Enfant, je me languissais d’être à Noël : je revoyais papé, mamie, le cousin, les cousines… Nous étions si heureux de nous retrouver près du sapin si richement décoré, devant un bon feu de cheminée qui nous brûlait le visage à trop le regarder. Les préparatifs commençaient : les enfants jouaient, les parents s’activaient dans la cuisine où déjà papa se coupait en ouvrant des huîtres bien trop malignes ! Quelques petits-fours engloutis, puis nous partions à la messe de minuit. Il neigeait parfois : je trouvais cela magique, et la soirée s’annonçait plus belle encore et plus féerique. Je croyais m’envoler dans le ciel, aspirée par un ascenseur d’étoiles qui s’écrasaient inlassablement à chacun de mes pas. Évidemment, l’ascenseur s’arrêtait et je me retrouvais brutalement confrontée à la réalité : il faisait froid, j’étais mouillée et des maux d’estomac commençaient à se manifester…
Enfin, nous arrivions devant l’église où tout le monde se connaissait, au grand dam des tout-petits qui piétinaient d’impatience pour rentrer au chaud et se placer au premier rang. Car la messe, c’était un spectacle, du théâtre, une scène vivante ! Le curé nous racontait de belles histoires et nos yeux, alourdis par le sommeil, ne cessaient d’admirer toutes les lumières scintillantes de Noël. La musique enchantait. « Alléluia », nous le chantions de bon coeur, et nos pauvres oreilles souffraient lorsqu’à côté de nous, Bénédicte s’époumonait pour accueillir le « divin enfant » honorablement !
Au sortir de la messe, la nature s’était transformée : un manteau blanc avait recouvert tous les toits et les flocons de neige s’étaient figés dans le ciel au milieu des étoiles éternelles. La nuit de Noël avait commencé… Le repas était à peine entamé que déjà mes yeux se fermaient, et mon coeur rempli de lumières et de chaleur était au comble du bonheur.
C. V.
Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)