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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 14:12

 

 

Pâques était une des fêtes religieuses les plus importantes et tous les paroissiens y étaient plus ou moins impliqués. Une semaine avant, c’était le dimanche des Rameaux. Le curé, au début de la messe, bénissait par famille, un rameau, en principe d’olivier. À Puygiron, faute d’olivier, c’était un rameau de buis qui était ensuite accroché dans la maison. Cette cérémonie existe encore. À la boulangerie, se vendaient des branches de buis sur lesquelles pendaient des pâtes de fruits. Les enfants en raffolaient ! La semaine suivant le dimanche des Rameaux était consacrée à la préparation des fêtes de Pâques et aux confessions.

On ne faisait pas la lessive pour se consacrer aux prières. D’abord, les jeunes filles et les femmes allaient se confesser le Jeudi Saint et cela prenait du temps… Avaient-elles plus à dire ? Les hommes aussi avaient leur jour de confession, le samedi, mais ils venaient moins nombreux…

Le dimanche de Pâques était vraiment une fête religieuse. Avant huit heures, il y avait une messe de communion, où l’on devait se rendre à jeun. On y rencontrait surtout les femmes, gardiennes de la religion. On prenait ensuite un petit casse-croûte, avant de se rendre à la grande et longue messe solennelle de Pâques vers dix heures trente. On ne communiait pas à la grande messe de Pâques qui était déjà très longue. Et l’après-midi, on allait « aux Vêpres ». À la grand’messe, le prêtre portait ses plus beaux ornements et officiait face à l’autel, tournant le dos aux paroissiens. Il y avait ce jour-là plusieurs enfants de chœur, des garçons vêtus d’un étole blanc et d’une soutane rouge... Derrière l’autel, les hommes répondaient en latin au curé. Autour de l’harmonium, chantaient femmes et jeunes filles. On se souvient de Madame Aymard, puis de Madame Dubourg accompagnant les cantiques à l’harmonium.

Les enfants étaient assis sur les premiers bancs et n’étaient pas dissipés comme aujourd’hui... À gauche de l’autel, dans la chapelle, se tenait la famille de Pontcharra qui entraient par la petite porte du clocher.

Chaque famille louait à l’année son banc dans l’église, qui était le plus souvent marqué à son nom.

Chacun avait donc sa place et gare au visiteur qui s’y installait par mégarde ! À Puygiron, vers les années 50, le Père Rouchon, quelque peu « révolutionnaire », avait voulu moderniser son église, et avait mélangé tous les bancs en les plaçant au milieu de l’église. Cela ne plut guère à tout le monde et l’essai ne dura qu’un temps… (moins d’une année, à ce que l’on dit… !). On se souvient aussi du froid dans l’église. On glissait dans ses poches avant de s’y rendre des petites pierres chaudes sorties du poêle, pour se réchauffer les mains. Ou on plaçait sous sa grande jupe une chaufferette, petite boîte métallique contenant des braises.

Les enfants étaient préparés au catéchisme. Les jours d’école, les enfants avaient « caté » dans l’église à 11h. 30. Ils apprenaient les prières : « Notre Père », « Je vous salue Marie », « Je crois en Dieu », l’acte de contrition… Ils se préparaient aux communions et confirmation. Pendant le mois de mai, mois de Marie, on disait ses prières tous les jours. Vers 9-10 ans, les enfants faisaient la « petite » communion et pouvaient se confesser et communier. Les enfants allaient se confesser avec les femmes. La confession était très angoissante… Le plus petit péché paraissait bien gros… Comment s’y retrouver sur les péchés véniels ? Le Jeudi Saint, le Père Rouchon réunissait douze enfants, correspondant au nombre des apôtres, et leur passait de l’eau sur les pieds. Certains s’en souviennent avec émotion…

On se rappelle aussi qu’à Puygiron, il y avait deux écoles : l’école libre et l’école laïque. L’école laïque se trouve toujours à la même place. L’école libre se situait dans la maison voisine de l’école laïque, celle de Monsieur Bentley, appelée encore « la maison de Tante Marie ». Juste un mur séparait les deux écoles. L’école privée disparut au tout début du siècle dernier.

C’est à Pâques, marquant aussi le début du printemps, que femmes et demoiselles étrennaient leur toilette d’été, robes colorées et fleuries. Les jeunes filles aimaient le vichy. À Puygiron, on faisait faire sa robe par Georgette Crumière, qui habitait au levant, au bord du Jabron. Plus tard, c’était Henria Chaix la couturière de Puygiron. Il fallait se rendre à l’église, tête et bras couverts. Les femmes portaient un chapeau de paille, avec quelques fleurs ou cerises. Cependant, les femmes à partir de 40 ans étaient très souvent habillées en noir ou en gris. L’âge avançant et perdant un parent, elles portaient le deuil. Et les périodes de deuil se succédaient sans fin… Monette Viel se souvient avoir longtemps porté une petite voilette noire pour aller à l’église, à la suite du décès de son papa.

Aujourd’hui encore, le dimanche de Pâques est une des journées d’affluence à l’église, et même si les bancs ne portent plus le nom de leurs propriétaires, les grandes familles puygironnaises s’y retrouvent avec plaisir, avant de déguster l’agneau pascal.

 

Je ne remercierai jamais assez les anciens de Puygiron qui nous font partager tous leurs souvenirs et me font passer à chaque fois un moment délicieux pendant lequel rires et émotions se succèdent… Merci à vous tous !

 D. R.

Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 17:18



Texte écrit et lu à l'église par ses enfants à l’occasion des funérailles de Nicole Lacroix à Lyon le 6 mai 2006.


Pour nous vous étiez « notre petite Mame », pour d’autres « Colo », « tante Nic » ou encore « Nicole » et j’en oublie certainement, tant vous aviez d’amis, avec pour chacun une histoire personnelle pleine d’amour et d’humanité.

Vous étiez une femme, féminine jusqu’au bout des ongles, digne et élégante, ce que nous appelons avec respect « une Dame ». Une dame qui plaçait avec courage, dynamisme et humour, sa condition humaine à la place souhaitée par son créateur. Ouverte sur le monde, sa beauté, ses mystères et sa réalité, ses misères parfois. Vous étiez toujours prête à voyager, à écouter, à entamer une relation avec qui que ce soit, pourvu qu’il ait du coeur. Oreille attentive, confidente, nous savions tous que nos « problèmes » ou nos misères ne vous étaient pas indifférents et que vous cherchiez inlassablement, sinon des solutions, en tous cas des mots consolateurs, réconfortants, stimulants. Vous aimiez tant la vie que vous vouliez la retransmettre à ceux qui en étaient fatigués.

Vous allez tant nous manquer. Vous étiez aussi chrétienne, très attachée aux principes fondamentaux et vivants de la foi, de l’espérance et de la charité. Votre foi était vivante, vibrante, humaine, ouverte sur les plus pauvres et les plus seuls. Et vous appréhendiez tant, vous-même, la solitude et l’espérance pure et sans concession qui vous habitait : vous nous disiez avec 1’humour qui masque la pudeur : « c’est forcément bien là-haut, auprès de Dieu, puisque personne n'en n’est jamais revenu mécontent ! Quant à votre charité, les témoignages d’amour qui nous reviennent aujourd’hui en sont la marque. Vous étiez aussi une mère attentive, obsédée par le bonheur de ses enfants, donnant et donnant sans cesse ni compter de son temps, de ses prières, de ses caresses.

Nous allons continuer à vivre en nous remémorant et en essayant de faire nôtres les valeurs que vous avez su nous transmettre. Vous avez retrouvé au ciel ceux que vous aimiez. Continuez à veiller sur nous tous, pendant que nous continuerons à penser à vous, à prier pour vous, à vous aimer. Vous étiez et vous restez une dame d’amour, auprès de Marie à qui vous allez certainement demander d’intercéder pour nous auprès de Jésus.

Merci, Merci, Merci et à bientôt, chère Mame.

 

Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 16:19

Le Giron demande aux Puygironnais expatriés de se rappeler à leurs concitoyens, en envoyant une lettre, une note, évoquant leur nouvelle situation.

 

Du chemin des chênes au détroit de Gibraltar… Bien plus qu’un raccourci, le chemin des chênes fut un chemin initiatique. Le lieu des premières confidences, des premières amours, je me souviens même de m’y être fiancé devant témoins. De ce chemin de vie, je garde un souvenir ému, une sensation de liberté. Bien des années plus tard, lorsque j’ai quitté la route toute tracée de mes études universitaires pour la production musicale, c’est ce même appel, ce raccourci, ce besoin de découvrir, qui m’a guidé.


De la musique à la radio il n’y a qu’un pas, mais, une fois encore, la curiosité, le goût du défi, m’ont poussé à reprendre des études de journalisme. Questionner, comprendre, rencontrer l’autre, les autres, leurs singularités, leurs ressemblances, ce besoin infini d’apprendre, je l’ai aussi trouvé chez ma femme Murièle. Ensemble avec notre petit Maël, nous avons décidé de quitter le Sud de la France, nos familles, nos amis, pour l’ailleurs, le Maroc et Tanger où nous vivons désormais. Léa y est née. Elle a sept ans aujourd’hui. Sa mère enseigne à l’école française, quant à moi je présente les journaux du matin sur Radio Méditerranée Internationale, radio bilingue, leader sur l’Afrique du Nord avec plus de vingt millions d’auditeurs chaque jour. Dois-je vraiment vous parler du Maroc, de ce royaume, si proche mais aussi si différent parfois. Un pays aujourd’hui en profonde mutation et qui s’ouvre, plus que jamais, aux millions de touristes avides d’Orient. Au-delà de l’exotisme, ici à Tanger, il y a une lumière, celle qui dépeint un carrefour géographique, culturel et religieux unique !

Une lumière que l’on retrouve dans tous les yeux de ceux dont les vies se croisent sur les bords du détroit de Gibraltar, Arabes, Français, Espagnols, Anglais, les langues se délient et les cœurs s’ouvrent ou se referment. Car dans l’ailleurs on s’y retrouve ou l’on s’y perd. Dieu merci, par-delà les embruns de l’Atlantique et de la Méditerranée, j’aperçois encore très distinctement le chemin des chênes de Puygiron.

Cyrille Arnoux

            Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 15:41
                                                                                                                           Aquarelle de Claudie Ridet

Depuis le début de l’aventure de notre association Le Giron, nous avons compris, au travers des courriers ou articles reçus, et des discussions engagées çà et là avec les habitants de la commune, que les Puygironnais sont attentifs à leur cadre de vie. Est-ce la beauté naturelle de ce site, choisi par nos ancêtres, souvent menacée par des agressions de la modernité (Top Semences, transformation de carrières en décharge, lotissements, parkings, etc…) qui a développé en chacun de nous une conscience, une sensibilité particulière ?

Quoi qu’il en soit, notre association s’inscrit de plus en plus dans une réflexion qui ne doit pas avoir de limites, aussi bien sur les sujets qu’elle aborde, que sur les personnes qui lui donnent vie… Il n’y a pas obligation d’être membre du Giron pour venir enrichir cette réflexion. Il faut tout simplement avoir le besoin, l’envie de faire partager une opinion sur un sujet qui vous tient à coeur. Il ne s’agit pas d’un parti politique, mais nous demandons à chacun d’apporter ses connaissances, ses expériences de façon à avoir une vue la plus large possible et la plus honnête des sujets traités. Ce journal doit être une tribune ouverte à tous ceux qui demandent la parole, sans oublier les associations qui n’ont pas toujours le support pour s’exprimer. Évidemment, il est aussi un droit de réponse.

Ces dix numéros édités nous ont appris à rester vigilants et nous incitent à plus d’implication dans la vie communale. Nous pensons qu’il est nécessaire que l’équipe municipale en place ait une vraie réflexion sur le devenir global de Puygiron, ce que doit devenir notre village. Devra-t-il évoluer en une commune dortoir de Montélimar et ses lotissements stéréotypés, en un site historique touristique et son commerce artisanal de mauvais goût, ou un lieu industriel d’extraction de matériaux et d’enfouissement de déchets …

Nous sentons bien là, un tournant de la vie et du développement du village, et les avis de tous sont intéressants et constructifs. Il est temps que les élus nous invitent tous à réfléchir à cette évolution inéluctable, et nos associations locales ne sont-elles pas le point d’appui idéal de cette concertation ? La Mairie doit voir en nous, des partenaires et non pas des ennemis, des empêcheurs de tourner en rond.

Les Puygironnais auront alors le sentiment que les choix des élus sont orientés dans l’intérêt public, et que cette transparence démocratique incitera chacun à plus d’implication dans la vie de la cité.

P. R.

                 Publié dans Le Giron n° 10 (juillet 2006)

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 16:58

L’association Puygiron, Nature et Environnement œuvre toujours pour informer et combattre toutes les actions qui pourraient nuire à notre belle commune. Après le succès de la journée de l’environnement du 12 juin 2005 (le rendez-vous de l’automne a été annulé car en période de chasse, nous avons jugé trop dangereux les abords des bois ; alors rendez-vous au printemps prochain !), nous luttons pour que la procédure de révision simplifiée du POS valant PLU en vue de l’extension de la carrière de M. Gilles soit arrêtée, car rappelons-le, le site est toujours en vue pour une future décharge de déchets ultimes (Pas aujourd’hui, mais demain ? Suite à l’enquête publique, le commissaire enquêteur vient de rendre son rapport et déclare être favorable.

Le dossier est maintenant entre les mains des conseillers municipaux et de M. le Maire. L’association s’étonne de la partialité du rapport et tient à rappeler aux Puygironnais qu’après un manque de concertation préalable, après la dégradation des maisons riveraines, les nuisances sonores, le trafic des camions, nous oeuvrons pour la protection du captage d’eau de la Vesque, pour la protection de l’environnement de notre petite commune menacée. Soyons tous vigilants et rappelons à nos élus que notre association n’a qu’un but : préserver la commune de projets de cette sorte. Votre soutien est précieux dans la réussite de notre combat pour un meilleur avenir.

                                                                                        D. J. et G. T.

           Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 11:23



Dans les bois de Puygiron, il est parfois des rencontres étonnantes, ou même insolites. Après une journée de chasse ordinaire, Mme Del Vito vit son regard attiré par un étrange objet, posé là sur le sol dans un fourré, d'apparence lisse, à la couleur blanche. Il semblait tout droit sorti d'un film de science-fiction...

Mais non ! Je pense que beaucoup ont reconnu l'espèce commune de champignon appelé vesse-de-loup, souvent disproportionné et à l'allure d'une poire retournée. La nature nous réserve de drôles de surprises... anormales ou étranges ?

À vous de juger !

                                                                                          G. T.

Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)

 

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 10:44

Notre société contemporaine est essentiellement axée sur la vitesse, l’évolution technologique poussant chaque jour tout le monde à vouloir faire plus et plus vite. Rapidité et manque de temps sont les maux « courants » d’aujourd’hui. Les gens s’épuisent, mais « où courent-ils ? », demande Raymond Devos ! Après l’argent, après le temps, car le temps c’est de l’argent dans un monde où la mobilité et l’hyperactivité sont les vertus avérées. Sommes-nous donc des « urgentistes » de tous les instants, consommant, grignotant, dévorant des bouts de temps ? Sommes-nous plus heureux pour autant ?… Pas forcément ! S’opposer à la vitesse, c’est imposer un mode de vie qui ne soit asservi à aucun but précis ; c’est accepter de perdre le temps pour exister pleinement, pour une plus grande disponibilité de l’âme, d’écoute et de compréhension des individus, de tolérance dans le monde.

Pierre Sansot* se veut notre guide : il nous invite à faire l’éloge de la lenteur, à retrouver et apprécier les joies de l’école buissonnière, de l’enfant flâneur qui « parcourait les prés, dénicheur d’oiseaux, maraudeur d’images, laveur de chiffres, troubleur de sources, effaceur de mots, amateur de nuages, querelleur d’épouvantails, coureur de poules, aboyeur de chiens, inventeur de raccourcis », et qu’on punissait impitoyablement parce qu’il était « acteur » de son temps, libre de sa vie et heureux tout simplement.

C. V.

 * Du bon usage de la lenteur, Pierre Sansot, 1998.

 

Où courent-ils ?

(En hommage à Raymond Devos)

Excusez-moi, je suis un peu essoufflé ! Je viens de traverser une ville où tout le monde courait... Je ne peux pas vous dire laquelle... Je l'ai traversée en courant. Lorsque j'y suis entré, je marchais normalement, mais quand j'ai vu que tout le monde courait. Je me suis mis à courir comme tout le monde sans raison !

À un moment je courais au coude à coude avec un monsieur... Je lui dis : "Dites-moi... pourquoi tous ces gens-là courent-ils comme des fous ?" Il me dit : "Parce qu'ils le sont !" Il me dit : "Vous êtes dans une ville de fous ici... vous n'êtes pas au courant." Je lui dis : "Si, Si, des bruits ont couru !" Il me dit : "Ils courent toujours !" Je lui dis : "Qu'est-ce qui fait courir tous ces fous ?" Il me dit : "Tout ! Tout ! Il y en a qui courent au plus pressé. D'autres qui courent après les honneurs... Celui-ci court pour la gloire... Celui-là court à sa perte !" Je lui dis : "Mais pourquoi courent-ils si vite ?" Il me dit : "Pour gagner du temps ! Comme le temps, c'est de l'argent, plus ils courent vite, plus ils en gagnent !" Je lui dis : "Mais où courent-ils ?" Il me dit : "A la banque ! Le temps de déposer l'argent qu'ils ont gagné sur un compte courant... et ils repartent toujours courant, en gagner d'autre !" Je lui dis : "Et le reste du temps ?" Il me dit : "Ils courent faire leurs courses... au marché !" Je lui dis : "Pourquoi font-ils leurs courses en courant.". Il me dit : "Je vous l'ai dit... parce qu'ils sont fous !" Je lui dis : "Ils pourraient tout aussi bien faire leur marché en marchant... tout en restant fous !" Il me dit : "On voit bien que vous ne les connaissez pas ! D'abord le fou n'aime pas la marche..." Je lui dis : "Pourquoi ?" Il me dit : "Parce qu'il la rate !" Je lui dis : "Pourtant, j'en vois un qui marche !?" Il me dit : "Oui, c'est un contestataire ! Il en avait assez de courir comme un fou. Alors il a organisé une marche de protestation !" Je lui dis : "Il n'a pas l'air d'être suivi ?" Il me dit : "Si, mais comme tous ceux qui le suivent courent, il est dépassé !" Je lui dis : "Et vous, peut-on savoir ce que vous faites dans cette ville ?" Il me dit : "Oui ! Moi j'expédie les affaires courantes. Parce que même ici, les affaires ne marchent pas !" Je lui dis : " Et où courez-vous là ?" Il me dit : "Je cours à la banque !" Je lui dis : "Ah !... Pour y déposer votre argent ?" Il me dit : "Non ! Pour le retirer ! Moi je ne suis pas fou !" Je lui dis : " Mais si vous n'êtes pas fou, pourquoi restez-vous dans une ville où tout le monde l'est ?" Il me dit : "Parce que j'y gagne un argent fou. C'est moi le banquier !                         

                                                                                

                Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 10:06



Toujours passionnés par le ballon rond… Nous retrouvons nos trois jeunes Puygironnais, fidèles aux postes d’arrière pour Martin Rault, milieu de terrain pour Bastien Hilaire et attaquant pour Etienne Jean. Ils évoluent au sein de l’équipe des moins de treize ans du CS Bâtisien-Bégudien en entente avec l‘ALEP Montboucher.

                                                                                                                P. J.

                  Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 15:49

 

C’est le projet porté entre autres par Mme Colette Salvador, M. Pierre Laurent et leur comité de soutien, s’inspirant de réalisations du Nord et du Centre de la France. Il s’agit de la construction de 10 à 15 logements locatifs de 45 m2 de superficie avec un petit jardinet de 20 à 30 m2, réalisés en rez-de- chaussée sur un terrain de 4.000 à 5.000 m2 (espaces parking et boules). Ces logements peuvent être réalisés avec des crédits pour habitats sociaux et bénéficieraient de loyers avantageux et, selon le cas, de l’Aide Personnalisée au Logement (A.P.L.). Ils seront destinés à des personnes âgées non dépendantes, isolées du fait de la dispersion des familles. Ils évitent dans de nombreux cas la maison de retraite très chère et déprimante. Un ou deux logements pour handicapés peuvent être envisagés (nous pensons très fort à Lisbeth Meyer…).

Dans ce hameau sera créé un foyer qui permettra de se rencontrer sans être toujours chez les uns et les autres. Ce foyer sera ouvert à toute la population âgée du village et animé par une équipe de bénévoles. Il évitera de faire de ce hameau un endroit à part, un ghetto… Une petite pièce annexe facilitera la venue d’aide extérieure (assistante sociale, kiné, pédicure et coiffeur). Des commerçants ont déjà été contactés et pourront livrer pain, petite épicerie, produits congelés… Le regroupement des personnes dans ce hameau facilitera aussi l’organisation du travail de personnes extérieures comme les aides ménagères, les soignants…


                 Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 11:23

 

La porte de la maison s’est ouverte et Jeanne Sauvan, une des doyennes de Puygiron, pose sur nous son regard à la fois serein et gai. Cette gaîté intérieure ne cessera de mettre de la lumière sur son visage pendant tout notre entretien. On n’imagine pas qu’elle fêtera l’année prochaine ses quatre vingt dix ans tant elle irradie la jeunesse et l’humour. Son ami au poil roux, Voyou, a sauté sur ses genoux. Chaton ramassé dans le fossé, il ne la quitte pas et elle lui rend bien son affection.

On découvre quand elle se lève, un handicap qu’elle tient d’une ancienne poliomyélite mal soignée pendant sa jeunesse. Déjà à vingt et quelques années elle a dû affronter la terrible maladie alors qu’elle attendait son premier enfant. Courageuse, endurante, elle s’est battue et affirme : « J’aimais et j’aime la vie. J’ai voulu remarcher et je me suis rééduquée seule, par le travail. » Dans sa bouche ces mots prennent toute leur force.

Car rien de doux dans le cadre rude de la vie paysanne du début du vingtième siècle. Mais elle en a retenu la saveur, le naturel. De l’Ardèche, à Berzème où elle passe les premières années d’enfance elle garde en mémoire la neige, l’hiver, la longue route de l’école, une heure de marche à faire en galoches de bois, avec la pèlerine où le vent s’engouffre. Ce sont aussi les rituels de la chasse, et tout ce qui concerne l’économie domestique. On ne gaspille rien. Elle égraine les mots et derrière son récit on sent le respect de la nature, de ce qui sort des mains de la mère qui cuisine, les fromages qui sèchent, les pommes cuisant dans l’âtre, point de chaleur de la maison, les noix que l’on remue avec le râteau sur le plancher du grenier pour qu’elles sèchent bien, le miel, la cire que l’on donne à mâcher aux enfants comme friandise. « On vivait bien » Elle le répète plusieurs fois. Et ce bien vivre là n’a rien à voir avec le bien vivre d’aujourd’hui. Solitude du village loin des centres commerciaux, simplicité du quotidien, convivialité des échanges avec les voisins, avec le marchand ambulant qui passe. « Tenez, le coquetier, je m’en souviens, il ramassait les œufs, les peaux de lapins… » Et ceci sera vrai aussi plus tard quand les parents quittent l’Ardèche pour s’installer à Puygiron dans la grande bâtisse encore occupée aujourd’hui par la famille. Même vie en cercle clos, au rythme des saisons, des durs travaux sans machines, seulement avec les bêtes, les bœufs, les chevaux, la bêche, la pioche. « On s’entraidait beaucoup, on vivait entre nous, les filles et les garçons n’allaient pas se chercher bien loin… la jeunesse trouvait du travail à l’usine Lacroix, l’usine de moulinage et la minoterie. Et les fêtes ! Avec trois papillotes et une orange à Noël, nous, les enfants on était contents ». Pas de radio, c’est venu plus tard, pas beaucoup d’informations sur le monde. « On a eu la radio en 1950 quand on a quitté le village. On n’avait pas de nouvelles d’ailleurs mais quelle attention au monde alentour. »

« Je n’oublierai jamais les moissons, la vraie fête de se retrouver autour de la moissonneuse batteuse, de faire un bon repas avec les voisins. On connaissait tout le monde. »

La vie a changé très vite, Jeanne le constate mais sans regret inutile du passé et sans complaisance pour le nouveau monde. Elle a évolué avec son temps, s’adaptant, sans perdre la mémoire de toute une vie près de la nature et des hommes, des femmes qui comme elle savaient apprécier ce qui arrivait de bon, de beau car c’était le plus souvent le fruit d’un travail énorme, de sacrifices, d’efforts. Elle relativise l’apport de la modernité mais mesure aussi le progrès qui épargne les forces physiques, met les connaissances et la médecine au service des hommes.

Quelle sagesse dans son analyse du présent. Le désenclavement de la micro société où elle vivait, elle le lit déjà dans la composition de sa propre famille, de sa descendance. « Autrefois on était entre nous, de la même région, du même pays, aujourd’hui le monde s’ouvre, j’ai une petite fille d’origine algérienne, un portugais est aussi entré dans la famille. Je regarde le cœur des gens, pas leur origine. ». Que ses nombreux arrière-petits-enfants profitent de l’intelligence et de l’humanité de leur aïeule pour grandir dans le même esprit de tolérance, de curiosité pour l’avenir, avec la mémoire d’un passé sans mésalliance avec la nature, où bruissent tant d’échos émouvants pour nous tous.

                                                                            

                                                                                        N. P.

Publié dans Le Giron n° 9 (janvier 2006)

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Le Giron

  • : legiron
  • : Ensemble d'informations, de textes et d'images publiés par un groupe d'habitants du village de Puygiron dans la Drôme.
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L'association

                L'association "Le Giron" a été créée le 24 septembre 2001 et a mis fin à ses activités en juillet 2013. Elle avait pour objectif de favoriser la rencontre et le dialogue entre les habitants de la commune afin de réfléchir ensemble à l'évolution de leur cadre de vie.
       Au cours de ses douze ans d'existence elle a atteint ses objectifs, donnant la parole aux "anciens", pour sauvegarder la mémoire du passé et même temps ouvert un dialogue avec les idées porteuses d'un avenir ouvert sur l'humanisme, l'écologie, la protection de la Nature, et bien sûr "l'autre", celui qui existe au-delà des frontières de notre pays. Elle a publié vingt et un numéros du "Giron" distribués gratuitement sur le territoire de la commune de Puygiron et au-delà, créé une bibliothèque de prêt. "Le Giron a été déposé à la Bibliothèque nationale.
       Le blog du "Giron" continue et reste ouvert à la contribution de ses anciens animateurs pour que vive son esprit et sa philosophie.

Recherche

Le Giron, bulletin semestriel

Un bulletin pour quoi faire ? Pour se rassembler le temps d’une lecture, se dire qu’on fait partie d’un village et qu’on a des intérêts, des souvenirs, des projets communs. Pour donner envie aux gens de réfléchir à ce qui se passe autour d’eux, à parler à leur tour car seul le dialogue fait avancer le monde.

Le village perché de Puygiron

                                                               Aquarelle de Morice Viel

Belvédère de la Drôme provençale, situé sur un mamelon dominant le Jabron et la plaine de la Valdaine, offrant un très beau point de vue. Au hasard des ruelles, on admirera portes et fenêtres encadrées de pierres sculptées. Le premier village médiéval était situé à Saint-Bonnet, près du prieuré carolingien, sur le site d’une villa gallo-romaine. Ce premier village fut abandonné au XIIIe siècle et les habitants se réfugièrent sur « le puy » sous la protection du château.

Le château : construit fin XIIe / début XIIIe siècle, construction rectangulaire flanquée de quatre tours, l’une d’elles formant donjon. À proximité, la salle des gardes, avec une énorme cheminée et des voûtes retombant sur un énorme pilier central. Une cour intérieure avec une tour Renaissance hexagonale possédant une porte ogivale et escalier à vis. Le château a été classé monument historique en 1957.

L’église, de style roman, construite en 1867. La chapelle romane Saint-Bonnet : datée du XIIe siècle, église paroissiale jusqu’en 1770, elle présente une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four, un chœur surélevé, une nef unique de trois travées, un escalier à vis qui conduisait à un clocher aujourd’hui disparu. La pierre de Puygiron a été exploitée jusqu’en 1914.

Puygiron a eu son chantre, le félibre Morice Viel (1881 - 1929).

D'après Jeannine Laurent (Etudes drômoises, n° 3, année 2000, p. 41)

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