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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 15:27

 

                                                                                                                                                          Photo C. P.

L’eau est arrivée dans les éviers en 1952, date à laquelle Puygiron fut rattaché au Syndicat intercommunal de distribution d’Eyzahut du canton de Marsanne. Les travaux (à la pelle et à la pioche) ont été entrepris à la Libération et ont duré trois ans. Avant 1952, on allait chercher l’eau dans des puits et quelques bassins alimentés par des captages dans les collines. Les puits, surtout dans le village, étaient souvent profonds. L’eau y était puisée avec des petits seaux de cinq à dix litres attachés à une chaîne sur une poulie. Certains se trouvaient proches de la maison (dans la cour) mais ils pouvaient en être distants de cinquante à cent mètres. Souvent un deuxième puits plus éloigné devait être utilisé en cas de sècheresse (fréquentes à Puygiron !)

 

                                                                                Photo C. P.

L’eau était bien sûr nécessaire pour la toilette, la cuisine, la vaisselle, la lessive, pour abreuver les animaux, pour le boulanger du village… La toilette était simplifiée et se passait dans la chambre dans laquelle il y avait une table de toilette avec un ensemble broc et cuvette en faïence. On lavait les enfants dans une bassine, devant la cheminée. Les hommes se rasaient une fois par semaine et se lavaient les pieds aux grandes occasions. En 1940, il ne devait exister que deux ou trois salles de bains à Puygiron. Les WC étaient à l’extérieur de la maison dans une cabane en bois, souvent à côté de la fosse à fumier. Pendant la nuit, on utilisait un seau hygiénique que l’on vidait le matin sur le fumier. La cuisine se faisait dans cheminée ou dans une cuisinière à bois en fonte avec four et sur le côté un petit réservoir d’eau de quatre à cinq litres, le bain-marie. Plusieurs fois par jour, les femmes devaient « aller à l’eau » avec deux seaux en tôle galvanisée de dix litres chacun environ. Les légumes étaient lavés dans une bassine et cuits dans une soupière en fonte. La vaisselle était lavée dans une bassine sur l’évier en pierre, avec une pincée de cristaux de soude et rincée dans la même bassine. On faisait la vaisselle dans la gabouille, endroit frais derrière la cuisine. De l’évier pouvaient partir des écoulements et rigoles jusqu’au tas de fumier.

Les familles étaient importantes et souvent trois générations cohabitaient. On lavait le linge plus rarement : une fois par semaine pour le petit linge, une fois par mois pour les draps et serviettes. Le petit lavage se faisait dans une bassine dans l’évier, avec un peu d’eau chaude de la cuisinière. La grande lessive était mise à bouillir dans une lessiveuse contenant une vingtaine de litres d’eau avec de la lessive de soude, et dans certaines maisons, de la cendre de bois dans un petit sac en coton pour faire blanchir le linge. Après un grossier essorage, le problème était le rinçage qui demandait beaucoup d’eau. Dans les maisons qui n’avaient pas de puits, la lessiveuse était emportée dans une brouette vers une fontaine, une rivière ou un canal.

Les animaux (boeufs, chevaux, porcs...) étaient abreuvés à l’écurie avec des seaux, le matin et le soir. On donnait les eaux usées aux porcs. Les brebis, en rentrant du pâturage, buvaient à côté du puits dans un bassin (demi-tronc d’arbre creusé) Il y avait encore un boulanger au village, Gabriel Mouillac. Il y avait toujours devant sa porte un seau d’eau pour sa panouche, linge mouillé pour retirer les cendres du four. Sa femme et sa fille allaient chercher l’eau de la fournée avec des seaux dans un des rares puits très profond du village. L’été, elles descendaient même jusqu’en bas du village. Le rétameur passait souvent pour réparer le fond des seaux.

L’arrivée de l’eau sur l’évier a été un progrès formidable surtout pour les femmes, mais une révolution dans les esprits : l’eau, don du Bon Dieu devait être payée… Et l’encaisseur passait…


Merci de me faire partager vos souvenirs et de perpétuer ainsi la mémoire du village.

                                                                                                                       Propos recueillis par D. R.

Publié dans le Giron n° 8 (juillet 2005)

 

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Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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