En d’autres temps, les traversées de rivière étaient périlleuses, et celle du Jabron n’échappait pas à la règle ! Les familles Piallat, Vinard et Chaix, entre autres, dont les fermes étaient situées au Nord de la commune, emmenaient paître leurs troupeaux de quinze à vingt brebis sur les collines, terres non cultivées au sud du Jabron. Les terres fertiles au nord du Jabron étaient essentiellement consacrées aux cultures nobles, alors que celles du sud, plus sèches et ensoleillées accueillaient vignes et vergers. Une dizaine de jardins potagers en bordure des ramières était utilisée à la culture des légumes pour la consommation quotidienne des familles. On comprend donc que les traversées du Jabron étaient fréquentes.
Pour passer d’un côté à l’autre du Jabron, il y avait plusieurs possibilités : emprunter le pont de la départementale demandant un détour de trois kilomètres ou traverser par les ramières, itinéraire souvent difficile à pied car boueux ou inondé. Il existait « une planche » entre les deux rives à hauteur du quartier des Lizons, face à l’emplacement actuel de la station d’épuration. C’était une passerelle faite d’un peuplier coupé en deux, attachée par une chaîne sur une des rives et posée sur l’autre. Une main courante faite d’une corde sécurisait la traversée à 2 ou 3 mètres au-dessus de l’eau. C’était instable et très pratique, mais il fallait être prudent… Les plus téméraires franchissaient, au sec, la rivière sur cette planche tandis que les brebis la traversaient dans l‘eau… Souvent, une crue plus importante emportait la planche. Il fallait alors, pendant les journées de corvée que l’on devait au village, choisir un peuplier assez haut et l’abattre…
Éliette Grudzien et Pierre Laurent