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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 18:44

       Après une carrière militaire de 33 années dont je ne veux rien renier tant le commandement des hommes et le service des armes de la France sont « enrichissants » et facteurs d’enthousiasme et de fierté, je viens de vivre dix belles années d’engagement humanitaire passées à intervenir au profit de populations en détresse, dans les pays en guerre ou en crise ou en post crise, ou frappés par une catastrophe naturelle [1] ; pays dans lesquels on ne voit bien souvent que le malheur, la désolation et le désespoir, dans lesquels la nature s’est acharnée, les guerres ont tout ravagé, dans lesquels la folie des hommes a eu raison de leur différends et ne leur a fait gagner que douleur, tristesse et destruction.

 

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       Une devise de famille : « Entoure et Protège », une formation de soldat qui m’a appris que la mission est sacrée et qu’il faut la mener jusqu’au bout, ça aide dans les moments difficiles, pour ne pas baisser les bras… Pourtant on peut parfois être las de voir tant de détresse autour de soi et tant de manque de réactivité de la communauté internationale, alors qu’on tente, autant que faire se peut et chacun a son niveau, d’ apporter une réponse d’urgence à ces populations dans le besoin.

       N’est-ce pas sujet d’indignation que de voir les contributions des États alloués à l’aide internationale comparées aux chiffres divulgués à propos de leurs dettes (exprimés en centaines ou milliers de milliards de dollars ou d’euros)

       Le terrible c’est que rien ne se termine jamais, c’est que malgré les leçons tirées de l’histoire, celle-ci se répète avec son lot de morts, de tortures, d’atrocités, de malheurs, de maladies, de terreurs, de désespérance.

       En 2011 le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés célébrait ses 60 ans d’existence, fondé en 1951 après la 2ème guerre mondiale pour aider environ 1 million de personnes déracinées ; Depuis, l’Agence, en coopération avec d’autres organisations humanitaires et de nombreuses ONG, internationales et nationales, a contribué à aider des dizaines de millions de réfugiés et ceux-ci continuent d’être au cœur du mandat… Protection juridique internationale, garantie de leurs droits humains, abris, aide alimentaire, aide médicale, éducation, sécurité physique, dans la dignité.

       Les derniers chiffres recensés s’élèvent à environ 15 millions de Réfugiés (considérés comme ayant franchi une frontière) auxquels il faut rajouter 26 millions de personnes forcées à l’exode dans leur propre pays (communément appelés Personnes déplacées Internes), sans compter les migrants économiques (!), tous vivent dans des conditions variées, allant des camps organisés aux centres d’hébergement collectifs, abris de fortune ou « à ciel ouvert » (bien que le ciel semble les avoir abandonnés)…

 

Faim-et-inondations-au-Pakistan-2010.jpg


       Je ne dirais jamais assez combien j’ai apprécié la générosité et la disponibilité, le dévouement et les belles compétences de toutes ces équipes de volontaires des Nations Unies comme des ONG, constituées d’une mosaïque de nationalités venues de tous les continents, plongées dans la tourmente et l’insécurité et confrontées à l’indispensable nécessite de faire face avec des moyens limités, témoins à répétition de la souffrance humaine, contraints de s’adapter à de nouvelles cultures et des conditions de vie souvent difficiles et parfois délicates, luttant contre des obstacles apparemment insurmontables sans certitude de résolution satisfaisantes, soumis aux dilemmes résultant de ces situations infernales…, accumulant le stress et les traumatismes dus aux agressions, attaques, kidnapping ou prise d’otage, accidents de véhicules, champs de mines, champs de ruines, blessures par balles, éclats de grenades et d’obus, noyades, coups de chaleur, dysenterie, malaria (paludisme), dengue, choléra, lèpre, fièvres hémorragiques, peste, rage, piqûres de serpents, scorpions, araignées, mouches cantharides... Et autres charmes de « l’exotisme humanitaire » !

       Tout cela n’est pas gérable sans l’indispensable nécessite de se connaître, d’échanger, partager, s’accepter, se soutenir, se comprendre communiquer et entretenir les liens, faciliter les contacts, pour atteindre les objectifs, faire reculer la misère et accessoirement vivre ensemble et vivre à fond, vivre utile, bref se sentir vivre.

      Travaillant sur le terrain pour l’UNHCR & CARITAS, avec et au contact de nombreuses organisations internationales & ONG, avec les forces armées et les gouvernements, je considère comme un honneur et un privilège d’avoir rencontré ces personnes réfugiées et déplacées dans ces parties du monde ; Cette expérience a changé ma vision des problématiques, des institutions… je crois être devenu meilleur et plus lucide…

 

      J’ai mieux compris les acteurs de l’urgence et du développement, les différentes modalités de partenariat, les structures et le fonctionnement des opérateurs, la qualité et l’évaluation des programmes mis en œuvre sur le terrain, la visibilité et la transparence de la politique humanitaire.

        Il reste toujours un immense besoin de promouvoir la culture de prévention, d’accroître les efforts financiers et améliorer les capacités d’analyse et de réponse dans ce domaine de la prévention des crises. Je sais les dangers qui guettent l’action humanitaire (et ils n’ont malheureusement pas changé depuis que je suis arrivé dans son univers)

       La relation entre Politique et Humanitaire

       La relation entre Militaire et Humanitaire

       La définition des moyens pour la sécurité des acteurs humanitaires sur le terrain

« L’imprédictible » c’est le nom que l’on peut donner à ces phénomènes sinistres qui accablent le monde aujourd’hui, les crises se multiplient, les conflits sont devenus plus complexes et les solutions de plus en plus illusoires !

      Dans de telles situations qui ne sont que défis, Nous (la communauté internationale) devons comprendre et partager nos responsabilités, nous devons démontrer que nos engagements sont collectifs ; Nous devons réagir plus vite ; Nous devons mettre en place les moyens pour prévenir « l’imprédictible ». Quelle est la réalité de ce à quoi les États se sont engagés ?… « La règle des 4 C » Cohérence, Complémentarité, Coordination et Convergence ?

       « Un seul réfugié sans espoir c’est encore un de trop »…Et chaque jour des millions d’entre eux sont victimes de meurtres, de viols, de terreurs.

Il m’arrive de rêver d’harmonie… Le rêve est notre « garde cœur », il faut l’entretenir… sans pour autant cesser de lutter contre l’inattention et l’aveuglement

       C’est presque possible dans notre belle France

      Pourquoi pas ailleurs dans le monde, dans de merveilleux endroits comme le Sri Lanka ou le Timor, sur les rivages de ces pays superbes des grands lacs de l’Afrique de l’Est, ou sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, dans les fantastiques déserts de l’Afrique centrale et du Nord, dans les immensités de l’Asie centrale, au pied de l’Himalaya, au milieu de mille collines ou au fond d’une extraordinaire forêt primaire.

      Alors restons lucide, soutenons nos équipes de terrains, indignons-nous, soyons généreux mais soyons efficaces !

 

« Le soldat » vous dit que cela passe par la reconnaissance et la considération, le soutien et la confiance à nos armées et le vote des budgets indispensables à nos interventions…

« L’acteur humanitaire » vous dit que cela va de pair avec la reconnaissance et la considération, le soutien et la confiance à accorder à nos organismes d’assistance (organisations Internationales ou/et ONG) et la mise à disposition des fonds indispensables à l’assistance humanitaire…

 

 Patrice de Pontcharra

Administrateur principal chargé de la coordination de la sécurité pour les opérations et le personnel de terrain

 

We believe 1 refugee without hope is too many.

Tell the world you do too: http://do1thing.unhcr.org

 

       Pour mieux connaître l'organisation et le fonctionnement ainsi que les opérations et savoir ce que peuvent vivre les réfugiés dans le Monde et le rôle ou le mandat du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour ces réfugiés et autres pesonnes déplacées internes ou apatrides, consulter "Youtube UNHCR". Il y a des videos remarquables et par ailleurs nombre d'interventions d'Angelina Jolie qui est une extraordinaire "ambassadrice de bonne volonté" du Haut-commissariat et  qui ne manque pas de venir apporter son soutien aussi par sa présence par sa présence sur toutes les zones les plus dangereuses. Voir aussi les minireportages sur la Journée internationale des réfugiés : le World Refugee Day.



[1] Inondation, tremblement de terre, glissement de terrain, tsunami, éruption volcanique, sécheresse

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 09:50

 

Inondations-Pakistan.jpg

       Toute la province de SINDH[1] est sous une espèce de brume permanente due à la condensation par le réchauffement solaire sur une terre encore couverte d’eau ou gorgée, saturée. Je roule sur des routes au trafic intense de véhicules de toutes sortes, chariots tirés par des ânes, des chevaux, des bœufs ou des chameaux, tracteurs avec remorques aux chargements débordant largement le gabarit et puis ces fameux camions Tata aux panneaux rehaussés, multicolores, hétéroclites, difformes, richement peinturlurés de motifs débordant d’ingéniosité tout autant que de sur chargements à l’instar des tracteurs… et sur le dessus desquels hommes, femmes, enfants, animaux se disputent la place… Revêtement du bitume emporté par les eaux, bas-côtés des routes instables, construites comme des diguettes… la conduite automobile est telle qu’on se demande comment il n’y a pas davantage d’accidents et de véhicules renversés. Dans les villes grouillantes, bruyantes, Multan, Shikarpur, Sukkur, Khairpur, Qamber, Shahddkot, Hyderabad, Thatta... c’est un carrousel de vespas et de motos, rickshaws ou non, une anarchie motorisée en tout genre où pour se frayer un passage les policiers débarquent de leur véhicule pour charger au bâton sans préavis…

 

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       Imaginez l’image et le message que peut donner un véhicule humanitaire escorté par une police si pleine de tact ! Que malheureusement nous ne pouvons éviter car imposée par le gouvernement pour la sécurité des mouvements… aberrant ! Alentour ce n’est que paysage de rizières imposées, la végétation est assez disparate, faite de palmiers, d’eucalyptus, d’arbres qui ressemblent à des arganiers mais qui n’en sont pas et il n’y plus de chèvres pour y grimper. Que de contrastes ! Chaleur humide et cloaques de boue comme à Khartoum d’un côté, chaleur et poussière de l’autre comme à Bagdad, curieux mélange de paysages à l’irakienne ou de rizières à la vietnamienne où le désert se dispute avec les turbulences aquatiques de ce charivari dévastateur, où la famine menace tout autant tous ces territoires devenus marécages que les zones non irriguées qui subissent une sècheresse désertique à la somalienne. Faites votre choix !

 

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       Population innombrable de sans-abri ayant tout perdu et qui occupent pour les uns, les plus chanceux, les écoles et les bâtiments publics en dur, pour les autres les camps de toile vite montés où les challenges humanitaires sont redoutables : concentration, promiscuité, santé, nourriture, eau potable, hygiène, salubrité, oisiveté, lassitude, colère, désespoir… La grande majorité des gens viennent des zones rurales, travailleurs agricoles, bergers, éleveurs, fermiers ou pêcheurs. Ils sont habitues à cohabiter avec leurs animaux, poules, chèvres, buffles et heureusement il n’y a pas de cochons… Islam oblige ! Ils ne connaissent qu’un système moyenâgeux de servitudes, se pliant aux dictats d’une démocratie de « castes » dans laquelle les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Détresse, crasse, soumission, violence, quel univers de rêve… Et si on y rajoute que cette région est particulièrement radicale ou se perpétuent les crimes d’honneur, où les femmes sont discriminées et portent ou la burqa ou le voile intégral. Le décor est dressé… Les équipes sont au charbon, urgence oblige ! Elles abattent un boulot de titans, nombreuses sont les ONG locales qui font feu de tout bois pour aider leurs congénères, mais la logistique suit difficilement, les autorités ne me donnent pas l’impression d’être conscientes de l’ampleur de la tragédie, il n’y a pas vraiment de stratégies claires et de planification organisée… beaucoup de réunions… Nous avons distribué déjà des dizaines de milliers de tentes et de bâches plastiques, de jerricans, de kits cuisines et de couvertures mais ce sont des millions de personnes affectées et qui dans le même temps doivent être recensées pour obtenir l’assistance nécessaire et bénéficier d’une aide à la réhabilitation. Et malheureusement les conditions de sécurité, pourtant moins difficiles que dans les zones tribales ou le Balouchistan et le Kyber Pashtunkhwa, ne permettent pas pour autant une liberté de mouvement et d’action à la mesure des besoins…

                                                                         Patrice de Pontcharra*

 

        *Administrateur principal chargé de la coordination de la sécurité des opérations pour le personnel de l'UNHCR (Haut-Commissariat des Nations-unies pour les Réfugiés) et les bénéficiaires réfugiés et déplacés internes (Deux millions de personnes déracinées). La catastrophe naturelle, les inondations dévastatrices renforcent toutes les difficultés et périls liés à la crise politique existante d'une ampleur sans précédent.


 



[1] Une des quatre provinces du Pakistan

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 22:31

 

Agadir 2

 

 

       Cinquante ans de distance entre le regard d'une fillette en colonie de vacances à Taghazout, alors village isolé, avec sa plage de pêcheurs, vierge, magnifique, à quelques kilomètres d'Agadir et celui d'une septuagénaire. Deux voyages, avec dans l'entre-deux, le terrible tremblement de terre qui détruisit toute la ville le 29 février 1960 faisant 15 000 victimes.
       La même population pourtant, Berbères du Souss parlant le tachelhit, commerçants efficaces ou directeurs de sociétés, affables, sérieux. Ce sont des femmes que je viens rencontrer, des femmes artistes, regroupées dans une fondation soutenue par l'Institut français qui joue un rôle de premier plan dans la vie culturelle de la ville, avec les cours de français, le ciné-club, et la médiathèque très moderne.
       Deux des artistes, nées sous la tente, près de Goulimine, portent les voiles de coton, bleu indigo ou avec des impressions de couleur vive. Certaines sont coiffées et vêtues à l'européenne, d'autres portent un foulard élégant. Beaucoup de public dans l'exposition, des hommes dont des étudiants. Les peintures des deux bédouines sont les plus personnelles, inspirées par la tradition populaire, les contes et légendes où le merveilleux évoque la nature, les animaux fabuleux, les astres et les esprits. Un petit film montre quelques épisodes de la vie d'une artiste singulière, autodidacte, "dite naïve" qui vient de mourir, Regraguia, aujourd'hui reconnue dans le milieu artistique national et même international.
On sent dans la ville, de plus de cinq cent mille habitants aujourd'hui, la marque de tous les grands architectes qui sont venus la reconstruire. Même Le Corbusier avait été convoqué avec Zevaco, Azugury, de Mazières… Ils ont fait surgir une ville moderne,
avec jardins et esplanades. Le promeneur dispose d'espaces, de chemins de front de mer. Quel plaisir de circuler, même en voiture, sans entendre un seul klaxon, ce qui n'est pas le cas dans d'autres villes du Maroc. La visite de l'ancienne casbah renvoie au
souvenir de la terrible journée, des centaines de morts reposent sous l'étendue herbeuse entourée des pans de murailles en partie restaurées. C'est la promenade dominicale de beaucoup de Gadiris qui viennent se remémorer la date historique et admirer la baie
et l'immense plage se déroulant au pied de la colline. La pêche fait vivre la région et Agadir est devenu le premier port sardinier du monde. L'exotisme, il faut le chercher plus au Sud, aux marches du désert, à Tan Tan, Layoune, Dakhla…
       Ici c'est une ambiance particulière qu'apprécient les nombreux touristes, conquis par le site entre montagne et mer, la lumière transparente, le raffinement des autochtones, la douceur de vivre qui n'exclut pas la grande pauvreté d'une partie de la population, ces "Chleuhs" qui sont aujourd'hui 450 000 à vivre en France.

                                                                              Nicole de Pontcharra

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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 16:24

 

 

Iles flottantes

                                                                                           Îles flottantes sur le lac Titicaca


       En taxi, nous traversons la frontière qui sépare le Chili et le Pérou. Nous croisons les condors, géants des airs, les lamas et les vicuñas (vigognes) au pays des Incas. Nous naviguons sur le Lac Titicaca au plus près de la population Aymara. Certains d’entre eux se fabriquent leurs propres îles flottantes, avec les roseaux qui poussent dans le lac. On se surprend en costume traditionnel suivant les pas de danses que l‘on nous enseigne.

 

Le Machu Pichu

                                                                                                                              Le Machu Picchu (2430 m)

           

       Cinq heures du matin, on commence l’ascension, dans cette jungle humide.  On grimpe en altitude, la tête se met à tourner et on dégouline de sueur. En mâchant de la coca, la douleur s’apaise. Au sommet, la brume semble bien installée. Cependant, au fil de la matinée, le temps se dégage et laisse place à des ruines dévorées par la végétation. Le Machu Picchu… On s’immisce dans les vieilles ruelles encombrées, tout en pensant aux Incas qui ont foulé ces terres. Aujourd’hui, c’est nous et personne d’autre…

       Nous retrouvons le sable à la découverte des mystérieuses lignes de Nasca, qui laissent cours aux explications les plus farfelues. Singe, astronaute et figures géométriques diverses apparaissent à l’aplomb des ailes du petit avion. D’immenses dunes de sable nous barrent la route.

Nous posons nos bagages dans l’oasis de Huacachina. Le soleil tombe derrière les dunes, à l’abri des regards nous rêvons sur le sable encore brûlant. Dans quelques jours, nous serons à Lima, puis dans l’avion qui nous ramènera à la maison. Je devine en accéléré des paysages nus qui se craquellent sous la chaleur, des forêts sauvages qui respirent, des montagnes enneigées qui pleurent, des plages de galets qui se réchauffent, des lacs qui naissent et accueillent une multitude d’espèces, une cité qui bouillonne. Plus de quatre mois se sont écoulés.  

                                                                                   Colline Jean

       Publié dans Le Giron n° 17 (janvier 2010)

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 18:26

 

                                                                                       Santiago, mars 2009

 

       Tous les climats et tous les paysages sont représentés le long des 4 300 km de ce pays étiré entre sa frontière nord avec le Pérou (Arica, latitude 17° 30' S) et le cap Horn (latitude 56° S).

                                                                                                                                           La Cordillère à Santiago


        De l'océan Pacifique jusqu'à la Cordillère des Andes l'amplitude du relief atteint 6 898 m (Ojos del Salado, le volcan actif le plus haut du monde). Ce grand pays de 17 millions d'habitants (soit plus de 22 habitants au km2) possède en tout 6 171 km de frontières avec le Pérou, la Bolivie et l'Argentine.

 

                                                                                                                       Le Pacifique à Isla Negra


         Enclavé entre le Pacifique et la Cordillère, gigantesque barrière de 6 000 m en moyenne, qui ne s'abaisse vers 4 000 m que dans le Sud du pays au climat inhospitalier et donc peu peuplé. Une deuxième chaîne de montagne, la Cordillère de la Côte (environ 2 000 m) sépare du Pacifique les plateaux et les plaines centrales où se concentrent la population et les principales activités économiques dont une agriculture très réputée en particulier la vigne importée par les conquérants espagnols. Des plaines littorales accueillent des stations balnéaires

                                                                                                                           Place Sotomayor - Valparaiso

comme Viña del Mar, des ports, la mythique Valparaiso (Valpo, disent les autochtones) où, au 19e siècle, mouillaient les quatre-mâts chargés de céréales et d'émigrants après leur passage mouvementé du Cap Horn, avant d'appareiller pour San Francisco. Citons le célèbre Pamir qui coula en 1957 au large des Açores.



       Depuis l'ouverture du canal de Panama en 1914, le port de Valparaiso a vu son trafic fortement diminuer. Le centre historique de la ville aux quarante-quatre collines a été classée par l'UNESCO au Patrimoine culturel de l'Humanité en 2003.

 

                                                                                                                                           Désert d'Atacama - Guatin

       Au nord, le désert d'Atacama, 200 000 km2, c'est le plus aride du monde. Une des rares agglomérations, San Pedro à l'architecture inca, grand pôle touristique, est située dans une oasis à 2 500 m d'altitude où volcans, geysers, oasis, lacs salés, sources chaudes... constituent des paysages grandioses. Comme en Bolivie voisine, les lacs salés contiennent d'immenses quantités de lithium convoitées par les constructeurs de batteries pour voiture électrique, Bolloré en France ainsi que des constructeurs asiatiques. Les véhicules d'exploration de la planète Mars ont été testés dans ce désert extrême.


                                                                                                    Santiago -  Palacio de la Moneda (1784)


       La zone centrale, la plus peuplée avec la capitale Santiago (plus de 6 millions d'habitants), partagée en trente comunas avec une municipalité élue à leur tête, riches au nord-est, pauvres à l'ouest et au sud. Au milieu, de nombreux quartiers occupés par les classes moyennes et le centre d'affaires avec ses tours de verre. On s'y repère assez facilement, tout comme dans les villes d'origine coloniale, de larges et très longues avenues se croisant à angle droit. Plantées de grands arbres appréciés en été comme les parcs vastes et soigneusement arrosés. Les quartiers commerciaux souvent piétonniers et très animés, panneaux publicitaires signés Decaux, et le métro Alstom (ci-dessous à Valparaiso et à Santiago), voitures en majorité japonaises ou coréennes, beaucoup de 4 x 4. Peugeot-Citroën et Renault, quoique minoritaires, sont représentés.

 

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Metrolinea4.jpg

       De belles architectures anciennes ont survécu aux nombreux tremblements de terre mais la spéculation immobilière a eu raison de la plupart d'entre elles. Bien que la température atteigne en été plus de 35 °C, les nuits et les matinées sont fraîches, la Cordillère est proche avec ses stations de ski. Santiago possède un grand musée d'art précolombien riche de pièces authentiques, des théâtres, des universités, partout des cafés où l'on vous sert des jus de fruits frais, et le fameux pisco.

       A 800 km au sud de Santiago commence la région des lacs, des volcans, une cinquantaine sont actifs notamment le Villarica avec son lac de lave, et le Llaima (ci-contre) qui est entré en éruption le 4 avril 2009. De nombreux parcs nationaux attirent les touristes pendant l'été austral, sources chaudes, (los pozones), forêts aux arbres plusieurs fois millénaires, araucarias et alerces. Ces derniers peuvent atteindre trente-cinq mètres de circonférence et soixante-dix mètres de hauteur. Ils sont protégés. Des pistes permettent d'atteindre la frontière argentine proche. Pucon, au pied du volcan Villarica et au bord du lac du même nom est un haut lieu du tourisme. La vue de ce cône de 2 850 m faisant rougeoyer les nuages la nuit, nous rappelle que depuis le 2 mai 2008 se déroule un drame plus au Sud, l'éruption du volcan Chaitén. Cendres et coulées de boues ont anéanti la ville de Chaitén située à 10 km du cratère. Les 4 000 habitants ont pu être évacués par la mer et relogés tant bien que mal à Puerto Montt et dans l'île de Chiloé. Ils ont perdu tous leurs biens, maisons, bateaux de pêche, leur bétail n'a pu être sauvé. L'éruption ayant repris en février 2009, le gouvernement refuse de reconstruire la ville sur le site et propose la construction ailleurs d'une nouvelle Chaitén pour 2012. Quelque 150 habitants, bravant les autorités, sont retournés avec leurs enfants dans la ville sinistrée, sans eau ni électricité. Il est question de les évacuer par la force, le gouvernement a qualifié leur comportement de « suicide collectif ». Le volcan peut exploser à tout moment, une nuée ardente pourrait tout dévaster comme à Pompéï. D'autres villages ont été menacés jusqu'en Argentine. La colonne de gaz et de cendres s'est élevée à 10 000 m et a même traversé l'Atlantique jusqu'en Afrique du Sud. Des lignes aériennes ont dû être détournées.


                                                                                                                                   Pucon - Lac de Villarica


       La Cordillère des Andes fait partie de la ceinture de feu du Pacifique comme les Rocheuses, les Aléoutiennes, le Kamchatka, le Japon, l'Indonésie, la Nouvelle Zélande... Le Chili est, après l'Indonésie, le pays doté de la deuxième chaîne de volcans la plus active et la plus étendue au monde. Le plus violent tremblement de Terre jamais enregistré, − celui du 22 mai 1960 à Valdivia sur la côte du Pacifique, de magnitude 9,5 − a duré dix minutes, détruit la ville portuaire faisant 5 600 victimes, réveillant de nombreux volcans. Le tsunami qui en résulta fit 200 morts à Hawaï et des dégâts jusqu'au Japon. Le Chili est un laboratoire naturel pour sismologues et vulcanologues (Haroun Tazieff y fit de nombreuses observations notamment au lac de lave du Villarica).

 

       Rien ne remplace la présence d'amis pour visiter et comprendre ce pays. De Valparaiso aux couleurs d'aventure, sa foule bigarrée, jusqu'aux régions du Sud. Nous buvons un expresso sur la place Sotomayor avec une jeune fille française qui travaille au Ministère chilien de la Culture. Elle aime ce pays, sa vitalité. La semaine de la francophonie s'ouvre demain à Santiago en présence de tous les ambassadeurs des différents pays représentés, nous y sommes conviés. Il faut se rappeler que Pinochet avait interdit l'enseignement de la langue française et avait ordonné de brûler tous les livres écrits en français. À Santiago Carmen nous a déjà fait part des efforts des différentes communautés pour travailler ensemble. Elle dirige un grand festival de théâtre. Auprès des Chiliens la France a une bonne image bien qu'une certaine ignorance perce dans les propos des gens de la rue. − Il y a de la vigne en France ? − nous demande le gardien de l'immeuble où nous habitons. Nous rencontrons d'anciens exilés, des collaborateurs d'Allende, accueillis en France, sous la dictature de Pinochet. Paris ou Grenoble, la France, ils connaissent parfaitement. Quatorze ans d'exil. Mais tous travaillent à développer la démocratie. H. D. a créé une société de conseil pour l'environnement, au plus haut niveau. Sa femme travaille à un projet pédagogique pour faciliter l'apprentissage de la langue aux enfants les plus démunis. Il y a des lenteurs, des paralysies mais pas de stagnation, de découragement même si dans les rues quelques mendiants exhibent leurs moignons. En 1973 le coup d'État de Pinochet ayant instauré un système ultra-libéral, la situation économique des milieux populaires s'était beaucoup dégradée et les gens pour s'en sortir se sont regroupés pour créer une économie populaire solidaire. On sent un dynamisme sans tensions excessives, un nationalisme aussi mais sans agressivité, et le désir de se relier aux ancêtres indiens.

 

       Partout se manifeste la référence à l'ethnie qui a survécu aux massacres, les indiens mapuches : Artisanat, médecines, musiques consignés dans des livres, films... Et la création n'est pas lettre morte puisqu'elle se perpétue dans les objets fabriqués à la main, vaisselle en bois ou en céramique, vêtements en laine et coton, en alpaga, vigogne ou lama, si doux et chauds.

 

                                                             Coucher de soleil à Isla Negra mars 2009


       Nous latins, avec notre langue si proche de la leur, nous nous sentons profondément attirés par les Chiliens, peuple de caractère, profondément humain, dont l'art de vivre n'a pas encore été détrôné par the american way of life qui se répand sur toute la planète. Puisse-t-il garder cette douceur rare et cette fierté tranquille avec lesquelles il nous a conquis. Il faudrait des pages et des pages pour évoquer ce qui en quinze jours nous a remplis de bonheur, dans l'accumulation de visions et de rencontres, gardons pour conclure la maison de Pablo Neruda, le grand poète, à Isla Negra, au-dessus de la mer qu'il aimait par dessus tout, avec la liberté.

 

                                                          Nicole et Christian de Pontcharra

          

Publié dans Le giron n° 16 (juillet 2009)

 

Les photos sont de C. de Pontcharra sauf celle du métro de Santiago dont l'auteur est F. Varas

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:23
                                                                       

       Nous atterrissons au Chili dans la région pluvieuse de Puerto Montt. De mini averses se créent momentanément et cessent, pour réitérer leur ruse plus loin. La flore est luxuriante et parfume à des kilomètres à la ronde. 

       Nous installons notre campement au bord d'un lac, un volcan au dôme enneigé nous snobe. Notre repas cuit sur le feu, qui crépite dans la nuit. Le ciel que nous offre ces nuits est si clair et si différent de celui que j'ai l'habitude de regarder à Puygiron. Ici les gens se repèrent avec la Cruz del Sur. Sur la plage de galets noirs on s'allonge. Les jambes sont lourdes, mais les cœurs légers. Au détour d'une balade, une folle cascade turquoise nous hypnotise. L'eau déferle, creusant l'ancienne coulée de lave. 

       Dans les divers parcs nationaux, on découvre des arbres grandioses, les araucarias. On se plaît à trouver refuge à leur pied, si minuscules que nous sommes face à ces colosses. Avec nos bras, nous ne parvenons à peine à faire le tour de leur tronc.

       Nous sommes accueillis à bras ouverts au sein d'une famille mapuche, dans la région de Temuco. Nous vivons à leur rythme pendant dix jours. Ces gens se considèrent comme les enfants de la Terre, Gaya. Ils vivent au gré des saisons, en harmonie avec la rivière, avec le galet tapi sur son lit, avec la montagne qui l'abreuve. Nous dégustons le maté, la boisson chaude traditionnelle à longueur de journée. Pourquoi ne resterions nous pas ici, avec eux ? Il est pourtant l'heure de repartir, le bus nous mènera jusqu'au désert d'Atacama, après un détour vers la capitale Santiago du Chili et la ville colorée de Valparaiso, coincée entre les collines et l'océan Pacifique.

                                                                              Colline JEAN


                                                                 Au bord du lac, avec en fond le volcan enneigé


       Publié dans Le Giron n° 15 (Janvier 2009)


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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 15:14

        

Le Giron demande aux Puygironnais expatriés de se rappeler à leurs concitoyens,

en envoyant une lettre, une note, évoquant leur voyage.



                                                                                                             Colline Jean


       23 octobre 2007, çà y est, le jour J ou plutôt « el dia D » ! Que dire quand on a un pied dans l'avion qui nous mènera au bout du monde et l'autre toujours planté sur le sol puygironnais ? On se jette à l'eau, les mains liées par la même envie, le même rêve, le même goût de l'aventure ...

       Les épaules alourdies par ce sac fidèlement rempli, les pieds prêts à fouler de nouveaux horizons, les yeux écarquillés par cette curiosité inépuisable. On y va, on est paré. Hasta luego camarades !

       Une nuit passée dans l'avion et nous atterrissons à Buenos Aires, la capitale argentine. Las locas de Mayo (les folles de mai) marchent en mémoire de leurs enfants perdus lors de la dictature, les couples dansent le tango, les joueurs du club mythique de Maradona, Boca Junior, courent sur la pelouse.

Nous quittons la capitale vers le Sud et roulons à travers un paysage sans relief. La Pampa. Les Gauchos sont les maîtres sur ces terres sauvages. Je me revois enfant galopant au bord du Jabron. L'horizon se déforme sous l'effet des vapeurs chaudes. Le périple commence et déjà on n'en voit plus la fin.

       Au bord de l'océan Atlantique, nous découvrons la faune marine. Nous vivons des instants émouvants en présence des baleines franches, des éléphants de mer, des pingouins et des lions de mer. Plus on se rapproche du bout du monde, plus les nuits sont fraîches. Un rituel avant de dormir est indispensable. Emmitouflés dans les sarcophages, nous trouvons le sommeil.


                                                                               El Perito Moreno


       Après deux mois de voyage, nous arrivons à Ushuaïa, au pied d'une chaîne de montagnes. Ce phénomène terrestre plonge désespérément ses pieds dans l'océan. Nous nous levons à six heures, pour se coucher à vingt-trois heures, avec le jour. On entend un craquement au loin, c'est un glacier qui chantonne. El Perito Moreno. Un glacier majestueux, qui déverse ce liquide indispensable, l'eau, sur toute la région avoisinante. Le soleil lui arrache des blocs entiers, qui viennent se fracasser à la surface de l'eau. La glace est happée par l'océan et donne naissance à de petits icebergs qui s'éloignent au large.

          La suite du voyage dans le prochain Giron...

                                                                             Colline Jean

        Publié dans Le Giron n°14 (juillet 2008)


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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 17:00
 

       Bonjour tout le monde, Je vous envoie quelques nouvelles du pays des kiwis. Après 30 heures d'avion, 18.000 Km et douze heures de décalage, me voilà arrivée en Nouvelle-Zélande. Un pays extraordinaire. Je suis venue ici, dans le but de découvrir un maximum sur les Maoris et les volcans, changer d'air et m'évader de la France ! Pays vraiment surprenant...

       Tout d'abord, j'ai ramassé des pommes pour me faire des sous et acheter un van afin de pouvoir voyager en toute liberté. Ensuite, j'ai parcouru le pays tout en bossant de temps en temps quand ma réserve d'argent était écoulée. J'ai fait tous les boulots inimaginables : emballage de fruits (kiwis car bien sûr, ici c'est le pays), serveuse, cueillette de fruits... mais tous très enrichissants de rencontres étonnantes et internationales.

       Ces deux petites îles plus ou moins inconnues à l'autre bout de la Terre (vu de France) valent vraiment le détour. Les habitants y sont très accueillants, les paysages magnifiques et très diversifiés. On peut se trouver des plages hawaïennes et des déserts sahariens ou bien se retrouver perdu dans les montagnes en quelques heures de route. Comme ce sont des îles volcaniques, il y a aussi beaucoup de sources d'eau chaude naturelles ou aménagées. Très sympa pour se relaxer après une dure semaine de travail...


Enfin que du bonheur et je le conseille à tous ceux qui ont envie de se dépayser. Sensations garanties !

Voilà les aventures d'une petite Puygironnaise en soif de découvertes... Gros bisous à tous et à bientôt, Julie.


      

            Publié dans Le Giron n° 13 (janvier 2008)

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 21:02

     

       Le residencial GOA porte le nom d'une montagne toute proche (Monte Goa) que le vent et le temps ont fortement érodée, dont le nom fait évidemment référence à la ville indienne qui fut longtemps, comme le Cap-Vert, une colonie portugaise.

       Le pays est un archipel de dix très belles îles, dont l'une est encore totalement inhabitée (elle est visible depuis l'hôtel, ce qui renforce un peu plus la sensation apaisante d'être vraiment loin du monde). Les gens y sont accueillants, les promeneurs découvrant le Cap-Vert y apprécient la qualité de la vie et des rapports humains. L'île de São Vicente est principalement connue pour sa ville portuaire de Mindelo, une ville chargée d'histoire et qui est aujourd'hui encore présentée comme la capitale culturelle de l'archipel. La grande diva Cesaria Evora y vit et vient s'y reposer entre deux tournées internationales.

       Tombés amoureux de cette île si attachante, nous avons construit un petit hôtel à échelle humaine, pensé et conçu pour accueillir les voyageurs curieux, en quête de confort et de calme.

        Pour plus de renseignements : http://www.goa-mindelo.com

           

              Publié dans le Giron n° 12 (juillet 2007)

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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 16:33

Le Giron demande aux Puygironnais expatriés de se rappeler à leurs concitoyens, en envoyant une lettre, une note, évoquant leur nouvelle situation.

Bonjour à tous et plus particulièrement à ceux que je ne connais pas ou que je ne fais que croiser, je me présente : Marie-Christine Edel, la dernière arrivée je crois, dans ce merveilleux petit village de Puygiron, un jour de neige en décembre 2005, au sein de la micro population d’en haut. On me donne un surnom qui n’est pas fait pour me déplaire : l’Égyptienne et pour cause ! Voici des années que je passais des vacances en Égypte, lorsqu’un jour de l’année 1997, le treizième de février, je décidai, de partir au pays des Deux Terres, la Terre Noire (la Fertile) et la Terre Rouge (le Désert). J’y restai sept ans. Sept ans de bonheur, de découvertes éblouissantes, de vibrations étonnantes…

Vous connaissez tous, bien sûr, ce fameux pays, peut-être y êtes-vous allés pour faire l’une des fameuses croisières sur le Nil ou de la plongée en Mer Rouge, mais l’avez-vous découvert dans la fougue et la fièvre de la liberté individuelle ? Ceux-là se reconnaîtront, ce sont les inconditionnels de cette Terre riche d’un passé antique exceptionnel, d’une culture, celle des siècles passés plus proches de nous et l’actuelle, toutes aussi fécondes…

Le Caire : agglomération de 18 millions d’habitants, ville grouillante et nonchalante dans laquelle le promeneur peut se sentir, ou complètement perdu ou complètement transcendé, cette ville aux mille et un minarets, palais princiers, mosquées de toute beauté, églises contrastant avec le milieu oriental, immeubles haussmanniens situés dans le centre, immeubles non terminés, décrépits, tenant à peine debout. Immeubles de grand luxe, buildings, palaces… Dans certaines de ces habitations, les secrets sont bien gardés, derrière des portes, des fenêtres, des moucharabieh ayant une valeur symbolique en Égypte, marquant la séparation entre intérieur et extérieur, entre nous et les autres, elles servent aussi à poser le maître des lieux, qui se soucie tout particulièrement de la qualité du matériau et de la richesse de l’ornementation. Le Caire et son souk de dédales interminables odorants et enivrants, sa Cité des Morts qu’ont investie les plus pauvres. C’est à qui, façonne des briques, souffle le verre, tourne la terre, se réjouissant de vous initier… Le Caire c’est la cruche d’eau qui vous attend à chaque coin de rue pour vous désaltérer, c’est celui qui vous propose de partager la galette de son maigre repas, celui qui vous tend un verre de thé. C’est aussi l’œil malicieux et complice des femmes, la sympathie des hommes, l’éternelle jeunesse des amoureux qui se retrouvent seuls au monde, main dans la main, au bord du Nil, le puissant fleuve roi… Puis, vous franchissez le pont Kasr-el-Nil, vous voici fouetté par le vent soufflant comme si vous vous trouviez en pleine mer face à de fortes rafales… Sur l’autre rive, c’est l’île de Zamalek sur laquelle se trouve le nouvel Opéra, belle architecture, chef d’oeuvre d’un Japonais, les clubs sportifs aussi vastes chacun qu’un terrain de golf, puis encore un pont, des ponts qu’on ne compte plus et toujours cette ville immense, tentaculaire où voitures, taxis, bus par milliers, mènent leurs quatre roues en une cacophonie de klaxons et, si vous prenez l’un de ces taxis bringuebalants, le chauffeur après avoir vite compris que vous êtes francaoui, clamera bruyamment les louanges de Jacques Chirac ! Et la francophonie n’est pas de reste. Par exemple, une longue tradition unit les juristes français et égyptiens au point que toute rencontre avec l’un d’eux constitue une surprise, l’occasion de découvrir que notre langue s’accompagne souvent d’une admiration pour les institutions de la France et d’une connaissance, parfois très précise, de ses règles juridiques. Elle est appliquée également au développement industriel du pays qui ne compte plus les sociétés françaises s’étant investies depuis des décennies.

Enfin, une quarantaine d’écoles religieuses sont implantées dans ce pays, au sein desquelles les cours sont pratiqués dans notre langue. Paradoxalement, leurs élèves sont aussi bien de confession musulmane que chrétienne. Elles sont très recherchées pour leur enseignement de qualité, contrastant avec les écoles publiques où celui-ci se fait dans des conditions désastreuses, avec des classes surchargées d’élèves travaillant debout ! La francophonie c’est aussi l’Université française de Senghor à Alexandrie, celle de Chorouk à 80 Km du Caire la dernière-née, inaugurée tout récemment et les centres culturels représentant une tradition française déjà bien ancrée en Égypte depuis l’expédition de Bonaparte qui ouvrit le pays à l’influence de l’Occident et particulièrement de la France. Nous ne parlerons pas de l’Angleterre ! Il y a donc une communication très intéressante et motivante en ces lieux culturels où se mêlent une certaine population égyptienne (majoritairement étudiante) et française, autour de soirées très animées avec projection de nos films, pièces de théâtre, littérature, poésie…

Attirée par ce pays mythique depuis toujours, j’y suis partie avec des repères spontanés et je m’y suis sentie chez moi en toute liberté, tout naturellement. J’y ai développé, comme si j’avais fait cela toute ma vie, un don inattendu, celui d’institutrice en maternelle durant quelques années, puis vint le jour de ma rencontre avec le patron égyptien de la librairie Hatier. Enfin ce fût l’ambassade du Caire où je travaillais comme une titulaire mais sans la même rémunération ! Peu m’importait, j’étais au summum de mon itinéraire professionnel cairote et heureuse de la vie que je menais. Oui, l’Égypte est une mouvance qui vous prend et vous enveloppe et lorsque le Giron paraîtra, je serai à nouveau pour les quelques mois d’hiver au soleil qui illumina des générations de pharaons : Râ. Il y a plus de cinq mille ans, se développait cette fabuleuse Histoire avec des pyramides gigantesques, des tombeaux magnifiques, des temples toujours debout, toute une littérature hiéroglyphique sur le support somptueux de rouleaux de papyrus. L’Égypte était et reste un vrai miracle, ce fameux don du Nil… Mais, lorsque je reviendrai, ce sera aussi avec une grande émotion que je retrouverai le petit nid d’aigle de Puygiron, ses collines et ses âmes qui sont devenues pour moi, ma famille, mon cercle fraternel…

Marie-Christine Edel

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)


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Le Giron

  • : legiron
  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

Recherche

Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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