Mariage à La Touche en 1921 - photo X
Les jeunes garçons étaient plus libres et sortaient plus souvent et plus loin à bicyclette. Quand un garçon remarquait une jeune fille, il commençait sa cour avec l’assentiment des parents de celle-ci. La demande en mariage se faisait officiellement et les fiançailles étaient organisées. Les parents des mariés se rencontraient et s’arrangeaient : par exemple, on souhaitait que le futur gendre vive dans la famille de la mariée s’il n’y avait pas de fils chez celle-ci ou on mettait en avant le trousseau constitué d’une dizaine de chemises, de draps, de serviettes de toilette, de torchons à vaisselle, de mouchoirs… Les différentes pièces du trousseau étaient brodées par les jeunes filles. La broderie était enseignée au patronage à Montélimar ou à l’usine Lacroix de Montboucher où les ouvrières étaient embauchées vers 12 ans, en internat, encadrées par des religieuses.
Le mariage se préparait longtemps à l’avance, en lançant tout d’abord les invitations. On invitait la famille proche et les amis des futurs mariés (que l’on assortissait en couple cavalier-cavalière). Pour l’occasion, les dames commandaient de belles toilettes pour l’occasion à la couturière. La robe de la mariée devait être blanche (symbole de pureté) avec un voile et parfois une traîne. La future mariée choisissait la couleur des robes de ses demoiselles d’honneur qui étaient ses amies proches. Henria Chaix la couturière de Puygiron travaillait parfois jour et nuit.
Deux jours avant le mariage, on commençait à préparer le repas, aidé par une cuisinière (Mme Maestrini ou la grand-mère de Riri Chaix). On préparait le festin avec les produits de la ferme : charcuterie, fromage, vin du pays, gros vol au vent à partager, volailles, et l’on tuait même parfois un agneau ou un cochon. Comme il n’y avait pas de réfrigérateur, on conservait les plats préparés en les recouvrant de saindoux. On commandait la pièce montée à Montélimar chez le pâtissier.
Le mariage était célébré à la mairie et à l’église le samedi matin. Tout le monde se déplaçait pour admirer le cortège. Les amis et voisins étaient conviés à l’apéritif et le repas pouvait durer plusieurs heures. Les cadeaux, souvent de la vaisselle, étaient exposés sur une table. L’après-midi se passait en promenades et détente. Le soir, on remangeait et dansait au son de l’accordéon, les phonographes étant peu répandus et les disques chers. La jeune mariée portait des bas blancs dont un était retenu par une jolie jarretière que l’on mettait aux enchères. L’argent récolté était offert au jeune ménage. On ne faisait pas de voyage de noces, juste parfois un petit séjour chez de la famille à Lyon ou à Marseille. Au cours de la soirée, les jeunes mariés disparaissaient discrètement dans un lieu tenu qui ne restait secret que quelques heures ! En effet, ils étaient réveillés dès le matin par leurs amis qui leur faisaient à boire une mixture (vin+chocolat+gâteau !!!) contenue dans un pot de chambre décoré d’un oeil. Le dimanche, on terminait ensemble les restes et parfois … on redansait !
Il est à noter que le fait de marier ses enfants entraînait la crainte d’une dispersion des biens de la famille. On mariait donc le fils aîné et l’on poussait les autres enfants à une vie religieuse ou au célibat.
Merci aux anciens Puygironnais de nous avoir conviées à un de leurs goûters et dévoilé quelques souvenirs…
D. R. et K. B.
Publié dans Le Giron n° 6 (juillet 2004)