

                                                                                                                                               Photo C. P.
Petites bougies pour Noël


Que penser de notre monde ? Violences, non respect des droits de l’homme, attitude inqualifiable des pays qui refusent de signer les accords du sommet de Rio et le protocole de Kyoto et s’aveuglent devant la disparition à venir de peuples du Nord, de leur culture, celle des Inuit, par exemple, devant la menace d’extinction d’espèces, celle des ours polaires, la dévastation des forêts et la pollution des mers. Aujourd’hui on sait, on voit. Les images télévisuelles, les journaux informent de l’état de la planète, du comportement cynique des États, et l’on s’habitue à entendre s’égrener les chiffres de dizaines de morts tous les jours en Irak. De quoi désespérer de soi-même et des autres. Pourtant des petites bougies s’allument de temps en temps dans le noir, si petites mais réelles.

A quelques kilomètres de Puygiron, à la Touche, deux hommes viennent de rentrer d’un voyage en Afrique, à Ouagadougou. Ils sont allés passer deux semaines chez une grande dame qui vit au milieu de la population la plus pauvre, dans une bâtisse sommaire, construite sur un terrain vague où elle recueille des enfants des rues, les soigne, les scolarise, les aime surtout. Nos deux voisins sont donc partis là bas pour agrandir la chaîne de solidarité entre la Touche et l’Afrique ! petites « touches » pour fournir un éclairage dans l’école, participer à quelque achat de base pour développer le petit commerce, des réalités simples et essentielles que nous ne pouvons imaginer tellement nous sommes loin de tout ça, tellement gâtés dans notre société de consommation. Ils reviennent transformés, nous ont-ils dit, après cette expérience, prêts à repartir pour soutenir cette femme courageuse. Dans le même groupe d’amis, une jeune femme a fait le voyage pour Bombay afin de prêter main forte pendant quelques mois à une autre femme de la même trempe. Ils racontent… le choc de la rencontre avec l’absolu dénuement, la confiance des enfants, le courage des femmes. Oui, on revient différent d’un tel voyage, ébranlé dans ses certitudes, plus ouvert à l’autre, aux complexités de l’Histoire aussi, celle de l’Europe et de ses anciennes colonies. On peut imaginer, n’en doutons pas, que des centaines de bougies s’allument partout, dans tous les pays de la planète, seulement ces hommes et femmes de bonne volonté, on n’en parle pas ou trop peu. Ils existent bien et ne se considèrent pas comme des héros. Pourtant ce sont eux les Don Quichotte magnifiques qui portent le rêve d’un monde humain à bout de bras, à bout de lance en papier doré et nous laissent espérer des lendemains qui chantent.

                                                                                       N. P.

Publié dans Le Giron n° 8 (janvier 2006)

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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 18:16
                                                                                                                         Photo Patrick Olivon

Notre responsabilité


Quand on fait partie d’une association, et qui plus est, quand on participe à un collectif pour la fabrication d’un petit journal, on sait bien pourquoi on le fait. Simplement parce qu’un individu isolé peut peu, et qu’un groupe a plus de poids pour faire passer des idées. Donc on a des idées à faire passer, pas seulement les siennes, ce qui serait incompatible avec la solidarité que l’on cherche, mais celles qui vous paraissent utiles pour la collectivité. Tout le monde n’a pas le goût de la vie et des actions associatives et pourtant presque tout le monde s’interroge sur les moyens à mettre en oeuvre pour maintenir et développer la beauté, la vie contre la violence, la laideur, la mort. Tout le monde a des idées. Mais beaucoup se taisent. Par timidité, par manque de confiance en soi, par respect humain. Pour ne pas aller à contrario d’une attitude courante où le laisser faire l’emporte sur l’interrogation active de la réalité de la vie quotidienne, on se tait pour ne pas prendre de risque. C’est aussi simple. Ici on parle. Sans hargne, ni procès d’intention. On parle de ce que l’on voit. De ce qui nous semble poser un problème. De ce qui pourrait être amélioré pour que chacun vive mieux. Pour que de la discussion sorte une vérité susceptible de nous faire avancer tous vers ce monde de paix, de beauté et de vie. Quel est l’exemple que nous donne le monde ? Un champ de toutes les batailles.

Nous avons la chance de nous trouver dans un microcosme qui nous semble loin de ces affrontements visibles ou invisibles, or nous rencontrons des enjeux qui, à une petite échelle, rejoignent les enjeux internationaux et planétaires. Une interrogation sur l’environnement, le développement, un dépôt d’ordures, des éoliennes intempestives, les nuisances d’une usine, la circulation à réguler. Il est essentiel de parler, de faire preuve d’esprit critique dans un but constructif ce qui est complètement différent du dénigrement.

Un philosophe contemporain, Miguel Benasayag, chroniqueur sur France Culture jusqu’en janvier 2005, rappelle souvent qu’il n’est plus temps de faire la révolution, mais que, par contre, chacun, là ou il est, aussi modeste que soit son statut, sa position, a le devoir de s’engager avec le monde, pour le monde, pour justement, la paix, la beauté, la vie, un monde humain. S’engager, c'est-à-dire se dire concerné, sortir d’une passivité facile, prendre ses responsabilités en exprimant son point de vue. Ne serait-ce que cela. Dans ce monde humain, la mémoire joue son rôle. Comme vous pouvez le voir nous avons grand souci de l’Histoire et de l’histoire des personnes, des familles, de toutes les familles qui ont fait que Puygiron existe aujourd’hui. Des Puygironnais expatriés aussi, quand ils veulent bien faire signe. C’est un va-et-vient entre le passé et le présent, entre ici et ailleurs que se nourrit notre réflexion commune à partager avec tous nos lecteurs.

                                                                                            N. P.

Publié dans Le Giron n° 8 (juillet 2005)

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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 22:52


                                                                                     Photo P. R.


Construire l’avenir à la lumière du passé

Nous évoquons dans notre petit journal la figure de Paul Dubourg disparu, il y a quelques mois, et la conversation avec sa fille, Marie-France, m’a donné à réfléchir. J’ai envie de vous faire partager cette sorte de méditation provoquée par l’évocation de quelqu’un que l’on aurait appelé autrefois un homme de bien. Méditation venue aussi de la proximité de Noël - dont on oublie l’origine, tant les fêtes se mercantilisent - Noël, anniversaire de la naissance d’un enfant, enfant-dieu pour les chrétiens, venu dire aux hommes que l’amour était plus important que tout. Amour et devoir des enfants vis-à-vis des parents, amour et devoir des parents vis-à-vis des enfants, respect des autres, respect du travail. Sans vouloir noircir la société actuelle, il faut reconnaître que l’actualité nous donne chaque jour des exemples parfois terrifiants d’une perte de ces valeurs-là et du sens de l’altérité. Autrefois, à la campagne, et cet autrefois n’est pas si lointain, on croyait au caractère sacré de la famille, le fils se sentait investi d’une mission de responsabilité vis-à-vis des frères et soeurs, l’élève respectait l’instituteur, le travail bien fait allait de soi, l’effort n’était pas moqué. Ne pratiquons pas l’angélisme, il y a eu partout des « paterfamilias » terrorisant la maisonnée, mais malgré tout, quand on pense à cette génération qui avait un peu plus de vingt ans pendant la dernière guerre et travaillait la terre dans des conditions rudes, vivait sans confort et sans autre perspective d’avenir que continuer la même vie laborieuse que ses pères, on ne peut s’empêcher d’avoir de l’admiration pour ceux, nombreux, qui ont donné aux leurs, à la terre et souvent à leur pays, sans ostentation, le meilleur d’eux-mêmes.

Autres temps, autres mœurs, direz-vous. Aujourd’hui les fêtes de Noël et de Nouvel an ramènent à nos enfants gâtés de quoi se réjouir, nombre de cadeaux utiles ou plaisants. Dans plusieurs collèges de France les professeurs terminent un trimestre où ils ont essayé de limiter chahuts et conduites agressives pour dispenser un enseignement susceptible de construire les personnalités des élèves. Le XXIe siècle ouvre au monde des perspectives de développement immenses, une vie facile pour certains en même temps que des gouffres d’incertitudes, il constitue aussi une réalité faite de violence et de pauvreté pour d’autres. Il peut être utile de ne pas oublier le monde disparu de la campagne, avec ses rudesses et ses manques, réglé par des lois pas toutes frustrantes, souvent structurantes. Il serait intéressant que les Puygironnais qui ont vécu leur petite enfance à l’intérieur des terres, dans les fermes, et gardent le souvenir d’hommes et de femmes qui « maintenaient » la famille, viennent nous en parler, nous écrire ce qu’ils furent pour eux et s’ils font aujourd’hui partie de leurs repères.

                                                                                                       N. P.

Publié dans Le Giron n° 7 (janvier 2005)

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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 18:10
                                                                                                                                                                  Photo N.A.S.A.

       On sait que la belle Europe des légendes, fille d'Agénor roi de Phénicie fut enlevée par Zeus transformé en taureau et emmenée en Crète. L'histoire de notre continent et pas seulement son histoire mythique, se rattache à un premier héritage méditerranéen, hellénique et romain que le christianisme a nourri. L'Europe s'est construite à travers affrontements, guerres, traités, où pays, villes, villages, individus ont été partie prenante. Même si chacun d'entre nous n'est pas toujours conscient du rôle qu'il peut jouer dans des stratégies conduites dans les sphères gouvernementales, nous devons pour notre avenir et celui de nos enfants nous interroger sur une fédéralisation qui met chaque individu à l'intérieur d'une nouvelle géographie physique et mentale. Sans entrer dans toutes les problématiques économiques, juridiques, soulevées par l'élargissement de l'Europe qui accueille dix nouveaux États membres, l'individu moyen s'interroge avec bon sens sur des adhésions posant un problème réel, sur le bien fondé d'alliances apparemment pas si naturelles que cela ! À propos, par exemple, de la Turquie, plus asiatique qu'européenne, avec un gouvernement islamiste, des interrogations légitimes fusent un peu partout. Mais on peut aussi imaginer qu'une Turquie démocratique - la démocratie appliquée, exigée comme condition sine qua non - prônant un islam éclairé, serait une barrière, un bouclier contre les intégrismes de certains pays musulmans. La capitale Istanbul, autrefois Constantinople et plus anciennement Byzance, a toujours été en relation étroite avec les pays du pourtour de la Méditerranée, la Turquie, terre de très vieille civilisation, a fréquenté l'Europe, l'a conquise jusqu'à Vienne, en Autriche, et a laissé des traces de sa culture un peu partout. Au regard de l'histoire la plus ancienne, l'accès pacifique de la Turquie dans la communauté européenne n'a rien de choquant et pourrait jouer en faveur de la paix dans le monde.

       Il n'y a pas de prise de décision concernant le citoyen qui soit mineure. La vie du pays c'est le monde, c'est l'Europe, c'est la France, c'est le village. C'est d'abord dans la vie autour de soi que la solidarité se fonde, dans des petites actions quotidiennes, une attention aux problèmes du voisin, une tolérance à sa différence. Gardons les yeux fixés sur l'avenir de ce petit territoire à gérer ensemble, dont il faut maintenir l'intégrité sans l'enclaver, préserver la spécificité rurale, qu'il faut protéger d'une urbanisation incontrôlée comme des pollutions consécutives à une course à la consommation. Car le développement est, on le sait, une arme à double tranchant. L'avenir harmonieux ne se réalisera que dans une gestion du quotidien, de l'échange amical des points de vue dans une vision généreuse, solidaire des autres, sans égoïsme, un vrai partage des idées. On appartient à ici et à là-bas, car avant que notre Europe n'existe, que les pays n'aient fait leur unité, les hommes se sont déplacés d'Est en Ouest, du Nord au Sud vice-versa, à pied, en chars, à cheval, sur tous les horizons. Que de qualités fallait-il cultiver alors, essentiellement la conscience d'une appartenance à la planète et à la race des hommes, la capacité de dépassement des problèmes personnels d'ego.

       Puisse la belle Europe, fille de l'Asie, souvent violentée, meurtrie et pourtant vivante, symbole de l'histoire des peuples de la Méditerranée, être celle qui dans l'avenir renvoie au monde le visage de la paix.

                                                                                      N. P.

            Publié dans Le Giron n° 6 (juillet 2004)




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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 21:28

                                                                                                                                                                           Photo X

Il a suffit que soit posée l'hypothèse de l'enfouissement des déchets ultimes dans une carrière de Puygiron pour qu'un vent d'inquiétude souffle sur la commune, inquiétude née avant même que toute décision soit prise tant le sujet est sensible. En face de la seule éventualité, une sorte d'instinct de conservation, de bon sens aussi, a poussé les habitants de la commune à rejeter en bloc une proposition qui, si elle était acceptée, aurait rompu l'harmonie de la vie presque idyllique d'un petit monde jusque là protégé des avanies d'une politique mondiale souvent désastreuse pour l'équilibre de la planète et la santé physique et morale des hommes. Nous répétons souvent qu'il faut être attentifs à tout ce qui concerne le développement, l'évolution, la transformation, l'avenir de son village ou de sa ville et qu'il ne faut pas attendre que les dégâts soient patents pour exprimer des regrets et tenter de restaurer ce qui ne peut plus l'être.

On n'entrera pas ici dans le vif du sujet, grand et large sujet concernant l'environnement et l'écologie, qui sera brièvement abordé à l'intérieur de ce bulletin mais disons seulement que cette affaire d'enfouissement des déchets alerte suffisamment pour qu'on essaye d'en savoir plus sur le pourquoi et le comment de ce genre de négociation qui échappe au quidam. Il existe en France une grande mobilisation des habitants contre l'opacité dans l'information divulguée ou plutôt non divulguée par les élus, mobilisation aussi pour enquêter sérieusement sur les risques, les nuisances, les dangers, liés aux centres d'enfouissement. Dans plusieurs dizaines de communes, comme celles de Saint Jean aux Amognes, Bellegarde ou Graulhet - où la bâche de protection (géomembrane) sensée garantir l'étanchéité des déchets a éclaté sous la pression du gaz, des habitants ont fait échec à des projets comme celui qui avait été proposé à la Mairie de Puygiron, s'étonnant la plupart du temps d'avoir été prévenus très tard alors qu'ils étaient riverains de la zone concernée, réclamant transparence et concertation. Transparence et concertation devraient permettre d'éviter des situations d'affrontement déstabilisantes pour les élus comme pour les habitants de la commune. Que les projets importants soient portés très tôt à la connaissance des administrés, que de vraies discussions soient engagées dans un souci de réel bien-être et confort. Tout ne devant pas être mesuré à l'aune du profit, même collectif. Tout au long du récent G8 qui se tenait à Évian, les participants n'ont cessé de mettre en avant la nécessité de "penser autrement" (nous avions utilisé cette formule d'Edgar Morin dans le précédent Giron) et malheureusement les résultats ne sont pas encore probants. Espérons que nos communes, donnant l'exemple, se mettront à penser autrement le développement, avec ceux qui sont les premiers intéressés, les habitants.

                                                                                      N. P.

Publié dans Le Giron n° 5 (octobre 2003)

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 10:33
                                                                                                                                                                     Photo C. P.


Notre village et le monde


 Il y a cent ans l'homme ordinaire ne se sentait pas concerné par la planète, les planètes c'étaient ces mondes inconnus que l'on apercevait parfois de la terre, mais la nôtre de planète restait un univers mental dont on ne se souciait pas en tant que tel. Ce qui importait c'était son pays, sa ville, son village. Le développement des moyens de communications, d'informations, les échanges internationaux commerciaux ou culturels, la pratique politique font que chaque individu est concerné par ce qui se passe sur la planète Terre. Et s'il y a eu une mobilisation de millions de personnes en Europe, en Amérique latine, en Asie pour manifester contre une guerre déclarée à l'Irak c'est bien parce que s'est développée une conscience d'une appartenance à un monde commun dont il faut défendre les valeurs. Sursaut dont on ne peut que se réjouir quand encore tant d'injustices se vivent sous nos yeux. Ne serait-ce que l'existence des sans-abri plus intolérables encore dans les pays riches.

Vient de sortir un petit livre exemplaire publié aux éditions du Félin, La violence du Monde, conférences de Jean Baudrillard, sociologue et philosophe, un de nos plus brillants intellectuels et d'Edgar Morin philosophe et sociologue également, certainement l'un des penseurs humanistes ayant la vision la plus large sur l'homme et son destin. Tous deux s'essayent à "penser la planète". Il s'agit pour eux d'essayer d'acquérir la notion de "citoyenneté commune" qui aidera à faire réagir à tous les problèmes concernant l'homme et la vie de la planète. Car en face du calcul, du profit, de la technique, de la dégradation (y compris celle de la biosphère) il faudrait changer, disent-ils, notre mode de penser. La lecture de ces deux textes alertent et réconfortent car si deux éminents penseurs qui ont également une approche scientifique des problèmes, cherchent des solutions à tout ce qui menace la paix et l'harmonie de l'homme et de sa terre c'est qu'il y a véritablement urgence. Le réconfort vient du sentiment de solidarité que l'on imagine partager avec eux et tous ceux qui dans leur cabinet de travail, dans leur association, dans leur foyer réfléchissent et agissent pour un monde plus juste et une planète respirable. Il n'y a pas d'initiative anodine en matière d'environnement, de développement. Dans un village tout ce qui peut décider du bien-être ou du mal-être est à examiner avec le même soin que les grandes questions impliquant pays et continents car tout est lié. L'esthétique, la salubrité, le dialogue, la paix commencent à notre porte.

                                                                                                                                   N. P.

                Publié dans Le Giron n° 4 (avril 2003)

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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 16:46



Feuille(s) d'automne


       Réjouissons-nous à Puygiron en ces beaux jours d'automne. Le village a échappé aux catastrophes qui ont bouleversé la vie des gens du Sud de la Drôme et des départements proches. Ici, les fortes pluies n'ont pas engendré de catastrophes, elles ont fait reverdir la campagne et les rosiers fleurissent.
    On a vu les aquarellistes américaines qui, chaque année, viennent de Dieulefit dresser leur chevalet et peindre à petites touches les vieux murs et les plantes, la terrasse de la Cigale se remplir dès que le temps est devenu serein et les artisans des villages voisins exposer leurs travaux. Tout le monde a apprécié la grande qualité des expositions et le contact avec les artistes. L'absence de voitures, l'espace rendu aux piétons, la belle lumière, étaient pour beaucoup dans la réussite de ces journées. Le village en était transformé.
     Une artiste du village avait eu déjà la bonne idée d'ouvrir au printemps son atelier au public avec beaucoup de succès, à l'enseigne de L'atelier du peintre. La cour du château garde les échos du quatuor néerlandais qui a enchanté le public venu écouter de la musique baroque. La cour de l'école, elle, résonne des voix gaies d'enfants qui ont fait leur rentrée. L'association des parents d'élèves a beaucoup de projets séduisants pour l'éducation et les loisirs, l'organisation du travail des enfants. On a envie de croire au paradis. Et pourtant comme partout il s'est passé des événements tristes, même s'ils sont inéluctables, en particulier le départ de Joseph Locatelli, l'un des patriarches du village, celui du curé Marcel Montredon qui a baptisé, marié et accompagné à leur dernière demeure de nombreux Puygironnais. On garde aussi le souvenir récent des élections avec le score du Front national comme d'un événement inquiétant mais cela n'est pas inéluctable. Et puis parmi les nouvelles du monde, la violence des guerres ou des troubles, le désengagement des USA à Johannesburg au Sommet mondial sur le développement durable, l'anniversaire du 11 septembre dont les images sont gravées dans les esprits. Heureusement que sur France-info, deux fois par semaine, on retrouve Michel Lis1


                                                                           N. P.

(1)  Michel Lis anime sur France-info les samedis et dimanches matin la chronique "Auprès de mon arbre". La culture des plantes d'agrément, la mise en forme des jardins. Tous les tuyaux pour transformer l'univers bétonné en campagne odorante.

Il est l'auteur avec J.-P. Gadiollet du guide France-info "Arbres, arbustes et arbres fruitiers" édité par Balland/Jacob-Duvernet.


Publié dans le Giron n° 3 (septembre 2002)


                                                                                                                                    Photo C. P.

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 21:39

                                                                                                                   Carte postale prêtée par Jean Bintein

 

Le premier numéro du Giron a suscité de la curiosité, bienveillante ou méfiante car toute innovation provoque. L'ambition de cette petite feuille est simple, créer un espace de réflexion sur la vie du village, ce qu'il s'y passe, et le mouvement des générations qui s'y succèdent. En ce qui concerne ce dernier point on s'aperçoit que les ascendants de beaucoup de Puygironnais ont franchi des frontières avant de s'installer sur ces terres de la Valdaine, c'est l'Italie, c'est l'Espagne, c'est la Russie, la Belgique, la Hongrie, l'Arménie. Une belle généalogie. Puygiron n'a pas échappé au brassage mondialiste. Et en ce moment même plusieurs jeunes puygironnais sont partis travailler à l'étranger, aux USA, au Maroc, en Colombie. Des Norvégiens ont choisi d'avoir une résidence toute proche de Puygiron. En parlant avec les familles on s'aperçoit que le village est un village planétaire. Ici c'est aussi ailleurs.

C'est l'époque du printemps où les forsythias et les lauriers-tins fleurissent, où les champs labourés offrent la beauté de leurs sillons bruns au promeneur, et cela nous renforce tous dans notre amour de la nature, la conscience de notre privilège d'habiter un lieu encore relativement préservé. Aussi faut-il essayer d'adapter le confort aux exigences de l'esthétique. On a certes besoin de ces grandes poubelles qui permettent de recycler les déchets mais ne pourrait-on pas éviter de les mettre à l'honneur à l'entrée du village ce qui choque nombre de visiteurs. On peut les soustraire au regard grâce à des haies ou encore mieux un bosquet de buissons, d'arbres de différentes hauteurs de façon à revenir à un paysage naturel. Ne pas non plus multiplier les vilaines constructions qui gâchent l'arrivée sur Puygiron déjà marquée par des aménagements antérieurs en contradiction avec l'harmonie du village.

Écouter les points de vue, réfléchir ensemble, parler, s'entendre sur l'environnement, c'est l'affaire de tous. On en revient au dialogue et au pourquoi du Giron. Les gens ne débattent pas assez. Ils parlent en aparté mais ne savent pas toujours se réunir pour exprimer leur malaise ou leur plaisir, formuler des critiques constructives pour que l'acte posé soit le plus adéquat, en accord avec le bien public et la beauté indispensable.

Sans aucune prétention Le Giron propose un courrier des lecteurs où ils peuvent s'exprimer, proposer des documents intéressant l'histoire humaine du village, photographies, témoignages sur le passé. Que ceux-ci aident aussi à découvrir des talents d'aujourd'hui exercés dans toutes les sortes d'activités sollicitant l'imagination et l'énergie humaine.

                                                                                                                        N. P.

Publié dans le Giron n° 2 (mars 2002)


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Le Giron

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  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

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Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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