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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 16:15

 

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       L’association PNE (Puygiron-Nature-Environnement) a organisé le 28 août dernier une conférence à la salle des fêtes de Puygiron, suivie d’une sortie nocturne, encadrée par des scientifiques, Stéphane Vincent et Thomas Déana, à l’occasion de la 13ème Nuit européenne de la chauve-souris.

       En Europe, les effectifs de certaines espèces de chauves-souris sont en régression alarmante. Régression due entre autres à l’utilisation exagérée d’insecticides éliminant leur nourriture, à l’urbanisation et à l’assèchement des zones humides, aux visites répétées des grottes... ! Aussi, sous la coordination d'Eurobats (secrétariat de l'accord européen relatif à la protection des Chiroptères) plus d’une trentaine de pays ont participé à la Nuit européenne de la chauve-souris.

Ils sont des centaines de bénévoles qui, tout au long de l'année, étudient ces animaux fascinants et protègent leurs milieux de vie. ! Les nuits du 28 et 29 août 2009, ils ont fait découvrir sur plusieurs sites les moeurs des chauves-souris, leurs techniques de chasse au sonar, leurs cris grâce à un détecteur d'ultrasons et même leur observation après capture. C’est ce que nous avons vécu avec grand intérêt et enthousiasme à Puygiron !

       La conférence a commencé par un film et un exposé de Thomas, pendant que Stéphane allait placer les filets près du Jabron. Les chiroptères ou chauves-souris sont des mammifères. On les trouve dans un nombre impressionnant de gîtes naturels : milieux souterrains, crevasses et fissures des parois rocheuses, sous les feuillages… Depuis que l'homme s'est fait bâtisseur, elles occupent aussi la majorité des constructions, des charpentes aux caves, en passant par les ponts et les ouvrages militaires. L'aile de la chauve-souris est en fait une main modifiée. À l’exception du pouce, les autres doigts sont particulièrement allongés et sous-tendent une fine membrane de peau, souple et élastique, assurant la portance ! Cette main ailée peut aussi servir de protection quand l'animal est au repos. Il s'en enveloppe alors comme d'une grande cape isolante. Les ailes agissent aussi comme un régulateur thermique. Les chauves-souris passent une grande partie de leur vie la tête en bas. ! Les pieds des chiroptères ont subi une rotation de 180° par rapport aux nôtres, adaptation qui s'avère idéale pour s'accrocher facilement. Ainsi, elles ne dépensent aucune énergie, même suspendues pendant de très longues périodes ! Elles quittent leur gîte à la tombée de la nuit. L'essentiel des espèces s'oriente et chasse à l'aide de l'écholocation, un système comparable au sonar qui leur permet d'évoluer dans l'obscurité la plus totale. Elles font partie des rares animaux qui peuvent "voir avec leurs oreilles" ! La vue si elle est tout à fait fonctionnelle, constitue l'un des sens les moins performants.

En Europe, toutes les chauves-souris sont insectivores. En une nuit, une chauve-souris peut consommer près de la moitié de son poids en insectes variés tels les moustiques et autres parasites de l'homme, mais aussi des papillons de nuit dont beaucoup d'espèces se développent aux dépens des cultures, des arbres fruitiers… Les chauves-souris se comportent donc comme d'excellents insecticides naturels, et ceci sans empoisonner le sol et l'eau pour des dizaines d'années. De plus, leur guano peut être utilisé comme engrais d'appoint dans nos pays industrialisés.

       En hiver, leurs proies disparaissant, les chauves-souris ne peuvent plus se nourrir et entrent en léthargie. La température de leur corps s'abaisse considérablement, et tous les mécanismes physiologiques sont extrêmement ralentis. Elles sont alors très fragiles et tout dérangement peut leur être fatal. L'hibernation induit chez les chauves-souris un cycle de reproduction très particulier. Si les accouplements ont lieu en automne, la fécondation des ovules n'a lieu qu'au sortir de l'hiver. Il s'agit d'une ovulation différée, ovules et spermatozoïdes restant "séparés" jusqu'à cette période ! En évitant ainsi une trop grande dépense d'énergie (l'accouplement en est une !) à la fin de l'hiver, les femelles peuvent reconstituer leurs réserves et aborder dans de bonnes conditions physiologiques la période de mise bas et l'élevage de leur unique jeune durant l'été.

Actuellement, il existe 33 espèces de chauve-souris en France. La plupart des espèces ont une envergure comprise entre 20 et 25 cm et un corps long de 4 à 5 cm seulement (Pipistrelles, Oreillards, Barbastelle…). Cependant quelques espèces atteignent 40 cm d’envergure (Noctules, Sérotines, Grand Rhinolophe, Grand Murin) ! Le baguage des chauves-souris a permis aux scientifiques d’identifier la plus âgée des chauve-souris baguées à ce jour : elle est âgée de 43 ans ! Ils suivent la nuit leur progression grâce à des émetteurs. Le film que nous avons visualisé lors de cette conférence mettait en évidence la difficulté parfois loufoque de suivre une chauve-souris qui peut chasser jusqu’à 40 km de son gîte.

       Nous sommes ensuite sortis et avons marché dans la nuit vers le Jabron. Nos lampes de poches formaient une guirlande lumineuse et nous nous sommes rapprochés de Stéphane en silence. Lors de cette « virée » nocturne, Stéphane et Thomas ont capturé dans les filets placés sur le Jabron, trois chauves-souris d’espèces différentes qui ont été immédiatement relâchées après leur observation. Stéphane, vacciné contre la rage, nous les a présentées une à une dans ses mains expertes les manipulant avec beaucoup de soin. Les enfants et même certains adultes manifestaient leur surprise et leur intérêt à chaque découverte : de la dentition particulièrement acérée d’une Pipistrelle à la dimension étonnante des oreilles de l’Oreillard gris, en passant par la finesse délicate de leurs ailes !

 

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       Cette soirée a permis aussi de démystifier toutes les légendes autour des chauves-souris et nous a tout particulièrement sensibilisés aux menaces réelles qu’elles subissent.

       L’organisation de ce type de manifestation est un bel exemple d’effort pour tenter de préserver la biodiversité sur notre planète. Et un grand merci à Stéphane et à Thomas pour la nuit magique qu’ils nous ont offerte !

                                                                                      D. R.

       Publié dans Le Giron n° 17 (janvier 2010)

 

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Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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