L’Ambrosia artemisiifolia, appelée aussi absinthe du Canada ou herbe de la St Jean, est originaire d’Amérique du Nord. Elle est arrivée en France en 1863 dans un lot de semences et a colonisé tout le territoire car elle est peu exigeante et connaît peu de plantes concurrentes. Son pollen, de forme sphérique, hérissé de pointes, mesure 20 microns de diamètre. Un gramme de pollen représente 90 millions de grains. En moyenne un plant peut émettre plusieurs millions de grains par journée. Les allergies peuvent se déclencher à partir d’une concentration de 5 grains par mètre cube d’air.
Si sa présence est restée discrète jusqu’aux grands travaux d’aménagement du territoire, dès 1945 elle s’est mise à proliférer en colonisant les terrains mis à nu : voies de communications, terrains en friche, zones pavillonnaires, chantiers de travaux publics, zones de stockage de matériaux, espaces verts, terrains agricoles, lits des rivières, digues… La graine d’ambroisie enterrée a une durée de vie de dix ans. En déplaçant d’énormes quantités de terre l’homme est responsable de sa dissémination. En effet les zones à faible densité de population sont peu concernées, l’Est de la Drôme par exemple.
La région Rhône-Alpes, vallée du Rhône essentiellement, est en France la plus touchée. Chaque année les allergies dues à l’ambroisie touchent 10% de la population française, (Allemagne et Pays-Bas 14 %, Danemark 20 %, Hongrie 59 % !), soit plus de 47 000 personnes pour la Drôme, 500 000 en Rhône-Alpes, provoquant rhinites, trachéites, conjonctivites, otites, asthme, eczéma, urticaire, et cela à vie pendant la période de pollinisation, août et septembre. Le coût humain et financier est considérable, consultations, médicaments, arrêts de travail, hospitalisations. Celui-ci est estimé par l’URCAM à 9 000 000 d’euros annuels en Rhône-Alpes. Pour les personnes atteintes ces deux mois sont très difficiles à vivre. Les traitements sont peu efficaces et souvent le généraliste ou l’allergologue vous conseillera de quitter la région. La solution est environnementale et non médicale.
Actuellement les moyens de lutte sont l’arrachage, le fauchage, le broyage, le désherbage chimique avant la floraison qui débute fin juillet. Des mesures préventives existent : installation de membranes textiles, les paillis, la végétalisation. Des expériences de pacages de moutons sur 60 ha ont été réalisées avec un certain succès depuis 2004 dans la réserve naturelle des Ramières sur les bords de la Drôme.
Un arrêté préfectoral spécifique à la lutte contre l’ambroisie a été publié dès mai 2001. Son application s’est révélée délicate, les maires rechignant à verbaliser leurs administrés, les agriculteurs invoquant souvent le manque de moyens.
Dans la Drôme sous l’impulsion de l’ARS (Agence régionale de Santé) Rhône-Alpes et d’associations très actives comme l’AFEDA depuis trente ans, « Stop ambroisie » depuis dix ans, et plus près de chez nous « Vents libres sur nos collines » notamment, cette année 2010 la lutte contre l’ambroisie a franchi un grand pas en avant : Un comité de pilotage s’est réuni le 4 mai à la Préfecture, un plan départemental d’actions a été présenté le 16 juin aux présidents de communautés de communes, aux maires. Les axes forts de ce plan sont la nomination de référents communaux ambroisie et la constitution de cinq groupes de travail thématiques : réglementation, communication, routes/zones urbanisées, domaine agricole, rivières/cours d’eau.
Dès septembre 2010 grâce à une forte mobilisation territoriale à tous les niveaux des résultats encourageants, quoique mitigés, ont été constatés : 50 % des communes ont nommé un référent communal, 27 % de celles-ci ont fourni un bilan de leur action aux services de l’État. Qu’en est-il de Puygiron ?
Pour la Sésame, d'après l'A.R.S. (Agence régionale de Santé) Rhône Alpes, 12 communes sur 15 ont répondu à cette mobilisation sauf : La Touche, Portes en Valdaine et... Puygiron !
La lutte contre l’ambroisie est un enjeu de santé publique, c’est l’affaire de tous et la responsabilité de chacun.
Christian de Pontcharra
Références :
www.ambroisie.info/docs/Arrete_Ambroisie_DDASS_26.pdf