Photo C. P.
En arrivant à Puygiron, on se laisse surprendre par ce village perché, son château et son église qui dominent les lieux. Quand on parle aux gens du village, ils nous parlent du Levant et du Couchant : ce sont des lieux de vie situés par rapport au haut du village. Ces deux mots sont très significatifs, positions relatives au soleil, au Sud et au Nord. Ici, on trouve au Levant des quartiers très précis, on nomme le Pontillard chez Mouillac, la chapelle St Bonnet, le Poulet, les fermes Crumière, David (la plage), Viel. D'autres lieux comme Andéol, Ruas, le pont de la cabane. Les chemins de ce côté du village nous évoquent nos promenades : chemins des grands chênes, des cyprès, du grand bois, du bois des pins, de Grangeneuve, des saules, des ramières, des Claux et le petit chemin de la croix. Au Couchant, c'est plutôt la Tuilière, Roustan, Deloule, le Moulin vieux, le Barral, qui nous rappellent des lieux et des personnes, ces chemins aussi, celui du Moulin, des Lizons, de Souaille, de la Bégure... C'est ça un village !
De tout temps, l'homme a eu un rapport intense avec le soleil, de son lever et son coucher dépendaient à la fois l'architecture, les fêtes, les rites, les croyances, la vie. Le dualisme du levant et du couchant est fort ancien. Les Grecs pensaient que le soleil sur un char s'élançait d'un point à l'autre du ciel, il se levait à l'Est et parcourait le ciel jusqu'au détroit de Gibraltar, que les anciens appelaient les colonnes d'Hercule. Chez les Chinois, le symbole du yin et du yang donnait tout un sens à ce dualisme. Le Japon n'est-il pas appelé également pays du Soleil Levant ? Chez les Celtes, on considérait ces deux pôles comme deux mondes différents un lumineux et un plus obscur. La construction des premiers édifices sacrés se faisait selon des principes d'orientation très précis. Le temple romain avait les portes d'accès orientées par rapport au lever et coucher du soleil. Les premières basiliques chrétiennes s'appuyaient sur le dessin du rectangle qui se situait, lui aussi, en fonction du soleil. La construction du saint lieu, la Ka'bah à La Mecque tient compte des points cardinaux, les deux roches sacrées sont positionnées suivant le levant et le couchant.
À Puygiron, au Levant, nous avons la chapelle St Bonnet et le cimetière, un lotissement déjà ancien. Des fermes sont disséminées çà et là et des habitations plus récentes ont été construites. Mais, c'est au couchant que l'urbanisation s'est intensifiée avec la création de plusieurs lotissements : le Moulin vieux, le Barral, et plus récemment la clef des champs, la Tuilière. Mais on se doit de ménager le territoire, de protéger la nature et de préserver l'espace rural, de construire des quartiers doux à vivre et légers pour l'environnement.
Le sol est un bien commun qui n'est pas renouvelable. Nous devons en faire un usage mesuré. La densification des quartiers actuellement réservés aux maisons individuelles est nécessaire, mais doit se faire dans le respect du patrimoine bâti. De telles opérations doivent également tenir compte du patrimoine naturel, en particulier, lorsqu'il constitue des poumons de verdure. L'espace rural n'est pas un vide en attente d'être rempli, mais il est une nécessité pour préserver la biodiversité et le développement durable.
Aussi longtemps que des alternatives existent, il faudrait refuser l'urbanisation, par grignotage ou par mitage, de l'espace rural. L'aménagement se conjugue avec le respect de l'environnement.
D. J.
Publié dans Le Giron n° 13 (janvier 2008)