Une programmation est toujours le fruit d’un désir et d’une vision. Florence Chalamet, pianiste et fondatrice du festival, a souhaité associer à la musique la figure d’une grande danseuse, chorégraphe et pédagogue, Isadora Duncan, née à San Francisco en 1877. D’abord parce que la danse et la musique se conjuguent depuis la nuit des temps. L’homme danse, chante, il s’accompagne d’instruments. Ensuite parce qu’elle représente bien la création, toutes les créations libres, portée par une utopie. Elle a ouvert la voie à la danse contemporaine, celle que l’on appelle la modern dance. De grandes figures de la danse contemporaines comme Merce Cunningham ou Martha Graham lui sont redevables de cette première rupture avec une esthétique rigide. Libération du corps, adoption d’une gestuelle rattachée à la culture grecque antique, vêtements souples et pieds nus pour une quête du naturel. Mise en veilleuse de la musique de ballet au profit des concertos et symphonies, de Bach, Beethoven, Scriabine, Schubert, musique des tziganes… où elle communie dans une élévation de l’âme qui charge de sacralité sa chorégraphie Des choix éclectiques au gré de la fantaisie toujours créatrice de cette artiste d’exception, grande voyageuse, égérie, modèle et amie des plus grands, tels Rodin, Bourdelle, Picasso.
Afin d’éclairer l’esprit de la danse d’Isadora nous avons le plaisir d’accueillir un spectacle créé pour le festival par les élèves du Conservatoire de Montélimar, avec une musique originale de Gilles Trial.
Pour donner une image de cette femme extraordinaire Florence Chalamet s’appuie sur un texte qui n’est pas une biographie d’Isadora, mais un texte de création littéraire de Natacha de Pontcharra, dramaturge, publiée et jouée au théâtre. Commande du festival de la danse d’Uzès. Au cours des cinq concerts des extraits de ce texte très dense, lus par Natacha de Pontcharra et Vassilissa Proust, permettront de suivre quelques moments fondateurs de la vie d’Isadora. Vie lumineuse dans la création, le succès, mais aussi marquée par des drames, comme la mort accidentelle de ses deux jeunes enfants, le suicide de son mari le grand poète russe Serge Essenine et sa propre disparition puisqu’elle mourut en 1927 étranglée par son écharpe qui s’était malencontreusement prise dans les rayons de la roue de la Bugatti qu’elle avait empruntée à l’un de ses amoureux de passage.
Nicole de Pontcharra
Rendez-vous les 4, 5, 6 et 7 juillet 2013 pour la quatrième édition du festival qui comportera six concerts sur le thème du voyage.