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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 22:36


Si tu veux être heureux une heure, enivre-toi,

Si tu veux être heureux un jour, tue ton cochon,

Si tu veux être heureux une semaine, fais un beau voyage,

Si tu veux être heureux un an, marie-toi,

Si tu veux être heureux toute ta vie, fais-toi jardinier.


       À Puygiron, chaque famille avait son jardin potager sur les terrains autour du village ou attenant à la ferme pour les plus chanceux. Leur surface était variable suivant l'importance de la ferme... et selon le courage du propriétaire !

       Au village, Benjamin Laurent (maison de la famille Ver) possédait une vigne plein Sud à proximité de la carrière et quelques terres au Levant. Il travaillait avec son âne. Parfois son épouse venait l'aider à pousser la charrette dans la montée de la croix quand l'âne ne pouvait plus la gravir. Le curé avait un jardin potager sous le village vers les jeux d'enfants. C'est le mari de Jeanne qui allait le bêcher. Le boulanger, M. Mouillac avait aussi le sien sur le terrain de M. Chanzy. On le voyait y travailler tous les après-midi après la sieste. Son épouse, Mme Mouillac allait dans son jardin au Portalet. Personne n'avait intérêt à la déranger à ce moment-là pour lui demander du pain !!! Lucien Mouillac, le père de l'institutrice, cultivait quatre lopins différents ! Un à l'emplacement du terrain de M. Ragel, ses légumes à feuilles sur le terrain de M. Roux et un immense jardin sur le terrain de Mme Thévenet. Le quatrième, jardin d'ornement, se situait au Nord de la propriété Brunel.

       À la ferme, c'étaient généralement les anciens ou les femmes qui s'occupaient du jardin. On travaillait tout à la bêche : il n'y avait pas de motoculteur et l'on n'utilisait pas d'engrais mais du fumier. C'était bien sûr de la culture bio avant que le terme n'existe encore.

       Pour l'arrosage, on allait tirer l'eau avec l'arrosoir des puits du village et du bassin ou de la citerne des fermes. Dans le vieux village, presque toutes les maisons avaient un puits. Même s'il est en hauteur, il y a toujours eu de l'eau au village. Au Couchant, c'était l'abondance dans les jardins car on se servait de l'eau des canaux en enlevant les planches de retenue. Les canaux, alimentés par le Jabron, partaient du « verger Cambiano » et allaient jusqu'à l'usine Lacroix en passant par le « Moulin vieux ».

       Ces jardins étaient un apport important pour la famille. Les repas étaient en général à base de légumes : carottes, navets, céleris, potirons, concombres, cornichons, courgettes... La soupe du soir mijotait dans une grande marmite en fonte pendue à la crémaillère dans la cheminée. On l'agrémentait de pain ou d'une tranche de lard.

       En novembre, on semait les petits pois « A la Sainte Cécile, les petits pois en font mille », (le 22 novembre) et l'ail. On resemait parfois encore des petits pois en mars. Les haricots s'ensemençaient à la Saint-Joseph, soit le 19 mars. Les graines de laitues et de radis étaient mélangées et semées à la volée sur le même carré de terre. Les radis arrivaient à maturité en 20 à 25 jours. On les arrachait en laissant les semis de laitue. On préparait les semis de poireaux ou de tomates, dans des caisses avec du terreau que l'on laissait sous une vitre au soleil en guise de serre.

       On repiquait ensuite les semis. On n'allait pas acheter des petits sachets de graines de salade, mais on laissait « monter » une salade pour qu'elle puisse donner des graines que l'on récoltait pour les prochaines semences.

       L'hiver, la frisée et la scarole ne craignaient pas le gel. En Ardèche, Jeanne se souvient que l'on protégeait les plans sous des planches avec de la paille. On « paillait » les cardons et les céleris sous des vieux sacs. On gardait les pommes de terre, l'ail et les oignons toute l'année dans la cave, à l'abri de la lumière et de la chaleur pour ne pas qu'ils germent. Dans les jardins, il n'y avait pas beaucoup de fleurs. Les hommes n'étaient pas fleuristes... Ils repiquaient parfois quelques chrysanthèmes. Cependant, certains se souviennent des beaux dahlias et reines-marguerites de M. Dumas (et de ses asperges exquises aussi.)

 Merci encore à vous, Jeanne et Pierre, pour votre gentillesse et votre disponibilité. À très bientôt !

                                                                                                                                             D. R.

              Publié dans Le Giron n° 13 (janvier 2008)



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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 21:08

Le 18 mai 1975


En partant d'en-haut à gauche :

Béatrice Leroy,
Marielle Lévèque, Mireille Roux, Magali Veyrier, Ghislaine Lévèque, Hernani, Patrick Monier, Pascal Sauvan, Pascal Leroy, Eric Berger, Patricia Monier, Déolinda

Publié dans Le Giron n° 12 (juillet 2007)
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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 11:41


       À l'époque, il n'y avait pas de sécurité sociale et, par conséquent, on attendait une situation vraiment critique pour faire déplacer le médecin. On se débrouillait seul en utilisant les soins appropriés à chaque mal. Il n'y avait que trois ou quatre médecins à Montélimar, et deux à Dieulefit : un protestant et un catholique soignant respectivement chaque communauté. Cependant, c'est bien le médecin protestant qui se déplaça pour soigner la jambe cassée du frère de Pierre, alors qu'il n'était pas de la même confession.

       Les grossesses se passaient sans contrôle prénatal. Quand l'heure de la naissance arrivait, on allait chercher la sage-femme et cela se passait, en général, à la maison. À Puygiron, c'est Joséphine Sauvan, épouse du chef de gare, qui assistait les futures mamans, aidée par une ou deux voisines. Sa formation venait sûrement d'une autre sage-femme... Les hommes n'étaient pas tolérés dans la chambre et on leur demandait d'aller chercher de l'eau chaude : ça les occupait ! On appelait le médecin dans un cas extrême et parfois, il était trop tard, comme pour Léona Piallat, décédée tragiquement d'une hémorragie lors de la naissance de son troisième enfant. Les nouvelles mamans restaient alitées une semaine à la suite de leurs couches pour éviter tout risque, et donnaient le sein à leur bébé, pudiquement, sous une serviette. On pouvait accoucher aussi à l'Hôtel-dieu de Montélimar, hôpital situé dans la grande Rue (actuel musée de la miniature), où les religieuses, pas toujours très douces, vous attendaient. Jeanne se souvient de l'accueil glacial qu'elle avait reçu pour la naissance de Colette. Mais, comment pouvez-vous accoucher dans votre état ?  lui avait-on dit, parce qu'elle avait malheureusement contracté la poliomyélite pendant sa grossesse.

       Finalement, Colette était bien née ! Monette se rappelle que son époux, Pierre, désireux d'être présent, avait été accepté dans la salle d'accouchement, même si à l'époque ça n'était pas courant...

       On vaccinait les enfants uniquement contre la variole, en laissant une belle empreinte sur le bras. Vers les années soixante, celle-ci s'est déplacée sur le pied des petites filles, par esthétisme. Les enfants attrapaient donc toutes les maladies dites de la petite enfance et souvent contagieuses: coqueluche, rougeole, oreillons... maladies infantiles que l'on ne voit plus. Avant l'apparition des vaccins correspondants, il arrivait aussi de contracter la tuberculose ou la poliomyélite.


       La tuberculose a fait des ravages dans les années 30, surtout dans les villes ouvrières. On allait se soigner dans des sanas, sanatoriums à la montagne. À Dieulefit, il y avait le Centre pulmonaire du docteur Préault où l'on soignait aussi les tuberculeux. Le docteur Préault était un médecin très apprécié et avant-gardiste dans son domaine. Jeanne se souvient tristement des enfants, au Centre, installés en déclive, sur une planche, attachés par les pieds, la tête inclinée vers le bas, les aidant à expectorer. Dans les écoles, les institutrices faisaient vendre par les enfants des carnets de timbres permettant de récolter quelques fonds pour lutter contre la tuberculose. Vers les années cinquante, l'amélioration des conditions de vie et l'apparition du vaccin BCG ont fait reculer cette maladie.

       Monette évoque que petite, elle n'avait jamais vu de docteur ! Pour les bronchites, on plaçait sur la peau des ventouses en verre, chauffées à l'aide d'une mèche alcoolisée. L'application des ventouses chaudes sur la peau, entraînant parfois des brûlures, faisait le vide entre la peau et la ventouse et tirait le mal. La peau devenait souvent violette sous les ventouses. Parfois, on sclérosait même la peau en faisant une petite croix à l'emplacement de la ventouse.

       On posait aussi des sinapismes sur la poitrine sous forme de cataplasmes de farine de lin et de graine de moutarde. Contre les maux de gorge, on appliquait sous un linge de la teinture d'iode sur la peau, tout autour du cou. Un bon vin chaud remettait d'un petit rhume (on croyait d'ailleurs beaucoup aux vertus du vin). Monette se souvient que sa maman lui appliquait un peu de vaseline sur le nez quand elle était enrhumée, la protégeant ainsi d'irritations ou de rougeurs. Contre la constipation, on utilisait des poires en caoutchouc pour lavements, ou l'on administrait des petites quilles de savon glycériné aux enfants. Pour les problèmes circulatoires, le sirop de jouvence de l'abbé Soury (inventé en 1745 et toujours commercialisé) et contre les coliques, l'élixir parégorique. Chez l'herboriste, on trouvait différentes tisanes : la bourrache contre la toux, le sureau pour les poumons, les queues de cerise diurétiques, la camomille pour le foie, le tilleul et la verveine pour la digestion...

       Contre les rhumatismes, on portait une ceinture ou un gilet de flanelle qui permettait de garder la chaleur de la transpiration sur le dos. En ce qui concerne les lunettes, on les achetait à la foire. Les plus fortunés allaient chez l'oculiste de Montélimar, M. Flandin, rue Roserie (rue Roger Poyol). Pour les soins dentaires, chacun se souvient du Docteur Truche à Montélimar, un vrai bourreau... Ceux qui ne pouvaient pas y aller avaient des chicots à la place des dents. Pour une luxation ou une foulure, on allait chez le rebouteux, le curé d'Aubignas ou le père Magnet, charpentier à Dieulefit, qui soignait aussi les bêtes contre ces mêmes maux... Si on questionnait les gens, personne n'allait voir les guérisseurs... Pourtant, c'est Yvonne Boisson qui éteignait les brûlures et M. Roustand (ferme Francis Gay) qui enlevait les verrues avec une ficelle et des incantations. M. Béroule de Rochefort détenait différentes recettes, contre le ronflement par exemple, et même contre la coqueluche : dans un panier à salade, il fallait saupoudrer du sucre sur des escargots fraîchement ramassés, et recueillir la bave pour la faire boire (!!!). Mais Jeanne n'a jamais voulu essayer !!!

       Merci encore à vous « les anciens » de Puygiron, qui me surprenez à chacun de nos rendez-vous par votre joie de vivre et votre jeunesse. Merci aussi pour votre gentillesse et générosité. Je compte sur vous pour le numéro 13 !

                                                                                        D. R.

       Publié dans Le Giron n° 12 (juillet 2007)

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 15:12


Pierre Viel disait : Les agriculteurs sont les artisans de la nature. Avant les années 50, Puygiron était une commune où dominait l’agriculture. Tout le monde était agriculteur… Au Levant, on comptait une dizaine d’exploitations de deux à quinze hectares. Aujourd’hui, il reste sur toute la commune trois exploitations agricoles, sous contrat et très contrôlées.

Toutes les générations vivaient ensemble à la ferme et chacun y travaillait. C’était l’aîné des enfants, marié, qui devenait le chef de l’exploitation, même si l’aïeul continuait à garder une certaine autorité. Les plus jeunes frères et soeurs restaient à la ferme jusqu’au service militaire pour les garçons, et au mariage, pour les filles… Souvent, celles-ci travaillaient quelques années, le soir, à l’usine Lacroix pour gagner l’argent du trousseau.

Après avoir nourri leurs tout-petits au sein, les mères avaient peu de temps à consacrer aux enfants qui trottaient derrière elles dans la ferme et qui apprenaient vite à être utiles ! En Ardèche, après l’école, Jeanne Sauvan se souvient qu’elle devait retourner le foin, coupé à la faux, un jour sur deux pour le faire sécher et l’entasser en petits tas, les cluches. Et s’il pleuvait, il fallait vite le rentrer en courant sur des terrains en escaliers.

On vivait de la production de polyculture (céréales, betteraves pour la sucrerie d’Orange, lavandin, pommes de terre, vigne) et du petit élevage (basse-cour, lapins, deux ou trois cochons, quelques chèvres ou moutons) de la ferme. On cultivait aussi des betteraves vertes qui servaient à engraisser les cochons en hiver. Dans le quartier du Levant, il y avait seize vaches dont onze chez Pierre Viel, une chez Marius Guérin, deux chez M. Boisse. Il y avait souvent aussi un cheval, un mulet (grand mulet du Poitou), et un ou plusieurs boeufs. À l’étable, ceux-ci étaient âgés en moyenne de 3 ou 4 ans. Le maquignon passait échanger des petits veaux d’un an, dressés pour l’attelage, contre les boeufs plus âgés, bons pour la viande. Les hommes nourrissaient chevaux, vaches, brebis tandis que les femmes nourrissaient lapins, poules et cochons.

Dès le plus jeune âge, les femmes étaient au travail, et même quelquefois au détriment de l’école… Elles se levaient tôt, comme les hommes, au lever du soleil (l’électricité arriva en 1928 à Puygiron) et préparaient le café à partir des grains qu’elles moulaient. Elles allumaient le feu dans la cuisinière, ou la cheminée, allaient au puits chercher l’eau, et faisaient un rapide ménage avant de préparer les enfants pour l’école. Elles mettaient en place le repas pour midi avec les pommes de terre et les légumes du potager en laissant mijoter la marmite sur le bord de la cuisinière. Puis, elles allaient traire et nourrir les brebis dont elles utilisaient le lait pour faire les tommes. Le lait ne pouvait pas se conserver longtemps car il n’y avait pas de réfrigérateur… Elles allaient nourrir les lapins : le matin avec du fourrage sec, et l’après-midi, avec de la luzerne ou de l’herbe ramassée dans les champs. Elles donnaient aussi le grain à la basse-cour. Il fallait penser à changer le fumier des clapiers, de la porcherie, et de l’étable, une fois par semaine. L’après-midi, les femmes emmenaient le troupeau de chèvres ou de moutons dans les champs et les bois. Monette Viel apportait le lait le soir, à bicyclette, jusqu’au transformateur du croisement de la route d’Espeluche où l’attendait le camion de la coopérative… Les Puygironnais venaient chercher, à la ferme Viel ou Almoric, le lait, le matin ou le soir, avec leur petit pot en fer-blanc ou plus tard, leur bouteille. Se vendait aussi à la ferme Viel, un peu de vin ordinaire.

Les femmes devaient nourrir aussi les saisonniers de passage à la ferme … Chaque année, fin avril, on faisait venir des émarieurs d’Ardèche. Leur béret vissé sur le crâne, ils séparaient les graines germées des betteraves.

Ils travaillaient 10 heures par jour et couchaient à la ferme. Monette se souvient qu’un après-midi, elle avait préparé des châtaignes et les avaient proposées aux Ardéchois... mais ces derniers avaient refusé, quelque peu offusqués, car « les marrons, en Ardèche, on les donne aux cochons ! » Pour battre le blé, Monette se rappelle que 16 ouvriers restaient pendant deux jours. Après leur dur labeur, ils se lavaient dans le bassin de la ferme, et malgré la fatigue, ils riaient et chantaient toute la soirée…

La grande lessive se faisait, en général, tous les quinze jours. Le linge blanc était mis à tremper dans de l’eau très chaude pour le décrasser. Parfois, pour le faire blanchir, on le passait dans la cendre et le mettait à bouillir dans la lessiveuse. Pour le rinçage, on allait au Jabron, en portant la lessiveuse avec la brouette (ou on se servait du bassin de la ferme). L’eau courante n’est arrivée à Puygiron qu’en 1952. Pour faire la vaisselle, on n’utilisait pas de détergent et surtout, on gardait l’eau grasse pour la donner aux cochons. Pendant leur « temps libre », les femmes tricotaient des chaussettes, raccommodaient les vêtements de travail. Le dimanche, elles allaient à la messe et quelquefois elles rencontraient leur voisine devant une tasse de café. Elles allaient chercher le pain tous les deux jours chez le boulanger qui comptabilisait sur un cahier ce qu’elles apportaient en blé ou en farine. Elles se rendaient à la foire de Montélimar trois ou quatre fois par an, et à la fête du 15 août pour admirer le feu d’artifice…

La faucheuse mécanique arriva vers les années vingt… La lieuse coupait et faisait des gerbes ficelées par l’habilleuse. Les gerbes étaient ensuite regroupées en gerbiers, puis en grands gerbiers (jusqu’à 200 gerbes de foin) ou feniers pour l’orge et l’avoine. Puis apparut le semoir mécanique tiré par les mulets, « laissant de côté, le geste auguste du semeur » (je cite Pierre Laurent). Avant 1940, il y avait à Puygiron, deux ou trois tracteurs à pétrole. Pierre Viel acheta son premier tracteur à essence en 1948, « le petit gris », sur lequel Monette apprit à conduire ! La ferme Almoric avait aussi un vieux tracteur, mais qui marchait peu… Après 1948, on changeait de tracteur, en général, tous les 10 ans. Et les assurances protégèrent les agriculteurs à partir de 1952…

Tout le monde donnait un coup de main pour la moisson, les amis, la famille et les voisins… On faisait venir des entrepreneurs pour battre le blé avec leur moissonneuse : M. Béroule de la Bâtie-Rolland, M. Chaix de Montboucher. Pierre Viel fut le premier à investir dans une moissonneuse batteuse. On disait que cela cassait les grains, mais il était toujours le premier à aller de l’avant ! De grands sacs de 100 Kg se remplissaient. La batteuse crachait la paille. Et l’on faisait, et tout le monde savait le faire, des paillers bien pointus, bien serrés : autour d’un mât, on entassait la paille sur six ou sept mètres de haut. Les paillers pouvaient rester dehors. Comme la paille était bien serrée, seule la surface du pailler noircissait au fil des pluies, mais l’intérieur restait bien sec.

Vers les années 50, la révolution industrielle a fait éclater la cellule familiale : les jeunes sont partis travailler à la ville. Et nous sommes entrés dans l’ère de l’individualisme où chacun peut se croiser dans sa cage d’escalier, sa rue, et même dans son village, sans prêter attention à son voisin… Depuis 1953, tout a bien changé, aussi, pour les semences : beaucoup de nouvelles variétés sont nées, et bientôt les biocarburants vont apparaître…

 

Cet article a été rédigé à la suite d’un après-midi très agréable d’échange, de souvenirs et de fous rires, avec quelques anciens de Puygiron, à l’esprit encore si vif. Les photos m’ont été confiées par Jeanne Sauvan et Léa Guérin.

Merci tout particulièrement à vous, Jeanne, Monette et Pierre. Et je compte encore sur vous, pour la prochaine fois.

D. R.

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)

 

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 17:29

 

En d’autres temps, les traversées de rivière étaient périlleuses, et celle du Jabron n’échappait pas à la règle ! Les familles Piallat, Vinard et Chaix, entre autres, dont les fermes étaient situées au Nord de la commune, emmenaient paître leurs troupeaux de quinze à vingt brebis sur les collines, terres non cultivées au sud du Jabron. Les terres fertiles au nord du Jabron étaient essentiellement consacrées aux cultures nobles, alors que celles du sud, plus sèches et ensoleillées accueillaient vignes et vergers. Une dizaine de jardins potagers en bordure des ramières était utilisée à la culture des légumes pour la consommation quotidienne des familles. On comprend donc que les traversées du Jabron étaient fréquentes.

Pour passer d’un côté à l’autre du Jabron, il y avait plusieurs possibilités : emprunter le pont de la départementale demandant un détour de trois kilomètres ou traverser par les ramières, itinéraire souvent difficile à pied car boueux ou inondé. Il existait « une planche » entre les deux rives à hauteur du quartier des Lizons, face à l’emplacement actuel de la station d’épuration. C’était une passerelle faite d’un peuplier coupé en deux, attachée par une chaîne sur une des rives et posée sur l’autre. Une main courante faite d’une corde sécurisait la traversée à 2 ou 3 mètres au-dessus de l’eau. C’était instable et très pratique, mais il fallait être prudent… Les plus téméraires franchissaient, au sec, la rivière sur cette planche tandis que les brebis la traversaient dans l‘eau… Souvent, une crue plus importante emportait la planche. Il fallait alors, pendant les journées de corvée que l’on devait au village, choisir un peuplier assez haut et l’abattre…

 

Éliette Grudzien et Pierre Laurent

 

 

 

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 14:12

 

 

Pâques était une des fêtes religieuses les plus importantes et tous les paroissiens y étaient plus ou moins impliqués. Une semaine avant, c’était le dimanche des Rameaux. Le curé, au début de la messe, bénissait par famille, un rameau, en principe d’olivier. À Puygiron, faute d’olivier, c’était un rameau de buis qui était ensuite accroché dans la maison. Cette cérémonie existe encore. À la boulangerie, se vendaient des branches de buis sur lesquelles pendaient des pâtes de fruits. Les enfants en raffolaient ! La semaine suivant le dimanche des Rameaux était consacrée à la préparation des fêtes de Pâques et aux confessions.

On ne faisait pas la lessive pour se consacrer aux prières. D’abord, les jeunes filles et les femmes allaient se confesser le Jeudi Saint et cela prenait du temps… Avaient-elles plus à dire ? Les hommes aussi avaient leur jour de confession, le samedi, mais ils venaient moins nombreux…

Le dimanche de Pâques était vraiment une fête religieuse. Avant huit heures, il y avait une messe de communion, où l’on devait se rendre à jeun. On y rencontrait surtout les femmes, gardiennes de la religion. On prenait ensuite un petit casse-croûte, avant de se rendre à la grande et longue messe solennelle de Pâques vers dix heures trente. On ne communiait pas à la grande messe de Pâques qui était déjà très longue. Et l’après-midi, on allait « aux Vêpres ». À la grand’messe, le prêtre portait ses plus beaux ornements et officiait face à l’autel, tournant le dos aux paroissiens. Il y avait ce jour-là plusieurs enfants de chœur, des garçons vêtus d’un étole blanc et d’une soutane rouge... Derrière l’autel, les hommes répondaient en latin au curé. Autour de l’harmonium, chantaient femmes et jeunes filles. On se souvient de Madame Aymard, puis de Madame Dubourg accompagnant les cantiques à l’harmonium.

Les enfants étaient assis sur les premiers bancs et n’étaient pas dissipés comme aujourd’hui... À gauche de l’autel, dans la chapelle, se tenait la famille de Pontcharra qui entraient par la petite porte du clocher.

Chaque famille louait à l’année son banc dans l’église, qui était le plus souvent marqué à son nom.

Chacun avait donc sa place et gare au visiteur qui s’y installait par mégarde ! À Puygiron, vers les années 50, le Père Rouchon, quelque peu « révolutionnaire », avait voulu moderniser son église, et avait mélangé tous les bancs en les plaçant au milieu de l’église. Cela ne plut guère à tout le monde et l’essai ne dura qu’un temps… (moins d’une année, à ce que l’on dit… !). On se souvient aussi du froid dans l’église. On glissait dans ses poches avant de s’y rendre des petites pierres chaudes sorties du poêle, pour se réchauffer les mains. Ou on plaçait sous sa grande jupe une chaufferette, petite boîte métallique contenant des braises.

Les enfants étaient préparés au catéchisme. Les jours d’école, les enfants avaient « caté » dans l’église à 11h. 30. Ils apprenaient les prières : « Notre Père », « Je vous salue Marie », « Je crois en Dieu », l’acte de contrition… Ils se préparaient aux communions et confirmation. Pendant le mois de mai, mois de Marie, on disait ses prières tous les jours. Vers 9-10 ans, les enfants faisaient la « petite » communion et pouvaient se confesser et communier. Les enfants allaient se confesser avec les femmes. La confession était très angoissante… Le plus petit péché paraissait bien gros… Comment s’y retrouver sur les péchés véniels ? Le Jeudi Saint, le Père Rouchon réunissait douze enfants, correspondant au nombre des apôtres, et leur passait de l’eau sur les pieds. Certains s’en souviennent avec émotion…

On se rappelle aussi qu’à Puygiron, il y avait deux écoles : l’école libre et l’école laïque. L’école laïque se trouve toujours à la même place. L’école libre se situait dans la maison voisine de l’école laïque, celle de Monsieur Bentley, appelée encore « la maison de Tante Marie ». Juste un mur séparait les deux écoles. L’école privée disparut au tout début du siècle dernier.

C’est à Pâques, marquant aussi le début du printemps, que femmes et demoiselles étrennaient leur toilette d’été, robes colorées et fleuries. Les jeunes filles aimaient le vichy. À Puygiron, on faisait faire sa robe par Georgette Crumière, qui habitait au levant, au bord du Jabron. Plus tard, c’était Henria Chaix la couturière de Puygiron. Il fallait se rendre à l’église, tête et bras couverts. Les femmes portaient un chapeau de paille, avec quelques fleurs ou cerises. Cependant, les femmes à partir de 40 ans étaient très souvent habillées en noir ou en gris. L’âge avançant et perdant un parent, elles portaient le deuil. Et les périodes de deuil se succédaient sans fin… Monette Viel se souvient avoir longtemps porté une petite voilette noire pour aller à l’église, à la suite du décès de son papa.

Aujourd’hui encore, le dimanche de Pâques est une des journées d’affluence à l’église, et même si les bancs ne portent plus le nom de leurs propriétaires, les grandes familles puygironnaises s’y retrouvent avec plaisir, avant de déguster l’agneau pascal.

 

Je ne remercierai jamais assez les anciens de Puygiron qui nous font partager tous leurs souvenirs et me font passer à chaque fois un moment délicieux pendant lequel rires et émotions se succèdent… Merci à vous tous !

 D. R.

Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 22:09

 

 

Après la guerre de 1914, la population de Puygiron comptait environ 150 à 200 habitants. Trois routes empierrées desservaient Puygiron : la liaison Montélimar-La Bâtie Rolland, et les routes partant vers Rochefort et vers Espeluche. Les routes départementales étaient entretenues par le cantonnier, le Père Gay. Il nettoyait les fossés, bouchait les trous des routes empierrées jusqu’en haut de la montée d’Espeluche… Il partait à pied, en fumant sa pipe (pendant la guerre, il fumait de la luzerne !) avec une brouette, une pelle, une faux et un taisson. Puis son fils, Georges (Lélé), est devenu cantonnier départemental. Les gros travaux étaient réalisés par des entreprises. La pierre provenant de la carrière de Lili Tardieu, sur la route de Rochefort, était transportée sur un tombereau. Un gros rouleau à vapeur qui fonctionnait au charbon tassait les couches de pierre. Les fermes du village, dans lesquelles vivaient plusieurs familles, étaient desservies par des chemins vicinaux. Le curage des fossés, l’écoulement des eaux étaient assurés alors par les fermiers… En effet, chacun d’entre eux était annuellement redevable d’une à deux journées de corvée « payables » en journées d’homme ou de cheval attelé au tombereau. Les troupeaux de brebis gardées le long des chemins assuraient le désherbage.

La circulation à Puygiron fut d’abord pédestre… Les enfants « montaient » à l’école le matin à 8 h 30, descendaient à 11 h 30, remontaient à 13 h 30 et finissaient la journée à 16 h 30. La commune est vaste : certains avaient 2 à 3 kilomètres de marche ! L’hiver, garçons et filles étaient chaussés de galoches : chaussures à empoigne de cuir et semelle de bois. Par grande bise et grand froid, les plus éloignés apportaient un repas froid de midi et mangeaient à côté du poêle de l’école. Tout le monde marchait : les champs étaient dispersés. On y allait à pied, l’outil sur l’épaule et à côté de l’attelage (chevaux, mulets ou boeufs). On se rendait même à la veillée chez M. Loche à Rochefort en marchant ! Les marchands ambulants passaient avec leur malle sur le dos et vendaient des aiguilles, du fil, etc.…

La charrette était un moyen de transport très utilisé. Un plateau sur deux roues hautes à mi-longueur pour transporter le foin, la paille, les gerbes de blé, le bois en bottes et tirée par un cheval, un mulet ou deux boeufs. L’épicier d’Espeluche, le rémouleur, le ramasseur de peaux de lapins, le coquetier (ramassait les oeufs, les poulets et lapins) passaient avec leur charrette.

Le tombereau était une caisse sur deux roues en bois utilisé surtout pour le transport du fumier.


La jardinière était destinée au transport des femmes, des hommes et des enfants avec un espace pour les marchandises vers les marchés et foires. Les roues hautes étaient plus fines et légères mais toujours en bois et ferrées. Il y avait quelquefois un siège. Elle était en général peinte en noir et parfois décorée. Comme elle était légère, on pouvait se permettre de mettre le cheval au trot. Quand on se rendait à Montélimar, on laissait les chevaux à la maison Moulin avant le pont, dans une remise. La commune avait un corbillard dans un garage dans la montée du village… C’était un fermier qui prêtait son cheval, revêtu à l’occasion d’une couverture noire décorée. Les voisins étaient les porteurs.

Les vélos sont apparus juste avant la guerre de 1914. On les utilisait pour aller travailler à l'usine de moulinage et à la minoterie Lacroix.

Les femmes les ont utilisés plus tard vers 1930. Les vélos d’homme avait un cadre à barre horizontale. Les femmes, qui portaient des jupes assez longues à l’époque, avaient des vélos avec un cadre en V : un filet de chaque côté de la roue arrière, évitait aux jupes de s’accrocher aux rayons. Les bicyclettes sont devenues de plus en plus nombreuses et utilisées pour aller au travail jusqu’à Montélimar. On portait son vélo sur l’épaule pour passer à pied les sautières. Le facteur sur son vélo, avec sa sacoche en cuir, passait six jours par semaine.

Même l’épicier Caiffa venait de la Bâtie Rolland à Puygiron en triporteur, avec son coffre à l’avant…


        Le Picodon, petit train à vapeur (on disait tramway) qui reliait Montélimar à Dieulefit, dès 1893, en pas moins de deux heures. Pour la fête du 15 août, on lui ajoutait des wagons et on le poussait dans les montées !!! Monsieur Sauvan vendait les tickets dans l’ancienne gare de Puygiron située au carrefour de Top semences.

Puis l’automobile apparut : quelques rares Puygironnais osaient conduire après la guerre de 14. Le permis de conduire était simple et n’était qu’une formalité… Il n’y avait pas d’auto-écoles. On s’exerçait et allait passer le permis à Montélimar avec... sa propre voiture !!! Mais beaucoup conduisaient sans permis. Les femmes étaient considérées inaptes…

C’est Joseph Viel qui eut la première automobile à Puygiron, puis son cousin Léon Viel s’acheta une limousine à capote. Gabriel Mouillac, le boulanger du village qui faisait sa tournée deux ou trois fois par semaine avec un cheval, le fit ensuite quotidiennement avec son automobile à capote. Il ne savait pas très bien conduire et sa fille, Mireille, l’accompagnait par prudence et se mettait parfois au bord de la route pour les manœuvres difficiles…

L’épicier d’Espeluche, Albert Luizet, passait le jeudi avec une petite camionnette et ramassait les oeufs et les échangeait contre de l’huile ou du beurre.

Pendant la guerre, le manque de carburant entraîna une réapparition des vélos pour ceux qui avaient la chance d’en posséder car il n’était pas question d’en acheter. De même les pneumatiques étaient introuvables.

         Aujourd’hui, le nombre de vélos dans la population est toujours très important. Qui ne possède pas un vélo dans son garage ? Les cyclistes sont pourtant les oubliés de la route. Bien peu de pistes cyclables et beaucoup alors hésitent alors à enfourcher la petite reine par peur du danger. En revanche, l’automobile et ses nuisances sont en plein essor même dans nos villages.

Quand retrouverons-nous la tranquillité des chemins, placettes, rues et ruelles ?…

                                                                                      Propos recueillis par D. R.


  Merci de me faire partager tous ces délicieux moments de souvenirs et de perpétuer ainsi la mémoire de Puygiron

                                                                                                                  D. R.

Les différentes photos de cet article sont tirées des livres : « Le canton de Marsanne en Drôme provençale », « Montélimar au temps d’Émile Loubet » et « C’était hier à Montélimar ».                                                                                                                                 

 

               Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)
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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 16:57


         De gauche à droite en partant du haut : René Sauvan, Léon Sauvan, Jean-Claude Garnier, Henri Chaix, Bruno Viel, Pierre Nury, Michel Sauvan, Noël Audoir, Jean-Marc Constant, Michel Locatelli, Jean-Claude Dumas, Jacques Monnier et Jean-Pierre Brunet.

                 Publié dans Le Giron n° 8 (juillet 2005)

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 15:27

 

                                                                                                                                                          Photo C. P.

L’eau est arrivée dans les éviers en 1952, date à laquelle Puygiron fut rattaché au Syndicat intercommunal de distribution d’Eyzahut du canton de Marsanne. Les travaux (à la pelle et à la pioche) ont été entrepris à la Libération et ont duré trois ans. Avant 1952, on allait chercher l’eau dans des puits et quelques bassins alimentés par des captages dans les collines. Les puits, surtout dans le village, étaient souvent profonds. L’eau y était puisée avec des petits seaux de cinq à dix litres attachés à une chaîne sur une poulie. Certains se trouvaient proches de la maison (dans la cour) mais ils pouvaient en être distants de cinquante à cent mètres. Souvent un deuxième puits plus éloigné devait être utilisé en cas de sècheresse (fréquentes à Puygiron !)

 

                                                                                Photo C. P.

L’eau était bien sûr nécessaire pour la toilette, la cuisine, la vaisselle, la lessive, pour abreuver les animaux, pour le boulanger du village… La toilette était simplifiée et se passait dans la chambre dans laquelle il y avait une table de toilette avec un ensemble broc et cuvette en faïence. On lavait les enfants dans une bassine, devant la cheminée. Les hommes se rasaient une fois par semaine et se lavaient les pieds aux grandes occasions. En 1940, il ne devait exister que deux ou trois salles de bains à Puygiron. Les WC étaient à l’extérieur de la maison dans une cabane en bois, souvent à côté de la fosse à fumier. Pendant la nuit, on utilisait un seau hygiénique que l’on vidait le matin sur le fumier. La cuisine se faisait dans cheminée ou dans une cuisinière à bois en fonte avec four et sur le côté un petit réservoir d’eau de quatre à cinq litres, le bain-marie. Plusieurs fois par jour, les femmes devaient « aller à l’eau » avec deux seaux en tôle galvanisée de dix litres chacun environ. Les légumes étaient lavés dans une bassine et cuits dans une soupière en fonte. La vaisselle était lavée dans une bassine sur l’évier en pierre, avec une pincée de cristaux de soude et rincée dans la même bassine. On faisait la vaisselle dans la gabouille, endroit frais derrière la cuisine. De l’évier pouvaient partir des écoulements et rigoles jusqu’au tas de fumier.

Les familles étaient importantes et souvent trois générations cohabitaient. On lavait le linge plus rarement : une fois par semaine pour le petit linge, une fois par mois pour les draps et serviettes. Le petit lavage se faisait dans une bassine dans l’évier, avec un peu d’eau chaude de la cuisinière. La grande lessive était mise à bouillir dans une lessiveuse contenant une vingtaine de litres d’eau avec de la lessive de soude, et dans certaines maisons, de la cendre de bois dans un petit sac en coton pour faire blanchir le linge. Après un grossier essorage, le problème était le rinçage qui demandait beaucoup d’eau. Dans les maisons qui n’avaient pas de puits, la lessiveuse était emportée dans une brouette vers une fontaine, une rivière ou un canal.

Les animaux (boeufs, chevaux, porcs...) étaient abreuvés à l’écurie avec des seaux, le matin et le soir. On donnait les eaux usées aux porcs. Les brebis, en rentrant du pâturage, buvaient à côté du puits dans un bassin (demi-tronc d’arbre creusé) Il y avait encore un boulanger au village, Gabriel Mouillac. Il y avait toujours devant sa porte un seau d’eau pour sa panouche, linge mouillé pour retirer les cendres du four. Sa femme et sa fille allaient chercher l’eau de la fournée avec des seaux dans un des rares puits très profond du village. L’été, elles descendaient même jusqu’en bas du village. Le rétameur passait souvent pour réparer le fond des seaux.

L’arrivée de l’eau sur l’évier a été un progrès formidable surtout pour les femmes, mais une révolution dans les esprits : l’eau, don du Bon Dieu devait être payée… Et l’encaisseur passait…


Merci de me faire partager vos souvenirs et de perpétuer ainsi la mémoire du village.

                                                                                                                       Propos recueillis par D. R.

Publié dans le Giron n° 8 (juillet 2005)

 

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 11:58


Avant 1939, l’école du village comptait une vingtaine d’élèves de sept à quatorze ans. L’école était obligatoire jusqu’à quatorze ans… Elle ouvrait ses portes de huit heures à onze heures et l’après-midi d’une et demie à quatre heures et tout le monde allait déjeuner à la maison. Nous montions à l’école des quatre coins de la commune à pied. Il y avait au village la boulangerie de Monsieur Mouillac : il faisait le pain dans un four à bois tous les jours, même le dimanche !… Madame Mouillac l’aidait : elle vendait le pain, des timbres, le tabac et quelques bonbons.

Chaque année, l’automne était la saison des coings, ce beau fruit jaune, pas très agréable à manger cru. Nos mamans en faisaient de la pâte de coings et de la gelée. Mais si nous étions sages, elle nous en choisissait un très beau qu’elles glissaient dans nos cartables avec une pièce de cinq sous. En arrivant au village, vite, le coing était porté à la boulangerie avec les cinq sous. Madame Mouillac les enveloppait dans de la pâte à pain prise dans le pétrin. Après la cuisson du pain, son mari les enfournait dans le four encore chaud. À la sortie de l’école, nous allions chercher notre « pain-coing » bien doré et tout tiède. C’était bien meilleur que vos pains au chocolat !!!

Propos recueillis par D. R.

            Publié dans Le Giron n° 7 (janvier 2005)

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Le Giron

  • : legiron
  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

Recherche

Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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