Notre responsabilité
Quand on fait partie d’une association, et qui plus est, quand on participe à un collectif pour la fabrication d’un petit journal, on sait bien pourquoi on le fait. Simplement parce qu’un individu isolé peut peu, et qu’un groupe a plus de poids pour faire passer des idées. Donc on a des idées à faire passer, pas seulement les siennes, ce qui serait incompatible avec la solidarité que l’on cherche, mais celles qui vous paraissent utiles pour la collectivité. Tout le monde n’a pas le goût de la vie et des actions associatives et pourtant presque tout le monde s’interroge sur les moyens à mettre en oeuvre pour maintenir et développer la beauté, la vie contre la violence, la laideur, la mort. Tout le monde a des idées. Mais beaucoup se taisent. Par timidité, par manque de confiance en soi, par respect humain. Pour ne pas aller à contrario d’une attitude courante où le laisser faire l’emporte sur l’interrogation active de la réalité de la vie quotidienne, on se tait pour ne pas prendre de risque. C’est aussi simple. Ici on parle. Sans hargne, ni procès d’intention. On parle de ce que l’on voit. De ce qui nous semble poser un problème. De ce qui pourrait être amélioré pour que chacun vive mieux. Pour que de la discussion sorte une vérité susceptible de nous faire avancer tous vers ce monde de paix, de beauté et de vie. Quel est l’exemple que nous donne le monde ? Un champ de toutes les batailles.
Nous avons la chance de nous trouver dans un microcosme qui nous semble loin de ces affrontements visibles ou invisibles, or nous rencontrons des enjeux qui, à une petite échelle, rejoignent les enjeux internationaux et planétaires. Une interrogation sur l’environnement, le développement, un dépôt d’ordures, des éoliennes intempestives, les nuisances d’une usine, la circulation à réguler. Il est essentiel de parler, de faire preuve d’esprit critique dans un but constructif ce qui est complètement différent du dénigrement.
Un philosophe contemporain, Miguel Benasayag, chroniqueur sur France Culture jusqu’en janvier 2005, rappelle souvent qu’il n’est plus temps de faire la révolution, mais que, par contre, chacun, là ou il est, aussi modeste que soit son statut, sa position, a le devoir de s’engager avec le monde, pour le monde, pour justement, la paix, la beauté, la vie, un monde humain. S’engager, c'est-à-dire se dire concerné, sortir d’une passivité facile, prendre ses responsabilités en exprimant son point de vue. Ne serait-ce que cela. Dans ce monde humain, la mémoire joue son rôle. Comme vous pouvez le voir nous avons grand souci de l’Histoire et de l’histoire des personnes, des familles, de toutes les familles qui ont fait que Puygiron existe aujourd’hui. Des Puygironnais expatriés aussi, quand ils veulent bien faire signe. C’est un va-et-vient entre le passé et le présent, entre ici et ailleurs que se nourrit notre réflexion commune à partager avec tous nos lecteurs.
N. P.
Publié dans Le Giron n° 8 (juillet 2005)