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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 18:22

 

Famille-Guerin.jpg

 

       Léa, tu nous a quittés ce 20 janvier 2012, ta petite silhouette sous ton foulard, portant le tablier sur la robe, regardant derrière la porte à grille...

       Femme active, ayant traversé les années en courbant souvent le dos avec courage...

       Fille d'un ouvrier agricole, Léa est née le 2 février 1915 à Viviers, elle s'installera avec toute sa famille en 1922 à la ferme Brunel Viel à Puygiron, troisième d'une fratrie de six enfants, Charles, Émile, Abel, André et Fernande.

Scolarisée jusqu'à l'âge de douze ans elle intègre la fabrique de lacets à la Bâtie Rolland, traversant le Jabron derrière la maison familiale à pied par la petite passerelle, de retour à la ferme les travaux quotidiens l'attendaient, son aide était précieuse pour ses parents, garde du troupeau de brebis et surveillance de sa petite sœur.

       Les travaux des champs suivent les saisons, moissonneuse-batteuse en pleine action, parfois sous une chaleur accablante, labour à l'automne, soc de charrue fendant la terre, tirée par des bœufs puissants, ou chevaux de trait puis plus tard ce fut le tracteur.

       Les moutons étaient gardés par la chienne qui s'appelait toujours « bergère » même si ce n'était pas le même animal. Le repas des cochons auxquels on jetait des betteraves, il était aussi interdit de laisser égarer les chèvres dans la « luzerne ». La chasse pour les hommes, les champignons (petits gris), étaient nombreux dans les bois de pins derrière la maison, le Jabron où l'on pêchait les anguilles. Le pain était fabriqué dans le pétrin situé à côté de l'entrée de la ferme. Elle adorait voir son père faire cuire les tartes et autres préparations maison au moment des fêtes de Noël.

      Elle fera la connaissance de son mari Marius Guérin installé dans la ferme voisine en 1927 et de leur union célébrée le 8 décembre 1934 à Puygiron naîtra une fille Josette.

       Une vie de labeur à la ferme St Bonnet, travail difficile dans un confort parfois spartiate, travail des champs, courber le dos pour des récoltes pas toujours abondantes ; l'élevage des animaux, chèvres, vaches, cochons, grandes basse-cour où se côtoyaient poules, lapins (mères reproductrices enlevés par un coquetier), chevreaux élevés sous la mère et fabrication du picodon ; comme le disait notre regretté Frédéric Bintein ; tout le village connaissait la mère Léa pour ses fromages de chèvre. Veuve en 1987, la vie a repris son court et les travaux qu'elle affectionnait continuèrent malgré la perte de son mari. Le travail a l'extérieur qu'elle adorait continua, travail dans son jardin, ou se mêlaient fruits et légumes, les petits enfants et arrières se souviendront de ses confitures, de la recette unique de la pâte de coing, de sa cuisine simple mais raffinée, civets de lièvre et lapins de garenne, les délicieux gratins de pommes de terre cuits dans le four du fourneau, ses brassadeaux de Pâques, les rochers aux amandes, le gâteau de semoule. L'hiver était consacré aux travaux d'aiguille à côté du fourneau, chaussettes, gants pour toute la famille.

       Avec l'arrivée de la radio et la télévision les journées ont trouvé un autre rythme, travail et regard sur l'information, la passion des voyages tout en restant devant les documentaires télévisés, la culture à travers les jeux (questions pour un champion) et puis les petits-enfants et arrière-petits-enfants venant lui rendre visite ou allant chez eux pour changer le quotidien.

       Toujours partante pour des sorties en famille, baptême, anniversaire, elle se plaisait à dire qu'il fallait profiter des bons moments de la vie. Elle allait fêter son 97ème anniversaire, elle laisse un bel héritage à sa fille, ses trois petites filles et sept arrière-petits-enfants, des beaux souvenirs, maman... mémé... adésias.

 

                                                                       Ghislaine Teyssier

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 11:35

 

Les êtres s’en vont, les êtres disparaissent.                               

Nous ne sommes pas toujours des proches de ceux qui partent.

Et pourtant le jour où on l’apprend,

on est saisi d’une proximité brutale, soudaine.

On se souvient de ce qu’on a partagé.

Même si cela est devenu loin dans le temps.

Même si l’on a ignoré de par la vie menée chacun de son côté,

ce qu’est devenue ensuite la personne,

ce qu’elle a traversé, ce qu’elle a été.

Et ce qui se lève alors dans la mémoire,

petits souvenirs uniques d’un partage,

même très brefs, très lointains,

parmi des milliers d’événements,

est une forme de salut,

de main simple, haute et dressée par-dessus la mort, qui signe :

 

Salut, je t’ai croisé Yves.

Tu as fait partie de ma vie

J’ai fait partie de la tienne

Tes souvenirs brillent en moi

 

       Yves GeffroyIl me semble que j’avais dix ans lorsque j’ai rencontré Yves à Puygiron. Nous venions ma famille et moi très souvent les week-end, et toutes les vacances. Et un jour Yves s’est trouvé là. Sur la place du château. Ce gars, qui devait alors avoir quoi ? Trente ans ? Ce gars tout campé sur ses jambes, en tenue d’homme artiste, les poings sur les hanches, le pantalon haut, la chemise à carreaux bouffante, bien serrée dans la ceinture, débarquait de Bretagne. Oui, Yves, peut-être parce qu’il venait de Bretagne, dans ma tête d’enfant était un capitaine. Il m’a toujours semblé le rencontrer sur cette place, sur le pont d’un vaste navire invisible, où il se tenait toujours bien face au vent, face au gens, les jambes solides, le visage franc. Accompagné d’un chien je crois, même peut-être de deux, sautant du coffre d’une vieille bagnole de campagne.

       Les enfants n’oublient pas les adultes qui les ont un jour regardés, regardés vraiment. Et Yves me fut de ceux-là. Il m’a ouvert grand son petit atelier, où il officiait nouvellement comme artiste-artisan, rue de la mère Mouillac (comme la ruelle s’appelait à l’époque). Cet endroit fut pour moi, l’ouverture d’une grotte aux merveilles, non seulement de ce qu’il me montrait alors, ces vitraux de plâtre et de tessons de bouteilles, ses sculptures de bois et de fer. Mais du don qu’il m’a fait de m’en donner la clé, l’accès permanent à cet endroit, et la libre disposition de tous les outils de l’établi, et aux matériaux. A ses livres aussi, à ses disques, et au vieux pick-up. Pour un autre enfant cela aurait été peut-être sans fondement, mais pour moi, qui a cette époque avait pour désir central que de fabriquer, de dessiner, de créer, Puygiron, petit village grand comme un mouchoir de poche, s’était dans mon esprit comme doté d’un accès à un nouveau monde, immense et désirable.

       Oui Yves était bien un capitaine, qui a offert à mes dix ans une île, où je me suis sentie si heureuse de pouvoir créer, fabriquer. Je n’étais d’ailleurs pas seule à courir ici dès que j’en avais le temps. Même si je pense en avoir été la plus adepte du côté de l’établi. Toute la bande d’enfants que je côtoyais en vacances, frères et sœur compris, enfants et pré ados, avaient aussi libre accès à cet abri. Il nous apprenait à faire des ceintures, comment polir des galets du Jabron, les monter ensuite sur des cordes tressées, achevées ensuite d’une boucle de métal que lui-même nous forgeait. Un vieux tampon de wagon luisant lui servait d’enclume, Yves redressait le monde de ses pertes, de ses abandons, redonnait vie et voyage entre nos mains.

       Je me souviens de jours de pluie, où contre l’ennui, on se tassait là dans les vieux fauteuils défoncés à découvrir nos premiers Brel, Ferré, Ferrat, et toute la collection de Serge Reggiani. C’est ici aussi, dans cette liberté offerte, ce bien qui nous était prêté, qu’il a fallu apprendre les règles d’un partage communautaire et respectueux. Prendre soin des choses, ranger les disques dans leurs pochettes, les outils à leur place, nettoyer les lieux après nos passages. Je m’en souviens car ce ne fut pas toujours simple, il y eut parfois quelques débordements, des négligences, qui nous valurent de la part d’Yves, l’œil fâché, des haussements de tons, de forts aboiements. Mais jamais il ne nous referma cette porte, ne nous retira cette clé donnée. Non, il se chargea seulement de rééditer avec fermeté et constance, ces règles absolument fondatrices, aux enfants dissipés et pas finis que nous étions. Yves était un être d’apprentissage, hors maître, hors institut, il enseignait à l’école buissonnière. Il enseignait ce qu’il menait lui-même pour lui-même, plus que ce qu’il savait. Je me souviens de moments de soleil côte à côte, en tête à tête avec lui, où il m’apprenait à poser en constellation les tessons de verres colorés dans un gabarit, sur la table de bois nu, avant de couler délicatement le plâtre blanc dont il avait fallu établir la juste proportion d’eau et de poudre. Puis comment il fallait attendre le séchage, puis comment arrivait l’heure de nettoyer délicatement les verres avec un petit chiffon sec. Puis celle de tendre sa petite œuvre, dure, sèche, réunissant solidement ses éléments auparavant dissociés, éparses, œuvre enfin terminée, dans le soleil…

       Tous ces détails, toutes ces étapes, d’un acte qui peut sembler dérisoire, petit, infime dans une vie, ont participé j’en suis sûre à l’enseignement du respect de l’ordre des choses, du respect du temps, mais aussi à un épanouissement de la confiance, de la foi en la bienveillance que l’on peut recevoir des choses, des éléments, dès lors qu’on les envisage dans le respect de ce qu’elles réclament. Que peut-on offrir de plus fort à un enfant ?

       Il pendait souvent au plafond mes petites œuvres de bois, de clous et de ficelle, au milieu des siennes. Et j’étais fière, moi la petite, de compter parmi son monde.

Chaque fois que je l’ai croisé, enfant, puis plus tard adulte de façon plus sporadique, me voyant arriver vers lui il me criait de loin « Nata ! » ou « Bonjour ! ». C’était un cri heureux, qui m’en fait encore des frissons, porté loin, engageant. Tout à fait à lui cette façon d’accueillir dans l’élan, avant même que la distance ne se raccourcisse, un « bonjour ! » qui dit « viens ! ».

       Et puis il y eut plus tard dans sa vie ses cabanes construites au bord de la rivière. Écolo avant l’heure, réinventant des vies nouvelles à nos rebuts, soucieux des énergies, conscient des gâchis, anti consumériste.

       Yves était, est, de ces gens qui ont travaillé à inventer leur vie, à l'encontre de beaucoup de jugements et de convenances. Yves marchait en compagnie du monde, des chiens et des enfants. Un jour il a pris ma petite main, et lui a donné un outil. Un vrai, pour la plus belle des chasses, toujours à recommencer, qui s’appelle :

       « Viens ! On va attraper le soleil dans des morceaux de verre ! »

       Alors, je lui dis : Merci. Lui souhaite bonne route dans l’arc-en-ciel, bien campé sur ses jambes, le capitaine... Et entouré, j’en suis sûre, de la joie de tous ses chiens sur les talons.

                                                                      Natacha de Pontcharra

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 18:50

 

       On ne verra plus Jean Fabre sortir de sa jolie maison à la façade fleurie de roses blanches et traverser la place du village, plusieurs fois par jour, pour se rendre à son atelier, dans la maison d'en face. On ne le verra plus s'arrêter, toujours souriant, pour parler à un petit enfant en promenade avec ses parents. Car il adorait les petits.

       Une figure, un Puygironnais d'adoption mais complètement d'ici, tant son attachement était sincère et profond, se retire de notre vie. L'église lui a ouvert ses portes le mercredi 16 décembre 2009 avant la belle fête de Noël, pour une bénédiction discrète et le cimetière de St Bonnet l'a accueilli dans la paix d'une nature encore préservée. St Bonnet dont il avait tant étudié les origines, lui, agrégé de lettres classiques et féru d'histoire à tel point qu'il publia avec un ami généalogiste un livre sur les testaments provençaux du temps du roi René. Il alla jusqu'à Rome consulter les archives du Vatican pour sa recherche sur la vie de saint Bonnet.

       Ce fils d'instituteurs, né le 23 décembre 1915, à Franconville, en Seine et Oise, fit de brillantes études, franchissant les obstacles d'hypokhâgne et de khâgne au lycée Henri IV, poursuivant son parcours jusqu'à l'agrégation.

C'est en Tunisie qu'il accomplit son devoir de français, pendant la guerre, ayant fait ses classes à Saumur dans les blindés. Avant de rencontrer Marcelle Dabère, originaire de Puygiron, presque amie d'enfance, exilée loin du village d'origine de sa famille. Elle, qui aujourd'hui se retourne sur le passé, la naissance de ses deux filles, Elisabeth et Dominique, les années d'enseignement, à Tourcoing, dans le brouillard et la neige, un climat difficile, Beauvais si agréable à vivre avant le passage à Roanne et enfin, l'établissement à Aix en Provence où Jean prendra sa retraite à 61 ans. Il n'aura pas toujours enseigné mais opté à un certain moment de sa carrière pour l'administration et le statut de proviseur.

       Les petits-enfants, deux garçons, Pierre et Alexandre et une petite fille, Camille, apporteront joie et dynamisme dans la famille, suivis récemment par un arrière-petit-fils Lucas qui a fêté premier anniversaire au mois de décembre 2009. Une famille typiquement française avec ses alliances incontournables avec les pays frontaliers européens, un gendre allemand, une petite-fille par alliance, espagnole. L'été amène les descendants de Jean et Marcelle Fabre à Puygiron. Les volets de la maison s'ouvrent, le va-et-vient entre les deux maisons reprend, et le violon de Camille laisse entendre que rien ne meurt jamais, que l'âme des grands-parents disparus continue à habiter le cœur de ceux qui les ont aimés.

                                                                 Nicole de Pontcharra

 

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 11:06

Pierre Laurent

 

       Pour écrire ce texte, j’ai fouillé ma mémoire à la recherche des souvenirs de mon grand-père. Il y en a beaucoup. Son bonnet kabyle vissé sur son crâne, son regard, ses mains enfoncées dans les poches de son pantalon en velours, les histoires qu’il racontait, un peu trop souvent parfois. J’ai cherché un premier souvenir de lui. Ce qui n’est pas simple. Un grand-père, mon grand-père, c’est un pilier dans une vie, dans un début de vie. C’est une présence constante, solide, rassurante. C’est ce qu’il était pour moi. Une certitude. Un point fixe. J’ai fini par retrouver un premier souvenir. C’était en 1984 ou 1985. Je devais avoir cinq ou six ans et mon grand-père me montrait ses outils dans son garage avant de m’emmener jardiner. C’est l’un des premiers souvenirs que j’ai de lui, je crois. Celui de ses mains. Pas des mains de paysan, ni des mains d’intellectuel. Un mélange des deux, un peu comme lui.

       Depuis quelques années, Pierre évoquait souvent son enfance dans la Drôme des années 1920, la vie dans les campagnes. Il le faisait sur le ton de l’histoire, du récit, plutôt que celui des confidences personnelles. Par pudeur, sans doute. J’étais adulte quand j’ai appris qu’il se cachait de son père pour lire des livres. Mon grand-père était pudique. Et fier. Fier de son parcours qui lui a permis de s’élever, comme ses frères et soeurs, de donner à ses enfants une vie meilleure que celle qu’il avait connue. Fier aussi de ses aventures pendant la guerre. Je crois que tous les petits-enfants de Pierre présents ici ont eu droit, une bonne douzaine de fois chacun, au récit par le menu de « grand-père et les parachutes d’armes », « grand-père et le ballon météo »“ ou encore « grand-père et l’évasion du chantier de jeunesse grâce à une boîte de cirage » (s’il y a des gens parmi vous qui ne connaissent pas encore cette histoire, Pierre et un ami à lui s’étaient retrouvés dans un chantier de jeunesse de Pétain. Ils avaient fini par s’échapper à pied et, pour ne pas attirer l’attention des patrouilles allemandes, avec des chaussures pleines de poussière, ils avaient utilisé une ruse de guerre qui consistait à s’arrêter régulièrement pour leur mettre du cirage).

       Parmi les histoires et les souvenirs, il y a évidemment celui de Gillevoisin, le château dont il était directeur. Pour moi c’est plus un mythe qu’un souvenir, j’étais trop petit. Mais combien de fois j’ai entendu, par exemple, le nom légendaire du Conseiller d’État Join-Lambert, auquel s’accolait forcément un qualificatif comme ce « grand monsieur ». Grand-père racontait cette rencontre avec cet homme comme un tournant de sa vie. Le fils du gendarme, le petit-fils du meunier de Puygiron, est monté, cravate au cou pour obtenir son poste. Il en était fier, Pierre, d’avoir réussi ce beau parcours, d’avoir dirigé ce château. Pendant trente ans, il y a encadré et aidé des jeunes délinquants, des jeunes marginaux, des jeunes souffrant de troubles psychologiques. Il y a aussi élevé ses quatre enfants avec Marie-Jeanne, ma grand-mère, que je n’ai jamais connue. 

       De ce que je sais, le père de leur enfance à tous les quatre était un monsieur en costume qui rentrait le soir et lisait son journal en fumant la pipe. Un monsieur important, adjoint au maire de Janville, impliqué dans plusieurs associations, plusieurs initiatives. Peut-être un peu trop impliqué. Ses enfants auraient aimé l’avoir plus souvent avec eux. Ils avaient le château, les gens qui y travaillaient. Ils avaient aussi leur mère, jusqu’à ce que la maladie l’emporte. Trop tôt. Cette disparition qui fut la fin d’une première vie, mon grand-père n’en parlait que très peu. Pudique toujours. Mais lorsqu’il le faisait, des dizaines d’années après, l’émotion et la douleur pouvaient se lire encore dans ses yeux.

       Cette vie-là, je ne l’ai pas connue. Le grand-père avec lequel j’ai grandi n’était plus le directeur trop occupé, mais un jeune retraité, revenu à ses racines, à Puygiron, avec Jeannine, sa seconde épouse. Un grand-père toujours heureux de voir ses petits-enfants, de leur raconter ses souvenirs, mais aussi de les faire à manger. Parce que parmi ce qu’il m’a transmis, il y a l’amour de la cuisine. Il m‘appris à faire la mayonnaise, bien que je n’ai jamais réussi à égaler les siennes. Il était là aussi dans les moments difficiles, pas toujours très loquace, mais toujours présent. Des souvenirs de cette période, j’en ai beaucoup. Souvenirs de vacances en sa compagnie, à Puygiron, en Espagne, au bord de la mer. Souvenir de repas sur la terrasse, de lui en train de faire ses mots-croisés, de passer le motoculteur dans son potager, de se moquer des Ardéchois ou de cuisiner un lapin, en essayant pour la 1000e fois de nous faire croire qu’il s’agissait en fait d’un vieux chat qu’il avait trouvé. Autant de souvenirs heureux.

       La vie passe vite. Il y a 8 ans, Jeannine nous quittait. Pour la deuxième fois, il perdait une épouse. Je me souviens de sa douleur, qu’il cachait comme toujours derrière des plaisanteries. Je me souviens de l’énergie qu’il mettait dans ses activités, dans le club des anciens de Puygiron, de sa bataille pour empêcher la construction d’une décharge en face de sa maison.

       La vie passe trop vite. Les petits-enfants grandissent, font des études. Je me souviens qu’il voulait que je devienne magistrat, pompier, président de la République ou journaliste. Je me souviens quand j’étais étudiant en histoire, qu’il me parlait à chaque visite de la vie de son enfance. Je me souviens de lui devant sa télévision, commentant l’actualité. Je revois son visage penché au-dessus d’un numéro du Monde. Il était abonné et fidèle lecteur de ce journal depuis plus de 50 ans. Et je suis heureux d’avoir pu lui annoncer, voilà quelques mois, que j’allais y travailler.

       Je me souviens aussi qu’il aimait observer les oiseaux et les couchers de soleil, nourrir les chats des voisins. Je me souviens d’un homme cultivé, amoureux des livres. Je me souviens d’un homme profondément bon, profondément humain, et capable encore de se révolter, à 80 ans passés, contre des choses qu’il jugeait injustes.

       Voilà, c’était tout cela, mon grand-père.

                                                                           Samuel Laurent

 

(écrit et lu par son petit-fils, à l’église de Puygiron le 11 mai 2010)

 

       Faire paraître cet adieu émouvant dans le Giron nous a semblé être le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à Pierre Laurent, membre actif dès le premier jour des associations Le Giron et Puygiron-Nature-Environnement. Pierre a été de tous les combats et missions menés par ces deux associations. Il appréciait et soutenait le Giron. Il aimait que l’on se rencontre pour mettre en place les articles de la rubrique “les anciens Puygironnais racontent“. Il me donnait les idées, organisait les réunions, et menait les discussions du groupe des anciens, pour que je puisse avoir matière à raconter. Et il me laissait toujours ses notes que j’avais parfois du mal à déchiffrer ! On continue, Pierre, et ton souvenir nous portera !

                                                                                Dominique Rault

 

       N.B. - Une interview de Pierre Laurent par Nicole de Pontcharra a été publiée dans le Giron n° 10 : http://legiron.over-blog.com/article-23252153.html

 

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 15:27

 

       "Ne pleurons pas celui que nous avons perdu, au contraire, réjouissons-nous de l'avoir connu".

 

       Jean-Paul Sauvan a, lundi, au nom de la paroisse, accueilli dans l'église St Bonnet la nombreuse assistance venue se recueillir pour les obsèques du Colonel Stanislas du Port de Poncharra, qui s'est éteint chez lui dans le château familial de Puygiron, lucide et "droit dans ses bottes", à l'âge de 97 ans.

       Commandeur de la Légion d'Honneur, Président honoraire de nombreuses amicales d'Anciens Combattants, dont celle de son village où il avait assisté aux cérémonies patriotiques du 11 novembre. Il a rejoint son épouse Brigitte*, née de Conchy, décédée en février dernier, avec laquelle il aurait fêté cette année leur soixante-dixième anniversaire de mariage. Sa famille, son village, ses amis, ses camarades de combat, ont rendu hommage à un homme droit et sincère, aux forces morales et aux convictions inébranlables.

       Hommage à l'officier racé et courageux, ayant participé aux trois conflits majeurs de notre pays.

        Hommage à l'ami fidèle et généreux. Hommage au chef de famille, père de six enfants, grand-père de dix petits-enfants et arrière-grand-père de six, bientôt sept arrière-petits-enfants.

        Un homme d'exception, ayant contribué au prestige du nom qu'il portait.

Jean-Paul Sauvan l'a remercié aussi en tant que maire et président de l’association des Anciens Combattants et a conclu par un « A-Dieu, mon colonel ! »

                             Mauricette Allard, correspondante au Dauphiné Libéré

 

* Décédée le 21 février 2007. Cette même année le 19 avril décédait son gendre Jacques Degors.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 21:32

       Jean, tu nous as quittés... Ton allure élégante, ton âme de grand seigneur, ton attention de chaque rencontre, et ton intérêt pour les autres sans malveillance... Tu fus très actif au sein du comité des fêtes de Puygiron de 1985 à 2001, en créant, par exemple, en 1986 le groupe des majorettes « les cigognes », et en animant le groupe théâtral. Nous nous rappellerons longtemps ces représentations, La Saint Ambroise, Fermez les portes ou  J'y suis, j'y reste !  Je me souviens encore de nos fous rires dans le grenier d'Yves Geffroy pendant les répétitions de cette dernière pièce, de tes mots gentils et réconfortants quand je n'arrivais pas à retenir mes longues tirades.

       Les grandes douleurs de la vie ne t'avaient pourtant pas épargné. Mais malgré tout, tu gardais cette distinction, cette retenue posée, notamment dans nos discussions sur le banc de pierre de la place de la gloriette. Il m'arrive encore de te guetter vers 15 heures, heure de la promenade de ta petite chienne Salsa...

                                                                                     D. R.

             Publié dans Le giron n° 12 (juillet 2007)


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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 17:18



Texte écrit et lu à l'église par ses enfants à l’occasion des funérailles de Nicole Lacroix à Lyon le 6 mai 2006.


Pour nous vous étiez « notre petite Mame », pour d’autres « Colo », « tante Nic » ou encore « Nicole » et j’en oublie certainement, tant vous aviez d’amis, avec pour chacun une histoire personnelle pleine d’amour et d’humanité.

Vous étiez une femme, féminine jusqu’au bout des ongles, digne et élégante, ce que nous appelons avec respect « une Dame ». Une dame qui plaçait avec courage, dynamisme et humour, sa condition humaine à la place souhaitée par son créateur. Ouverte sur le monde, sa beauté, ses mystères et sa réalité, ses misères parfois. Vous étiez toujours prête à voyager, à écouter, à entamer une relation avec qui que ce soit, pourvu qu’il ait du coeur. Oreille attentive, confidente, nous savions tous que nos « problèmes » ou nos misères ne vous étaient pas indifférents et que vous cherchiez inlassablement, sinon des solutions, en tous cas des mots consolateurs, réconfortants, stimulants. Vous aimiez tant la vie que vous vouliez la retransmettre à ceux qui en étaient fatigués.

Vous allez tant nous manquer. Vous étiez aussi chrétienne, très attachée aux principes fondamentaux et vivants de la foi, de l’espérance et de la charité. Votre foi était vivante, vibrante, humaine, ouverte sur les plus pauvres et les plus seuls. Et vous appréhendiez tant, vous-même, la solitude et l’espérance pure et sans concession qui vous habitait : vous nous disiez avec 1’humour qui masque la pudeur : « c’est forcément bien là-haut, auprès de Dieu, puisque personne n'en n’est jamais revenu mécontent ! Quant à votre charité, les témoignages d’amour qui nous reviennent aujourd’hui en sont la marque. Vous étiez aussi une mère attentive, obsédée par le bonheur de ses enfants, donnant et donnant sans cesse ni compter de son temps, de ses prières, de ses caresses.

Nous allons continuer à vivre en nous remémorant et en essayant de faire nôtres les valeurs que vous avez su nous transmettre. Vous avez retrouvé au ciel ceux que vous aimiez. Continuez à veiller sur nous tous, pendant que nous continuerons à penser à vous, à prier pour vous, à vous aimer. Vous étiez et vous restez une dame d’amour, auprès de Marie à qui vous allez certainement demander d’intercéder pour nous auprès de Jésus.

Merci, Merci, Merci et à bientôt, chère Mame.

 

Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 11:28

                                                                           Frédéric Bintein 1987 

Frédéric, Fred, et on a envie d’ajouter Kikou car pour les plus vieux de tes amis tu as su garder ton enfance intacte, l’âme simple et généreuse, de celui qu’ils ont connu petit, un peu sauvage, si sensible à tout ce qui l’entourait et qui l’est resté. Nous te parlons comme on pourrait te parler, assis avec toi et Karine, dans la salle de ta maison où vous accueilliez vos amis, avec un air de musique qui traînait, Léa faisant ses devoirs, Alice lisant dans sa chambre, et la chatte allaitant ses petits. Mais aujourd’hui on est mal, on a du chagrin, car tout ce bonheur tranquille, que l’on ne mesure pas quand on le vit au jour le jour, est saccagé. On a mal parce que tu nous laisses avec le bonheur de l’amitié, de l’affection, rompu, parce que tu devais encore vivre pour toi et les tiens, que cet assombrissement touche le reste de notre vie. Un ami c’est le prolongement de soi même, c’est un morceau de son espace privé et rien n’est plus pareil s’il en est arraché. On sait qu’avec le temps on pourra t’évoquer plus sereinement mais rien ne comblera ce trou dans le tissu brillant de l’amour, car l’amitié, c’est de l’amour. On a du chagrin car tu nous manques déjà, on a du chagrin pour ta famille dont on est solidaire, nous ne sommes pas ta famille de sang mais ta tribu qui elle aussi pleure.

On croit ou on ne croit pas que les morts continuent leur vie quelque part. Parmi nous certains ont l’espérance que tu ne nous quittes pas définitivement et que dans ce silence de l’absence tu veilles et nous te veillons et qu’un jour dans une grande lumière, chacun retrouvera celui ou celle qui l’a quitté. Mais si l’on n’a pas cette espérance là il y a une certitude pour tous c’est que tu nous habites et que quelque chose de toi est greffé en nous comme ces plantes que tu aimais. C’est aussi cela l’immortalité, cette transmission du souvenir. Nous ne taillerons pas nos rosiers sans penser à toi qui aimais garder aux plantes leur aspect le plus naturel, toi qui aimais cette alliance avec la terre et tout ce qui poussait et refusait la domestication brutale des hommes. Quand tu prenais le virage devant le château avec ta remorque bourrée de branchages, d’outils, il y avait ton sourire au volant, ta main amie qui faisait un petit geste.

Cher jardinier plus savant que tu ne voulais le dire, ingénieur trop modeste, optant pour la simplicité absolue, les vertus humaines, le respect pour tous, la justice, nous te donnons les fleurs invisibles de ce jardin intérieur où nous cultiverons ton visage qui nous habitera jusqu’à ce qu’à notre tour nous fassions le grand voyage jusqu’au quai où tu nous attendras.

 

N. P.

Publié dans Le Giron n° 6 (juillet 2004)

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 11:31


Deux décès sont à déplorer : Marcel Lallement et Lélé Gay, ce qui nous ramène à vingt membres actifs. Nous sommes prêts à accepter toute personne désirant devenir membre honoraire pour une cotisation annuelle de 8 €. Un voyage est prévu en septembre ; vous y êtes conviés.

Avec notre porte-drapeau Hubert Vernet, nous avons participé à l'inauguration de la rue René Cassin à Montboucher et à la cérémonie de baptême d'une nouvelle association à Savasse.

Notre assemblée générale est prévue le samedi 23 mars en mairie.

                                                                  
                                                                                   Jean Bintein

Publié dans Le Giron n° 2 (mars 2002)
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Le Giron

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  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

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Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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