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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 16:09
                                                                                                                                          Photo Patrick Olivon
 
       Le Jabron est comme une évidence pour les Puygironnais. Sa présence s'impose et d'une certaine manière, nous intrigue. Si la promenade sur les berges de la rivière n'est pas toujours aisée, certains tronçons étant peu accessibles, elle n'en recèle pas moins un attrait tout à fait remarquable. Les rives encore sauvages permettent l'existence d'un écosystème riche où cohabitent une faune et une flore variées. Rivière vivante, le Jabron est un cours d'eau à découvrir, à préserver, à « vivre ». Il n'est pas rare d'apercevoir dans le lit de la rivière, l'incontournable héron cendré, fier représentant des différentes espèces animales qui peuplent ce milieu. Cette biodiversité nous propose de nombreuses essences d'arbres : chênes, bouleaux, frênes, peupliers, saules, érables et toute une variété de plantes terrestres et aquatiques. Son dynamisme se caractérise aussi par les variations de son débit. Un épisode orageux avec pluies torrentielles peut provoquer une crue impressionnante ; à l'inverse, en période estivale chaude et sèche, le cours d'eau est beaucoup moins alimenté. Il y a quelques années, il pouvait disparaître pour quelques semaines en plein été. Dans les numéros à venir, nous essayerons de proposer d'autres promenades au fil du Jabron, pour une découverte de la rivière et de ses berges.
                                                                                          P. J.
       Publié dans Le giron n° 11 (janvier 2007)
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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 15:29

     

       Le 18 septembre 2006 s'est tenue à la salle des fêtes de Puygiron, une réunion d'informations concernant le projet de voie verte-véloroute de la vallée du Jabron. À cette occasion, le public présent a pris connaissance des grandes lignes de ce projet, porté par le président du Syndicat mixte du bassin du Roubion et du Jabron.

       Le principe de voie verte est relativement simple : il consiste à libérer un espace entièrement dédié aux piétons, vélos, rollers, chevaux avec interdiction formelle de circulation aux véhicules à moteur. Ce concept semble de prime abord tout à fait intéressant, il peut néanmoins susciter de légitimes interrogations ; dès lors, l'information, la réflexion et la concertation apparaissent comme des préalables nécessaires à une réalisation future. La mission première de l'équipe en charge du dossier sera de déterminer un tracé acceptable et cohérent sur une cinquantaine de kilomètres entre Châteauneuf du Rhône et Dieulefit. Notre village sera donc concerné par le projet. Pour l'heure, ce tracé n'est pas déterminé, il suivrait le plus souvent les berges du Jabron, mais pourrait s'en écarter pour un itinéraire découverte où l'on aurait le loisir de visiter des lieux historiques ou artisanaux... N'oublions pas que ce concept privilégie les promenades familiales mais il s'inscrit aussi dans le cadre d'un aménagement touristique du territoire. Le but du projet est d'atteindre entre 30 à 50% de voie verte sur l'ensemble de l'itinéraire, soit une piste enrobée pour les vélos, bordée d'une bande herbeuse pour les chevaux et coureurs à pied. En ce qui concerne la véloroute, elle empruntera vraisemblablement le réseau de circulation communal ou départemental existant.

       Cette première prise de contact a permis de transmettre des informations utiles, et d'évoquer, dès à présent, les nombreux problèmes qui à l'évidence se poseront dans la conduite de ce projet. Les inquiétudes et préoccupations des élus locaux, des riverains du Jabron sont multiples et fondées : zones inondables, acquisitions de terrain sur les berges de la rivière, respect du paysage, sécurité du site, interdiction aux quads et motos, entretien de la voie... La liste n'est pas exhaustive. Le projet se situe à moyen terme, à l'horizon 2010 pour un démarrage éventuel des travaux. Dans le Vaucluse, un programme lancé en 2003 par le Conseil général, verra l'achèvement d'une première tranche de 12 kilomètres (un tiers du projet total) de voie verte dans la région d'Apt, à la fin de l'année 2007.

                                                                                                                 P. J.
       Publié dans Le Giron (janvier 2007)
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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 18:30

      

       L'association Puygiron, Nature et Environnement est toujours soucieuse du devenir de la carrière Gilles à Puygiron.

       Le compte rendu du conseil municipal du 19 octobre dernier est alarmant. En effet, on peut lire : « Carrière Gilles : Pour lui permettre de déposer son dossier de demande d'agrandissement auprès des services préfectoraux, le conseil municipal autorise le Maire à signer l'avis de remise en état, l'avis sur l'usage du site à l'issue de l'exploitation et de la remise en état. Le Maire précise que ce dossier fera l'objet d'une enquête publique. »

       Le bureau de l'association a donc décidé d'envoyer un courrier au Maire et au conseil municipal pour attirer leur attention sur deux points primordiaux pour l'avenir :

       - La remise en état doit être terminée en février 2007. Or, aucune plantation n'a encore été réalisée...

       - L'agrandissement du périmètre de protection d'eau potable de la Vesque est prioritaire !

       Une copie de ce courrier est envoyée à la DRIRE, à la DDASS, à Mme Rème-Pic et à Mme la Présidente du syndicat des eaux de Citelle. La vigilance est de rigueur et l'association compte toujours sur le soutien des Puygironnais.

              Publié dans Le Giron n° 11 (Janvier 2007)
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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 14:07


Le 8 octobre dernier (2006), les Puygironnais ont été nombreux à se déplacer pour voter afin de compléter le conseil municipal déjà en place. L'engagement et l’adversité furent les maîtres mots de cette élection. Philippe Rault, Patrick Jean et moi-même, tenons à remercier tous les électeurs qui nous ont témoigné leur confiance et leur soutien. Notre devoir de gratitude est aussi, en même temps, un viatique qui porte aujourd'hui nos espoirs de demain, tant il est vrai que le succès devrait être au bout de l'effort. Je souhaite réaffirmer, au lendemain de ce scrutin, ma détermination à défendre la démocratie, souhaitant une réflexion commune et le sens des valeurs partagées. Mon engagement envers les Puygironnais restera ma seule priorité afin de faire renaître la solidarité et la démocratie pour un développement harmonieux et un avenir encore meilleur.

Ghislaine Teyssier

               Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)
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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 19:00

Cet été, en effet, j’ai compté les papillons qui passaient dans mon jardin. C’est une recherche quantitative qui était réalisée afin de se rendre compte de la présence indispensable de ces insectes. Ils sont à la fois des agents pollinisateurs, des proies pour les oiseaux, les batraciens ou les chauves-souris, et jouent un rôle important dans le bon fonctionnement de la nature. La mobilisation était mise en place sur Internet par l’organisme Noé conservation qui a pour mission de sauvegarder la biodiversité, par des programmes de conservation d’espèces menacées et de leurs milieux naturels, et en encourageant le changement de nos comportements en faveur de l’environnement. Cet organisme, soutenu par le ministère de l’économie et du développement durable, vient de m’envoyer les premiers résultats de ce comptage : « La saison 2006 de l'Observatoire des Papillons des Jardins est terminée depuis la fin du mois d'octobre, et nous pouvons donc tirer un premier bilan, très positif grâce à votre mobilisation ! Les chiffres ressemblent à un générique de péplum : 14.566 participants, une moyenne de 5.000 jeux de données transmis par mois, plus de 2.700 questions... La première victoire, c'est cette participation ! Il nous faut maintenant attendre le printemps pour reprendre les observations et les comptages. La biodiversité a besoin de votre aide !

Soutenez Noé, www.noeconservation.org

                                                                                                      D. J.

Publié dans Le Giron n° 11(janvier 2007)

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 16:19

 

Damien Arnoux sait que l’avenir appartient à la jeunesse. Il suffit de le voir une fois pour comprendre qu’il fait partie d’une certaine jeunesse consciente de sa force et de ses pouvoirs, de ses devoirs aussi, lucide sur lui-même et le monde. Simple, droit, s’exprimant avec un grand naturel, ce garçon élevé par des parents aimants, Arlette et Alain qui ont su lui donner un environnement d’affection et de compréhension, représente une sorte de contre modèle des « jeunes » en révolte infertile, un exemple d’homme de 24 ans, désireux de s’impliquer dans la vie sociale pour partager avec les autres connaissances et interrogations.

Ayant grandi à Puygiron, très tôt il prend conscience de la chance d’habiter un lieu privilégié : beauté de la nature, tranquillité des habitants issus pour la plupart du monde agricole. Ce privilège lui donne des devoirs aujourd’hui et il en parle : « Un patrimoine, cela se protège. Une terre habitée par des hommes généreux, avec une nature encore préservée, un ciel avec des oiseaux, de belles architectures, je me sens partie prenante de tout cet environnement dans lequel j’évolue » Cette conscience développée l’a conduit à choisir une spécialité de pointe dans son cursus d’élève ingénieur à Grenoble, la prévention des risques, la sécurité pour les hommes, pour l’environnement. Qu’il s’agisse de la sécurité individuelle des travailleurs ou de la prévention des risques industriels.

Il se défend très bien sur le terrain, effectue de nombreuses opérations-tests, et en situation réelle: gestion de personnes, intégration, organisation d’un Trophée des neiges, colonies de vacances. Tout ceci requérant sens de la communication, sens des responsabilités, bonne évaluation des coûts. Il baigne dans la vie associative et se rend compte que l’associatif fera partie de sa vie. Il prononce souvent le mot solidarité.

Ingénieur aujourd’hui, solidaire des autres, il est naturel qu’il soit porté vers les voyages. Sa curiosité scientifique, comme son altruisme, son sens de la beauté, le dirigent vers certains pays comme le Pays de Galles, l’Écosse où il peut à la fois se perfectionner en anglais et approfondir ses connaissances de la culture celtique. Il part pour Édimbourg afin d’étudier les problématiques liées à l’eau. En marge de sa profession d’ingénieur, il y obtient un master reconnu dans les pays anglophones. Il découvre dans une résidence internationale le plaisir de partager la vie d’étudiants, de chercheurs de différentes nationalités, suédois, canadiens, de son âge. « Je me suis fait des amis qui débarquent ici à Puygiron. Je pars et je reviens ».

Il garde des liens avec l’Écosse et y retourne deux fois par an pour consolider des échanges avec la France. L’Allemagne l’accueille également en 2004 pour un stage où il découvre un pays accueillant et soucieux à la fois de son histoire mouvementée et de la construction d’une Europe des peuples.

Son attachement à son terroir reste très fort. « J’ai des amis de longue date à Puygiron, Michael, Jérôme et bien d’autres avec lesquels nous parlons souvent. Avec eux et mon frère Clément, nous réfléchissons à des projets. J’ai redécouvert la fête du village. Tous ces gens qui dansent ensemble… L’année dernière j’avais initié la « Nuit des étoiles », il y a eu du monde. J’espère que nous ferons encore mieux la prochaine fois. Comme beaucoup de problèmes concernant la nature, la terre, me passionnent, ici je me suis attaché à recenser les espèces d’oiseaux que l’on trouve. J’en ai recensé vingt-neuf autour du Jabron. D’ailleurs, pour parler du Jabron, la qualité de son eau n’est pas si médiocre qu’on pourrait le penser. J’ai fait une petite étude, limitée sur une portion de parcours, j’ai pu noter la présence de nombreux invertébrés, absents dans le cas d’une pollution majeure.

Nous pouvons aussi être fiers de nos arbres, de la multiplicité des essences absolument remarquables. Ils méritent d’être mis en valeur. Nous avons la chance de vivre encore dans une vraie campagne, avec des haies denses, des champs cultivés, des bois… Quel privilège ! Un des enjeux majeurs des années à venir sera de concilier le développement de la commune tout en gardant ses spécificités et sa qualité de vie qui font son charme.

Ce jeune homme brillant et réfléchi est aujourd’hui sur le point d’entrer dans la vie professionnelle. Il attend des propositions après des entretiens d’embauche. Il attend avec confiance sans présomption, avec une certaine tranquillité que donne sans doute la bonne conscience.

                                                                                    N. P. et P. J.

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 16:12

Enfant, je me languissais d’être à Noël : je revoyais papé, mamie, le cousin, les cousines… Nous étions si heureux de nous retrouver près du sapin si richement décoré, devant un bon feu de cheminée qui nous brûlait le visage à trop le regarder. Les préparatifs commençaient : les enfants jouaient, les parents s’activaient dans la cuisine où déjà papa se coupait en ouvrant des huîtres bien trop malignes ! Quelques petits-fours engloutis, puis nous partions à la messe de minuit. Il neigeait parfois : je trouvais cela magique, et la soirée s’annonçait plus belle encore et plus féerique. Je croyais m’envoler dans le ciel, aspirée par un ascenseur d’étoiles qui s’écrasaient inlassablement à chacun de mes pas. Évidemment, l’ascenseur s’arrêtait et je me retrouvais brutalement confrontée à la réalité : il faisait froid, j’étais mouillée et des maux d’estomac commençaient à se manifester…

Enfin, nous arrivions devant l’église où tout le monde se connaissait, au grand dam des tout-petits qui piétinaient d’impatience pour rentrer au chaud et se placer au premier rang. Car la messe, c’était un spectacle, du théâtre, une scène vivante ! Le curé nous racontait de belles histoires et nos yeux, alourdis par le sommeil, ne cessaient d’admirer toutes les lumières scintillantes de Noël. La musique enchantait. « Alléluia », nous le chantions de bon coeur, et nos pauvres oreilles souffraient lorsqu’à côté de nous, Bénédicte s’époumonait pour accueillir le « divin enfant » honorablement !

Au sortir de la messe, la nature s’était transformée : un manteau blanc avait recouvert tous les toits et les flocons de neige s’étaient figés dans le ciel au milieu des étoiles éternelles. La nuit de Noël avait commencé… Le repas était à peine entamé que déjà mes yeux se fermaient, et mon coeur rempli de lumières et de chaleur était au comble du bonheur.

C. V.

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)
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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 16:04

               Publié dans Le giron n° 11 (janvier 2007)
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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 15:53
 

Je me souviens de l’angélus de midi, vite vite rentrer du Jabron, tout crottés, abandonner les mûres du chemin de croix pour remonter dare-dare jusqu’au village, ce son de cloche nous reliait comme une laisse invisible, tant que l’on pouvait l’entendre nous étions en territoire connu et sa secousse sonore nous ramenait au foyer.

Si nous arrivions à temps, on allait prêter main-forte à la sonneuse de cloches, il fallait suivre le rythme, trois coups rapides sur la corde, suivis d’un « Je vous salue Marie », trois fois de suite puis une douzaine à toute vitesse. Il semblait qu’il y avait là un record à battre. Je nous revois tous, essoufflés, battant en retraite à bout de bras mais fiers de la mission accomplie tandis que la porte de la sacristie était soigneusement refermée à clef comme un secret.

Je me souviens que nous allions régulièrement et de notre plein gré dans l’église, lors des chaudes journées poussiéreuses, fatigués de jouer ou à court d’idées, avides d’ombre et de fraîcheur, nous étions toujours impressionnés et ne manquions pas de tremper nos doigts dans le bénitier pour faire le signe de croix salvateur nous préservant ainsi de la colère divine.

D. P.

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)

 

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 15:12


Pierre Viel disait : Les agriculteurs sont les artisans de la nature. Avant les années 50, Puygiron était une commune où dominait l’agriculture. Tout le monde était agriculteur… Au Levant, on comptait une dizaine d’exploitations de deux à quinze hectares. Aujourd’hui, il reste sur toute la commune trois exploitations agricoles, sous contrat et très contrôlées.

Toutes les générations vivaient ensemble à la ferme et chacun y travaillait. C’était l’aîné des enfants, marié, qui devenait le chef de l’exploitation, même si l’aïeul continuait à garder une certaine autorité. Les plus jeunes frères et soeurs restaient à la ferme jusqu’au service militaire pour les garçons, et au mariage, pour les filles… Souvent, celles-ci travaillaient quelques années, le soir, à l’usine Lacroix pour gagner l’argent du trousseau.

Après avoir nourri leurs tout-petits au sein, les mères avaient peu de temps à consacrer aux enfants qui trottaient derrière elles dans la ferme et qui apprenaient vite à être utiles ! En Ardèche, après l’école, Jeanne Sauvan se souvient qu’elle devait retourner le foin, coupé à la faux, un jour sur deux pour le faire sécher et l’entasser en petits tas, les cluches. Et s’il pleuvait, il fallait vite le rentrer en courant sur des terrains en escaliers.

On vivait de la production de polyculture (céréales, betteraves pour la sucrerie d’Orange, lavandin, pommes de terre, vigne) et du petit élevage (basse-cour, lapins, deux ou trois cochons, quelques chèvres ou moutons) de la ferme. On cultivait aussi des betteraves vertes qui servaient à engraisser les cochons en hiver. Dans le quartier du Levant, il y avait seize vaches dont onze chez Pierre Viel, une chez Marius Guérin, deux chez M. Boisse. Il y avait souvent aussi un cheval, un mulet (grand mulet du Poitou), et un ou plusieurs boeufs. À l’étable, ceux-ci étaient âgés en moyenne de 3 ou 4 ans. Le maquignon passait échanger des petits veaux d’un an, dressés pour l’attelage, contre les boeufs plus âgés, bons pour la viande. Les hommes nourrissaient chevaux, vaches, brebis tandis que les femmes nourrissaient lapins, poules et cochons.

Dès le plus jeune âge, les femmes étaient au travail, et même quelquefois au détriment de l’école… Elles se levaient tôt, comme les hommes, au lever du soleil (l’électricité arriva en 1928 à Puygiron) et préparaient le café à partir des grains qu’elles moulaient. Elles allumaient le feu dans la cuisinière, ou la cheminée, allaient au puits chercher l’eau, et faisaient un rapide ménage avant de préparer les enfants pour l’école. Elles mettaient en place le repas pour midi avec les pommes de terre et les légumes du potager en laissant mijoter la marmite sur le bord de la cuisinière. Puis, elles allaient traire et nourrir les brebis dont elles utilisaient le lait pour faire les tommes. Le lait ne pouvait pas se conserver longtemps car il n’y avait pas de réfrigérateur… Elles allaient nourrir les lapins : le matin avec du fourrage sec, et l’après-midi, avec de la luzerne ou de l’herbe ramassée dans les champs. Elles donnaient aussi le grain à la basse-cour. Il fallait penser à changer le fumier des clapiers, de la porcherie, et de l’étable, une fois par semaine. L’après-midi, les femmes emmenaient le troupeau de chèvres ou de moutons dans les champs et les bois. Monette Viel apportait le lait le soir, à bicyclette, jusqu’au transformateur du croisement de la route d’Espeluche où l’attendait le camion de la coopérative… Les Puygironnais venaient chercher, à la ferme Viel ou Almoric, le lait, le matin ou le soir, avec leur petit pot en fer-blanc ou plus tard, leur bouteille. Se vendait aussi à la ferme Viel, un peu de vin ordinaire.

Les femmes devaient nourrir aussi les saisonniers de passage à la ferme … Chaque année, fin avril, on faisait venir des émarieurs d’Ardèche. Leur béret vissé sur le crâne, ils séparaient les graines germées des betteraves.

Ils travaillaient 10 heures par jour et couchaient à la ferme. Monette se souvient qu’un après-midi, elle avait préparé des châtaignes et les avaient proposées aux Ardéchois... mais ces derniers avaient refusé, quelque peu offusqués, car « les marrons, en Ardèche, on les donne aux cochons ! » Pour battre le blé, Monette se rappelle que 16 ouvriers restaient pendant deux jours. Après leur dur labeur, ils se lavaient dans le bassin de la ferme, et malgré la fatigue, ils riaient et chantaient toute la soirée…

La grande lessive se faisait, en général, tous les quinze jours. Le linge blanc était mis à tremper dans de l’eau très chaude pour le décrasser. Parfois, pour le faire blanchir, on le passait dans la cendre et le mettait à bouillir dans la lessiveuse. Pour le rinçage, on allait au Jabron, en portant la lessiveuse avec la brouette (ou on se servait du bassin de la ferme). L’eau courante n’est arrivée à Puygiron qu’en 1952. Pour faire la vaisselle, on n’utilisait pas de détergent et surtout, on gardait l’eau grasse pour la donner aux cochons. Pendant leur « temps libre », les femmes tricotaient des chaussettes, raccommodaient les vêtements de travail. Le dimanche, elles allaient à la messe et quelquefois elles rencontraient leur voisine devant une tasse de café. Elles allaient chercher le pain tous les deux jours chez le boulanger qui comptabilisait sur un cahier ce qu’elles apportaient en blé ou en farine. Elles se rendaient à la foire de Montélimar trois ou quatre fois par an, et à la fête du 15 août pour admirer le feu d’artifice…

La faucheuse mécanique arriva vers les années vingt… La lieuse coupait et faisait des gerbes ficelées par l’habilleuse. Les gerbes étaient ensuite regroupées en gerbiers, puis en grands gerbiers (jusqu’à 200 gerbes de foin) ou feniers pour l’orge et l’avoine. Puis apparut le semoir mécanique tiré par les mulets, « laissant de côté, le geste auguste du semeur » (je cite Pierre Laurent). Avant 1940, il y avait à Puygiron, deux ou trois tracteurs à pétrole. Pierre Viel acheta son premier tracteur à essence en 1948, « le petit gris », sur lequel Monette apprit à conduire ! La ferme Almoric avait aussi un vieux tracteur, mais qui marchait peu… Après 1948, on changeait de tracteur, en général, tous les 10 ans. Et les assurances protégèrent les agriculteurs à partir de 1952…

Tout le monde donnait un coup de main pour la moisson, les amis, la famille et les voisins… On faisait venir des entrepreneurs pour battre le blé avec leur moissonneuse : M. Béroule de la Bâtie-Rolland, M. Chaix de Montboucher. Pierre Viel fut le premier à investir dans une moissonneuse batteuse. On disait que cela cassait les grains, mais il était toujours le premier à aller de l’avant ! De grands sacs de 100 Kg se remplissaient. La batteuse crachait la paille. Et l’on faisait, et tout le monde savait le faire, des paillers bien pointus, bien serrés : autour d’un mât, on entassait la paille sur six ou sept mètres de haut. Les paillers pouvaient rester dehors. Comme la paille était bien serrée, seule la surface du pailler noircissait au fil des pluies, mais l’intérieur restait bien sec.

Vers les années 50, la révolution industrielle a fait éclater la cellule familiale : les jeunes sont partis travailler à la ville. Et nous sommes entrés dans l’ère de l’individualisme où chacun peut se croiser dans sa cage d’escalier, sa rue, et même dans son village, sans prêter attention à son voisin… Depuis 1953, tout a bien changé, aussi, pour les semences : beaucoup de nouvelles variétés sont nées, et bientôt les biocarburants vont apparaître…

 

Cet article a été rédigé à la suite d’un après-midi très agréable d’échange, de souvenirs et de fous rires, avec quelques anciens de Puygiron, à l’esprit encore si vif. Les photos m’ont été confiées par Jeanne Sauvan et Léa Guérin.

Merci tout particulièrement à vous, Jeanne, Monette et Pierre. Et je compte encore sur vous, pour la prochaine fois.

D. R.

Publié dans Le Giron n° 11 (janvier 2007)

 

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Le Giron

  • : legiron
  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

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Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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