Photo : C.P.
Cette lettre, feuille de route, est née dans le plaisir de la rencontre entre des habitants de Puygiron. Ils s'aperçoivent qu'ils ont des préoccupations proches concernant la vie du village et son environnement. Se réunir en association permet de formaliser désirs et questions, et aussi de défendre des points de vue.
Peut-être, avec le temps, des préoccupations culturelles communes prendront-elles la forme d'événements ponctuels, mais aujourd'hui c'est une simple proposition de créer des liens entre des hommes et des femmes qui vivent les uns à côté des autres et ne se connaissent pas toujours, de prendre en compte la manière dont chacun voit le développement de son lieu de vie.
Le microcosme d'un village n'échappe pas à une transformation, le pire et le meilleur, d'un mouvement inexorable celui de la modernité, la mutation mondiale des sociétés. Que veulent les habitants d'un changement qui gagne tous les secteurs de la vie ? Sans être nostalgique du passé on peut espérer que le paysage naturel ne souffrira pas trop de l'urbanisation et de la transformation des terres agricoles en terrains constructibles, que les champs de lavande, de maïs ou de sorgho, ne verront pas les lumières de leurs couleurs s'éteindre sous le béton gris, la noirceur du macadam, la géométrie des hangars d'usines. Dans les jardins publics qui se dessinent dans les grandes villes, à l'exemple du parc de Bercy, à Paris, au milieu d’une nature bien maîtrisée on prévoit maintenant un espace, une butte, avec de mauvaises herbes folles et des coquelicots, sans doute pour faire référence à la nature sauvage qui recule partout. C'est un peu triste que ces morceaux de nature mis en "réserve". Gardons-nous de faire la ville à la campagne avec une prolifération de panneaux et de parcours fléchés.
Il y a, et c'est heureux, une mobilisation en faveur des architectures anciennes, elles sont indéfectiblement liées à l'histoire des hommes qui se sont succédé ici, qui les ont conçues, habitées, regardées comme partie prenante de leur vie. D'hier à aujourd'hui, c'est cette chaîne qui nous intéresse, des visages, des tempéraments, des caractères. Paysans, artisans d'autrefois et au XXIe siècle leur descendance, et ceux qui renouvellent la population, venus d'ailleurs, amènent des idées, leur savoir-faire, leur énergie, leur jeunesse. Ils ont choisi d'habiter ou de rester ici sans doute un peu à cause de la beauté d'un horizon encore préservé. N'aurions-nous que cela en commun cela ne mérite-t-il pas que l'on en parle ?
N.P.
Publié dans Le Giron n° 1 (Décembre 2001)